Les déplacements « urgents » aux frontières de différents généraux de l’ANP témoignent de l’intensité de la menace qui plane sur la sécurité du pays.
Depuis 2015, plus d’une soixantaine de sorties de ces officiers ont été enregistrées, dans ce cadre, en direction du sud et de l’est du pays, à cause des alertes signalées aux frontières notamment de la Libye, de la Tunisie et du Mali.
La menace des groupes armés de l’État islamique et d’Al Qaïda au Maghreb islamique semble, en effet, être prise au sérieux, d’autant que des découvertes successives et récentes d’armes lourdes sur ces frontières laissent craindre quelque nouvelle tentative d’attaque sanglante, à l’exemple de celle qui a récemment frappé une base Sonatrach de Djanet.
C’est surtout du côté libyen, où pullulent des milliers de djihadistes lourdement armés de Daech, que la plus grande inquiétude se forme non sans raison.
Les bandes djihadistes y sont toujours très actives, en se signalant toujours par leurs pires excès : exécutions sommaires, enlèvements et tueries de masse se poursuivent avec tant de sauvagerie que le monde entier s’interroge sur le retard pris pour le lancement d’une intervention internationale armée, seule susceptible de venir à bout des barbares qui ont mis le pays en coupe réglée.
Occupant principalement les villes de Syrte, de Derna et autres, ces derniers qui ambitionnent de se saisir des puits pétroliers, tant indispensables pour leur fournir les fonds nécessaires pour leur survie, maintenant qu’ils sont sur le point d’être définitivement chassés d’Irak et de Syrie, donnent en même temps de gros soucis à la Tunisie voisine, au Mali, mais aussi à notre pays, qui a déjà pris, laisse-t-on entendre, les devants depuis le massacre de Djanet.
C’est donc dans le cadre du dispositif mis au point pour répondre à cette lourde menace, relevée également, de son côté, par Nourredine Bédoui, ministre de l’Intérieur, à l’issue de sa visite de décembre dernier au sud-ouest, à l’extrême sud et dans le Constantinois, que s’inscrivent ces différentes missions de généraux, appelés, chacun de leur côté, à vérifier le côté opérationnel dont ils détiennent des parts respectives de responsabilité.
300 postes avancés jalonnent en effet cette longue bande frontalière nous séparant de la Libye, qui ne peut souffrir désormais d’aucune espèce de porosité.
Des enfants enrôlés par les terroristes à la frontière algéro-tunisienne
Le second problème préoccupant tient au fait que les milliers de djihadistes, originaires de l’Afrique du Nord et fuyant la Syrie d’où ils sont chassés, en viennent à se regrouper dans la subdivision de
Daech opérant dans les zones frontalières sensibles comme celles de Taleb el Arbi et Ras el Ma, du côté tunisien. Non seulement, ils y trouvent un terreau propice, vu les conditions sociales très dégradées des populations qui y vivent, pour multiplier considérablement leurs forces, mais ils rapprocheront davantage de nos cités la menace qui restait jusqu’ici relativement lointaine.
D’ailleurs, tout le monde garde en mémoire les infiltrations de salafistes tunisiens opérées à partir de ces lieux pour venir à la rescousse des différentes structures islamistes qui avaient endeuillé notre pays durant la décennie quatre-vingt-dix.