Déjà plusieurs morts en Tunisie et en Algérie…
Un vent de révolte souffle sur le Maghreb. Alors que les autorités tunisiennes évoquaient quatorze morts dimanche soir, l’opposition en comptait au moins vingt en vingt-quatre heures à la mi-journée. Et les émeutes se poursuivent aussi en Algérie. Depuis mercredi, le pays se soulève contre la coût de la vie et le chômage. Cinq personnes y ont déjà trouvé la mort depuis le début des émeutes, le 5 janvier.
«Les jeunes expriment leur ras-le-bol»
En Tunisie, tout a commencé à Sidi Bouzid avec l’immolation d’un jeune, le 17 décembre. «Un geste qui témoigne du désespoir de la jeunesse, explique la Tunisienne Khadija Chérif, secrétaire générale de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme. Exclus du développement, les jeunes expriment leur ras-le-bol.» Un désespoir commun qui a créé une solidarité dans tout le pays. Et même au-delà. Car les jeunes Algériens ont suivi, provoquant les premières émeutes de masse depuis 1988.
«Chape de plomb» de Bouteflika en Algérie, «refus de toute voix dissidente» dans la Tunisie de Ben Ali… « Ajoutez à l’absence de liberté la hausse des prix et le népotisme, et vous obtenez des émeutes », analyse Selma Belaala, chercheuse à l’université de Warwick au Royaume-Uni. Une différence pourtant.
En Tunisie, «malgré la peur, la population exprime le souhait de voir partir Ben Ali», souligne Radhia Nasraoui, avocate et militante des droits de l’homme. D’où la répression du pouvoir tunisien, contre une gestion plus politique en Algérie, avec notamment, dimanche, des annonces de suppression de taxes.
Quant à l’issue possible, Selma Belaala n’en voit pas. «Les régimes sont installés et ont fait le vide. Il n’y a pas d’alternative.» Khadija Chérif, elle, espère encore qu’« un vrai débat » puisse changer les choses en Tunisie, «car l’avenir du pays se joue aujourd’hui».