Le plus fort séisme jamais enregistré dans la région de Port-au-Prince, d’une magnitude préliminaire de 7,0 à l’échelle de Richter, a frappé Haïti mardi après-midi, provoquant notamment l’effondrement d’un hôpital à Pétionville et un « désastre total », selon un responsable des services de secours.
Les moyens de communications ont été fortement perturbés, rendant difficile d’évaluer l’ampleur des dommages alors que de puissantes répliques sismiques continuaient de secouer un pays désespérément pauvre. Des pannes d’électricité ont été signalées à plusieurs endroits.
Karel Zelenka, un représentant des Services de secours catholiques dans la capitale de Port-au-Prince, a déclaré à des collègues américains, avant que le service téléphonique ne tombe en panne, que le séisme « aura sûrement causé des milliers de morts ».
Selon Sara Fajardo, une porte-parole du groupe de secours, M. Zelenka a rapporté que le chaos régnait dans la capitale, qui était enveloppée de nuages de poussière.
Selon l’institut géologique américain (USGS), l’épicentre de la secousse était situé à environ 15 km à l’ouest de la capitale Port-au-Prince et à 8 km de profondeur.
Dans l’heure qui a suivi la première secousse, une série de puissantes répliques ont été enregistrées, les deux principales d’une magnitude de 5,9 et 5,5, selon Don Blakeman, de l’USGS dans le Colorado. « Nous nous attendons à encore d’autres répliques, parce que c’est un séisme important, et peu profond », a-t-il dit.
« Je crois que nous allons avoir des dégâts et victimes substantiels », a-t-il ajouté.
Un journaliste d’AP a vu les décombres de l’hôpital de Pétionville, près de Port-au-Prince, alors qu’un officiel américain en visite disait de son côté avoir vu des maisons effondrées dans un ravin.
« Tout le monde est totalement terrifié et sous le choc », a raconté Henry Bahn, du ministère américain de l’Agriculture, « le ciel est gris de poussière ». Il marchait dans la rue quand la terre a tremblé: « j’ai continué à avancer, et je rebondissais contre les murs. J’ai juste entendu énormément de bruit, et des cris ».
Réactions canadiennes
En début de soirée, le ministère des Affaires étrangères du Canada, Lawrence Cannon, a déclaré que le gouvernement canadien était prêt à apporter toute l’aide nécessaire à Haïti, où quelque 6000 Canadiens résident.
M. Cannon a par ailleurs annoncé que l’ambassade canadienne avait dû être évacuée par mesure préventive, mais précisé que le personnel demeurait disponible.
La gouverneure générale Michaëlle Jean, elle-même d’origine haïtienne, a manifesté sa grande inquiétude après avoir pris connaissance des premiers rapports de la tragédie.
« Cette catastrophe naturelle frappe un pays où les infrastructures sont des plus fragiles, les constructions souvent précaires, les conditions de vie des plus difficiles, et je crains beaucoup pour sa population », a déclaré Mme Jean, dans un communiqué.
« Je tiens à ce que les Haïtiennes et les Haïtiens sachent qu’ils ne sont pas seuls et que la population canadienne saura répondre devant l’urgence », a-t-elle ajouté.
Le premier ministre Stephen Harper a lui aussi réagi et réitéré tout le soutien du Canada.
« Les Canadiens se préoccupent énormément des conséquences du séisme qui a frappé Haïti aujourd’hui (mardi)… Notre pays comprend une grande communauté de Canadiens d’origine haïtienne. Nos pensées et nos prières sont avec eux alors qu’ils veulent savoir si les être qui leur sont chers sont en sécurité. »
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, et le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ont également tenu à exprimer leur profonde sympathie au peuple haïtien et aux membres de la communauté haïtienne vivant au Québec.
« Je suis extrêmement soucieux pour la cinquantaine de policiers et policières de Montréal qui sont présentement en mission pour l’ONU en Haïti », a confié M. Tremblay.
Le maire de Montréal a également annoncé qu’un comité de mobilisation des Missions internationales du Service de police de la Ville de Montréal avait été mis en place afin de procéder à des vérifications sur la santé et le bien-être des employés montréalais en mission.
De son côté, M. Charest a dit s’être entretenu avec le consul général d’Haïti à Montréal, Pierre-Richard Casimir, pour lui faire savoir que le gouvernement du Québec serait à l’écoute des besoins des autorités haïtiennes.
République dominicaine et Cuba
Le tremblement de terre a été ressenti de l’autre côté de la frontière, en République dominicaine, qui partage avec Haïti l’île caraïbe d’Hispaniola. Il a déclenché la panique à Saint-Domingue la capitale, où des habitants affolés ont fui les bâtiments en train de trembler.
Il a aussi été ressenti à Cuba, déclenchant la panique parmi les habitants de la partie orientale de la grande île caraïbe.
« On l’a ressenti très fort, et longtemps, ont a eu le temps de descendre dans la rue », a expliqué Mgr Dionisio GarcDia, archevêque de Santiago de Cuba, l’un des endroits de Cuba les plus proches d’Haïti. On ne faisait en revanche pas état de dégâts à Cuba.
Selon un autre analyste de l’institut géologique américain, Dale Grant, il s’agit du séisme le plus important enregistré dans la région: le dernier fort tremblement de terre en Haïti remonte à 1984, et il avait une magnitude de 6,7.
Félix Augustin, le consul général d’Haïti à New York, a fait part de sa profonde inquiétude. « Les communications sont absolument impossibles », a-t-il déclaré. « J’ai essayé de joindre mon ministère, et ça ne passe pas ».