Lundi passé, la Compagnie pétrolière Sonatrach a officiellement racheté le MC Alger pour redevenir le seul et unique actionnaire du club de la capitale. Il y a douze jours, une de ses filiales, la Tassili Airlines, s’est adjugée 75% de la Sspa d’un autre doyen, celui de Constantine.
En attendant, d’autres clubs, en graves difficultés financières (le MC Oran, concerné également par l’opération, devrait finaliser en fin de semaine avec Naftal) prient le Ciel de trouver au plus vite leur «sauveur» comme c’est l e cas aussi pour l a JS Saoura dont lesnégociations avec l’Enafor sont en voie d’aboutir. Après maintes tentatives pour parvenir à un accord, l’entreprise des hydrocarbures et le Mouloudia ont fini par s’allier de nouveau et rendre enfin le «mariage» possible.
L’alliance, qui se dessinait petit à petit mais qui a trainé en longueur, a fini par se concrétiser la semaine dernière, après avoir conclu, au tout début des pourparlers, un protocole d’accord le 3 octobre dernier.
Aboutissement heureux, le MCA a signé officiellement son retour dans le giron de la plus grande compagnie nationale en Algérie. Elaguant, pour l’instant, le désaccord entre le représentant du club sportif amateur (CSA) et les dirigeants du club pro, cette cession des actions vient mettre un terme définitif à nombre de problèmes qui rongeaient le club avant le retour de la firme pétrolière aux affaires de ce club mythique.
La lourde manne financière et les dettes d’un club plus que jamais dans la crise à l’image de tous les teams algériens minés, dans leur écrasante majorité, par le spectre d’une trésorerie vide (ou vidée) due à la mauvaise gestion dans une ère décrétée professionnelle mais qui n’a rien de tel, en plus, bien sûr, du tarissement des sources de financement, les potentiels investisseurs ne se bousculant pas au portillon.
A l’est du pays, la compagnie aérienne, Tassili Airlines, filiale de Sonatrach, est venue à la rescousse du CSC en s’accaparant 75% du capital social. Elle prend ainsi le monopole du club de la Ville des Ponts suspendus.
La Sonatrach aura, de cette manière, accompli 50% de la mission en touchant deux des quatre cibles qu’elle lorgnait depuis longtemps. En effet , son P-dg, Abdelhamid Zerguine, avait laissé entendre que l’empire pétrolier, algérien comptait reprendre le MC Alger, le CS Constantine (ce qui est déjà fait), le MC Oran, la JS Saoura par ses «succursales», respectivement Naftal et Enafor pour les deux derniers.
Un choix basé sur les critères de l’ancienneté du club, son ancrage sociétal et son implantation géographique. Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, la Sonatrach aura fait le contour mais pas le tour. Une décision qui a le don d’irriter certains.
Si l’autre club d’Alger, l’USM Alger, a trouvé un parrain (privé) en la personne d’Ali Haddad, d’autres comme l’USM El-Harrach, la JS Kabylie , le WA Tlemcen ou le CR Belouizad sont livrés à eux-mêmes et attendent toujours le père Nöel qui, visiblement, ne passera pas de sitôt. Seulement, le Club du chahid Mohamed Belouizdad a, peut-être, laissé sa chance passer quand le groupe Dahli s’est présenté avec des intentions claires pour le rachat du club avant de se heurter à de pseudo-dirigeants qui cherchent leur intérêt personnel au détriment d’un des clubs les plus titrés en Algérie.
«NOUS GÉRONS VOTRE ARGENT»
Ce n’est un secret pour personne, l’argent est et reste le nerf du football. Dans la balle ronde comme ailleurs, il fait des miracles. Seul problème, en Algérie, certains veulent dépenser l’argent des autres. Ce qui fait que les potentiels acheteurs rencontrent d’énormes problèmes dans leur quête d’entrer dans ce monde particulier qu’est le football algérien et rebroussent chemin après les tout premiers états des lieux.
Le professionnalisme de façade fait fuir même ceux parmi les plus déterminés, les poussant ainsi à trop vite baisser les bras. Les plus courageux, les passionnés surtout, décident de percer et prennent des risques. A l’exemple de Ali Haddad, le chairman de l’équipe de Soustara qui en a fait aujourd’hui une vraie Dream Team. Il y a deux ans, cet homme d’affaires a décidé d’investir dans le football.
Depuis, des noms de gros calibre, les meilleurs joueurs du championnat algérien arborent le maillot Rouge et Noir, en plus des entraîneurs de renom qui se succèdent à la barre technique, comme Hervé Renard, Meziane Ighil, Miguel Gamondi et, tout récemment, Rolland Courbis. Le boss de la grande entreprise de travaux publics tente beaucoup et donne l’air d’avoir trouvé la bonne formule cette saison après maintes tentatives et un exercice 2011/2012 sans le moindre titre à se mettre sous la dent.
De l’argent, beaucoup même, avec des dépenses faramineuses du côté de Bologhine au moment où d’autres pensionnaires de la Ligue 1 Pro n’arrivent pas à suivre le rythme, multiplient les déficits à chaque fin de saison, sans parler des salaires de joueurs impayés et puis…. la crise, le néant, les déconvenues et la descente en enfer.
Un avenir loin d’être assuré comme le montre le cas du CR Belouizdad regrettant sûrement d’avoir raté le tournant Dahli à cause de dirigeants aujourd’hui dans la tourmente.
DEUX POIDS DEUX MESURES ?
Qui aidera ces clubs et constituera la bouée de sauvetage ? Qui suivra «l’exemple usmiste» ? Qui emboitera le pas à la famille Haddad ? Beaucoup de questions, peu d’investisseurs et un plan de sauvetage peu (pour ne pas dire pas) équitable.
Au-delà de l’équité géographique (prônée par la Sonatrach) en injectant de l’argent aux quatre coins de l’Algérie, les autres, le reste des formations des Ligues 1 et 2, en faillite déclarée, se retrouvent livrées à ellesmêmes. Un énorme fossé, financiers surtout, appelé naturellement à se creuser entre les clubs, ce qui se répercutera sans doute sur le rendement et le niveau du championnat algérien déjà pas du tout emballant côté spectacle.
De plus, cette «immixtion indirecte» d’une entreprise étatique dans un football décrété professionnel il y a trois ans, marquera plus un pas en arrière que vers l’avant avec une décision qui ne semble pas faire l’unanimité puisqu’elle ne fait que les affaires des clubs pris sous l’aile de la Sonatrach.
En attendant, les malchanceux restent à découvert et exposés aux difficultés d’une balle ronde de plus en plus capricieuse avec des dépenses astronomiques (hébergement, transport, salaires exorbitants des joueurs, etc).
Il y a quatre jours, Hamza Zeddam, défenseur du MCA, déclarait, fièrement et sous le coup de l’émotion, «qu’avec la Sonatrach, le Mouloudia n’aura plus rien à envier à des clubs comme l’Espérance Tunis et Al Ahly». Une déclaration qui en dit long sur les véritables préoccupations des joueurs.
Certes, sur le plan financier, les Rouge et Vert ne manqueront de rien. En parallèle, leurs compères footballeurs devraient continuer à pleurer sur leur sort. Pour ce qui est du prestige et des trophées, il pourra encore jalouser le palmarès des «Espérantistes» et des «Ahlawis», champion d’Afrique sortant et vainqueur de la Champions League africaine 2012, respectivement. Deux mondes bien différents. On attend la suite.
M. T.