Le devoir de mentir aux Algériens pour l’absolution de Bouteflika !

Le devoir de mentir aux Algériens pour l’absolution de Bouteflika !

Ah qu’il aurait aimé, l’Algérien, comprendre la genèse de cette crise économique avant de la subir, comprendre comment on en est arrivé là, comprendre ce qui a pu arriver à ce pays qui s’enorgueillissait d’être la 34e Nation la plus riche de la terre et que l’on voit, aujourd’hui compter ses sous et trembler devant la menace de la précarité et celle d’une rue en colère.

Mais qui songe à l’informer, parmi les officiels absorbés par le devoir de mentir et une opposition convertie à l’apologie de la contre-vérité ? Comme s’il ne suffisait pas des mensonges de nos dirigeants, Mme, Louisa Hanoune, que décidément rien ne décourage, juge subtil d’ajouter sa part de confusion, augmentant le trouble dans les esprits, jurant, sur la foi d’une « discussion privée » avec le président de la République début 2014, que Bouteflika n’est pour rien dans l’arrestation du général Hassan.

« Le Président m’a dit que ce général est propre, honnête et patriote. Il a assuré que le dossier était définitivement classé », a-t-elle déclaré aux journalistes sur ce ton affirmatif et sans appel que savent prendre les politiciens faussement ingénus, un peu comme si ce besoin de croire aux simulacres présidentiels devait justifier ses propres simulacres.

Pour préserver les avantages politiques octroyés par la démocratie travestie, quelques sièges dans une Assemblée croupion, Mme Hanoune ose le pari de disculper le chef de l’État pour ne s’en prendre qu’à « une bande de malfaiteurs, Chakib Khelil and Co », pendant qu’à l’opposé, le sieur Saâdani, chef du FLN, entreprend d’absoudre l’ancien ministre de l’Énergie, « l’un des cadres les plus intègres et le plus compétent de l’Algérie ».

À l’Algérien de démêler l’écheveau. À lui de saisir par quel miracle un président qui a fait appel à son ami de jeunesse, Chakib Khelil, pour lui confier le pétrole, qui lui a créé les conditions d’une gestion opaque, personnelle et non-transparente, en limogeant le directeur de Sonatrach, Nazim Zouiouèche, un cadre compétent et fidèle à l’entreprise depuis trois décennies, en laissant l’entreprise sans direction et en n’hésitant pas à dissoudre, de facto, le Conseil national de l’énergie, institution créée en 1995 sous la présidence de Zeroual et qu’il ne convoquera pas une seule fois en 16 ans de règne, comment un tel président pourrait être innocent de la gabegie qui a suivi et de l’impasse dans laquelle se trouve l’Algérie.

C’est ainsi que la contrevérité, érigée en pratique politique pour des raisons qu’on croit supérieures, a empêché une lecture claire de la politique algérienne sous Bouteflika, entretenu la confusion, alimenté les illusions, nourri les clichés… et conforté les malfrats de tous genres.

Pendant que Mesdames Hanoune et Toumi jouaient aux amantes du Pouvoir, soucieuses seulement d’être admises dans l’intimité du Prince, pendant qu’on collaborait avec un régime sans grande légitimité et qu’on lavait le chef de l’État de toute responsabilité, pendant qu’on empêchait de voir la cohérence d’une gestion mafieuse du pays, des affairistes s’installaient au cœur du pouvoir et l’ordre des choses se bouleversait : le chef terroriste, promu « acteur de la société civile » devenait l’invité des démocrates à la « Conférence nationale de transition démocratique » et l’officier qui le combattait se retrouve en prison.

Il y a plusieurs façons d’accompagner une Nation dans le rabaissement. Se mentir en est l’une des plus redoutables.