Le creusement continu du déficit de la balance commerciale de l’Algérie — solde de ses ventes et achats avec le reste du monde — devient un problème structurel, malgré les restrictions imposées à l’importation, ont estimé hier des experts en économie cités par l’APS.
La dégradation du solde commercial de l’Algérie durant le premier semestre de l’année en cours était prévisible et est surtout liée à la nature même de la structure de l’économie nationale, marquée par l’absence de moteurs de croissance des exportations hors hydrocarbures, s’accordent ainsi à dire ces économistes, en mettant en évidence l’inefficacité des barrières administratives et douanières imposées au commerce extérieur. L’aggravation du déséquilibre de la balance commerciale de l’Algérie durant les six premiers mois de 2019 est “structurelle” et s’inscrit plus globalement sur plus d’une décennie, analyse en ce sens l’expert en économie, Mustapha Mekidèche, ajoutant que l’absence de nouveaux moteurs de croissance, conjuguée à l’instabilité du marché pétrolier, ont mené l’Algérie tout droit vers cette situation.
Pour en sortir, a-t-il plaidé, l’Algérie devrait s’orienter vers une politique de diversification “significative” de son économie, en relançant surtout le secteur industriel. “Tant que l’on n’aura pas réglé ce problème structurel, le déséquilibre du commerce extérieur va inévitablement s’aggraver”, avertit Mustapha Mekidèche, tout en estimant nécessaire de remettre à plat l’ensemble de la politique actuelle de ré-industrialisation de l’économie nationale, qui selon ses dires, “ne produit pas de ressources en devises pour le pays”. Bien au contraire, a-t-il observé, le modèle économique mis en place absorbe plus de devises et ne permet pas, en contrepartie, de positionner les produits locaux sur les marchés extérieurs.
De son côté, l’expert en économie, Smaïl Lalmas, explique que pour atténuer la dégradation de la balance commerciale du pays “on ne peut se limiter uniquement au contrôle des opérations d’importation et ignorer le développement de l’économie nationale”, qui passe, a-t-il dit, “inévitablement par la création d’entreprises et de richesses”. Pour ce faire, il est impératif d’encourager l’investissement productif et la création d’entreprises, mais aussi de renforcer la compétitivité des PME, affirme encore le même expert. Et de souligner en définitive que le déficit commercial enregistré durant le semestre écoulé démontre à quel point “tous les mécanismes et mesures mis en place pour réguler les importations et promouvoir les exportations hors hydrocarbures ont échoué”. À fin juin dernier, faut-il en effet le rappeler, le déficit commercial de l’Algérie s’est aggravé à 3,18 milliards de dollars, contre 2,84 milliards de dollars une année plus tôt, accélérant ainsi le déséquilibre de la balance des paiements et par conséquent l’érosion continue du matelas de devises dont dispose encore le pays.
Akli R.