Dans certaines APC, on a assisté à des bagarres générales
Le siège de l’APC de Makouda était fermé, hier, par des jeunes. Ces derniers ont brûlé des pneus et barricadé la RN72 qui relie le chef-lieu de wilaya à Tigzirt.
Les mouvements de protestation contre l’installation des Assemblées issues des dernières élections locales se poursuivent à travers le pays. C’est le cas, à l’ouest du pays, notamment à Bousfer, dans la wilaya d’Oran et dans la commune de Ben Badis, à Sidi Bel Abbès. C’est également le cas des communes d’El Harrach et d’Alger-Centre. Mais, c’est dans la wilaya de Tizi Ouzou que les choses ont pris une tournure plus «sérieuse». En effet, à quelques heures de l’expiration des délais de l’installation des Assemblées populaires communales, des actions de protestation sont signalées dans plusieurs communes, essentiellement au versant Nord de la wilaya, connu pour être le traditionnel fief du RCD. C’est encore une fois la «guéguerre» qui reprend entre les deux frères-ennemis, le RCD et le FFS. L’un reproche à l’autre, d’avantager d’autres formations politiques, qui jusque-là n’avaient aucune assise dans la wilaya. En fait, le protocole d’accord signé entre le FFS, le RND et le FLN continue de susciter des remous à travers plusieurs sections. Des considérations purement locales influent sur les élus qui sont confrontés à un dilemme, celui d’obéir aux instructions ou faire cavalier seul au risque de subir les sanctions du parti. Hier, à Makouda, le siège de la mairie était encore fermé par des jeunes qui refusaient de voir un autre élu s’installer à l’APC autre que celui qu’ils ont élu. Ces derniers ont brûlé des pneus et barricadé la RN72 qui relie le chef-lieu de wilaya à Tigzirt. Les jeunes manifestants justifiaient leur colère par le procédé d’installation des assemblées, par lequel leur élu du RCD, ayant obtenu la majorité relative, a été écarté. En fait, le manque d’explications et la mauvaise interprétation des lois ont laissé les populations dans l’ignorance totale. Livrée à eux-mêmes, les citoyens ne comprenaient pas les procédés d’installation. La situation de confusion prévaut également à Tigzirt où le maire n’a toujours pas pu être installé à cause d’une majorité contestée. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le siège de la commune pour empêcher la délégation de procéder à l’installation de l’assemblée. Pour le reste des communes, l’installation traîne encore à l’instar de Boudjima où les deux précédents déplacements sur les lieux du chef de daïra n’ont pu aplanir le litige qui oppose le RCD au RND. Si les choses évoluent selon les rapports de force en place, la commune s’achemine droit vers le blocage. Jusqu’à hier dans l’après-midi, la situation de confusion se poursuivait encore, alors que les élus du FFS ont refusé de participer à l’opération de vote. Ces derniers justifiaient leur décision par les conditions d’insécurité qui régnaient devant le chef-lieu de cette commune. Aussi, d’aucuns pensent que cette élection se singularise par le flou qui entoure les procédés d’installation. Les témoignages recueillis auprès des citoyens de toutes catégories convergent vers la difficulté de lire et de comprendre les lois. A travers toutes les places publiques des villages, les discussions tournent autour de ces installations de maires où des majorités sont éliminées par des coalitions de listes minoritaires. Par ailleurs, un autre élément s’est introduit dans la donne. Le vote à bulletin secret a favorisé l’émergence de voix secrètes qui font la différence. Celles-ci sont marquées par la suspicion générale. Des doutes de corruption s’installent de plus en plus à propos de ces gens qui faussent le pas à leurs partis pour élire un autre maire. Les exemples se multiplient hélas et la tendance se propage. Ce fait, affirment certains connaisseurs du domaine, risque de jeter le discrédit sur les futures assemblées. Les citoyens voient mal un élu qui abandonne ses camarades pour se joindre à une autre liste et penser à son bien. Enfin, à l’instar des autres wilayas du pays, Tizi Ouzou connaît actuellement une situation confuse. Une confusion due essentiellement au mode opératoire d’installation des APC. Cette situation n’a, toutefois, pas empêché d’autres assemblées d’être installées. La mairie de Tizi Ouzou, après un flottement entre le FFS et le RCD, est revenue enfin au maire qui a bénéficié d’une mystérieuse voix qui a fait la différence. Au niveau de l’Assemblée populaire de wilaya, les choses n’ont pas été difficiles vu que la majorité permettait au parti d’Aït Ahmed de remporter le duel qui l’opposait au RCD sans grande difficulté. Celle-ci a été installée dans le calme. A quelques heures de l’expiration du délai fixé au 13 du mois en cours (aujourd’hui), plusieurs communes s’acheminent vers le blocage. Malgré le forcing de ces derniers jours du RCD pour se réapproprier les assemblées perdues, la tendance demeure difficile à infléchir. La majeure partie des communes sont revenues au FFS alors que le parti de Mohcen Bellabès n’a, à son actif, que 10 assemblées. Aussi, le périmètre des émeutes risquerait de s’élargir à d’autres communes avec les dangers que cela suppose.
