Le débat sur les migrants relancé en Italie: Huit harraga toujours portés disparus au large de la Sardaigne

Le débat sur les migrants relancé en Italie: Huit harraga toujours portés disparus au large de la Sardaigne

Moncef Wafi

Le débat sur les migrants relancé en Italie: Huit harraga toujours portés disparus au large de la Sardaigne

  Partis des côtes est algériennes, probablement Annaba, jeudi dernier, l’aventure de treize harraga a tourné au drame. Le corps de deux d’entre eux, présumés âgés de 30 ans et 40 ans, ont été repêchés, l’un dans les eaux du Sulcis et le second, vers 9 h, samedi dernier, par un bateau de patrouille, à 4 km à l’ouest de l’île de Toro. De mauvaises considérations ont poussé dix des treize harraga à plonger du bateau en bois endommagé, au large de la côte de Sant’Antioco, dans la nuit de jeudi à vendredi.

Les trois autres, restés à bord, ont été sauvés, vendredi après-midi, à 16 milles du cap Sperone, après avoir donné l’alerte. Les opérations de recherches se poursuivent sous la coordination de la Garde côtière de Cagliari pour contrôler la zone située au sud de Sant’Antioco et les tronçons accessibles des îles de Toro, de la della Vacca et de l’îlot du Veau. Des patrouilleurs et des plongeurs de la Guardia di Finanza, de l’agence Frontex, un hélicoptère Nemo de l’armée de l’air et un avion Atr Manta participent aux recherches. Des carabiniers enquêtent également à terre pour retrouver la trace d’éventuels rescapés. Cette tragédie a été abondamment commentée par la presse régionale italienne et a donné l’occasion aux politiques sardes de revenir à l’abordage sur la question des migrants algériens. Filippo Spanu, conseiller aux affaires générales, chargé des flux migratoires, au Conseil régional de la Sardaigne, a réagi en indiquant que le trafic algérien, en cours depuis quatre ans, est très différent de celui de la Libye. Il a expliqué que c’est un trafic certainement géré par des criminels qui exploitent le désespoir des jeunes Algériens. Son analyse rejoint celle déjà exprimée par Mauro Pili, député et fondateur d’Unidos, le mouvement de libération du peuple sarde qui avait interpellé le ministère de l’Intérieur sur ce qu’il appelle «le nouveau débarquement criminel sur les côtes de Sulcis». «La route algérienne-Sulcis est de plus en plus la porte d’entrée des Algériens», en qualifiant le couloir maritime reliant l’Algérie à la Sardaigne.

«Ce trafic doit cesser», a notamment déclaré Pili qui affirmait que ces vagues d’immigration clandestine sont orchestrées par une organisation criminelle qui gère le passage de ces hommes. Pour Spanu, la responsabilité de Rome est engagée puisque, selon lui, la région a traité la situation avec des propositions et des actions concrètes, en consultant les municipalités. Cependant, il reconnait que ces propositions ne trouvent pas d’échos auprès du nouveau gouvernement. «Le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui se rendra dans les prochains jours sur l’île, n’a jamais officiellement répondu aux nombreuses demandes et propositions de la Région visant à enrayer et à combattre efficacement le phénomène de la traite des êtres humains en provenance d’Algérie», a-t-il encore ajouté. De son côté, Ugo Cappellacci, député et coordinateur régional de Forza Italia, a appelé le gouvernement à «regarder la réalité en face» et admettre que «ceux qui traversent la mer meurent souvent pour rechercher l’illusion d’un plus grand bien-être». Il rappelle, à cette occasion, les incessantes demandes faites pour «bloquer les départs sur la ligne Algérie-Sardaigne», tout en reconnaissant que «ces derniers mois, le gouvernement a accepté notre ordre du jour à ce sujet».

Pour lui, et pour plus de pragmatisme, il demande à ce que Rome organise «immédiatement une réunion avec les autorités algériennes pour arrêter les bateaux, pour les arrêter immédiatement sans attendre le prochain débarquement ou la prochaine tragédie».