L’accident de l’avion d’Air Algérie le 24 juillet 2014 au Mali est principalement dû à « la non-activation » par l’équipage du système anti-givre.
« La non-activation » par l’équipage du système anti-givre a provoqué le crash de l’appareil qui assurait le 24 juillet 2014 le vol d’Air Algérie AH 5017. Cet accident a provoqué la mort de 116 personnes, dont 54 Français, pour la plupart en correspondance ensuite à Alger vers la France. Cette fois encore, comme sur le Rio-Paris ou le Panama-Fort-de-France, le givrage est donc en cause. Ce vol Ouagadougou-Alger était sous-traité par Air Algérie à la compagnie espagnole Swiftair qui exploitait un McDonnell Douglas MD 83. L’avion s’était écrasé dans le nord du Mali, dans la région de Goss.
Selon les règles aériennes internationales, le lieu du crash désigne le pays en charge de l’enquête technique, celle qui vise à déterminer les causes et à édicter des recommandations pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise. Comme le Mali n’a ni les moyens techniques ni les ressources humaines pour mener une telle enquête, N’Faly Cisse, le président de la commission malienne d’investigation, a fait appel au Bureau d’enquêtes et d’analyses en France.
Zone orageuse avec givre
Dès la publication du rapport d’étape en août 2014, répertoriant les faits connus de l’accident, on pressentait la cause du drame. Il est confirmé par le rapport final présenté ce vendredi au Bourget que la cause de l’accident est liée à l’absence de mise en service du dégivrage par les pilotes. L’analyse du vol a été réalisée par le BEA essentiellement à partir des informations contenues dans l’enregistreur de données (DFDR), l’autre boîte noire (CVR) contenant les conversations et les bruits du cockpit n’étant pas lisible. L’avion volait en assez haute altitude (niveau 310, 10 000 mètres) dans une zone orageuse, une configuration classique à cette époque dans la région. L’équipage infléchit alors la route de l’avion pour contourner par la gauche le système orageux. Les pilotes se guident avec le radar du cockpit puisqu’il fait nuit noire. La forte humidité associée aux températures négatives est susceptible de provoquer du givrage. Insidieusement, ce sont les sondes, des capteurs de pression, qui se sont recouvertes de glace. Les calculateurs qui gèrent les réacteurs ont été privés des informations servant à régler la poussée à délivrer.
Mauvaise réaction de l’équipage
L’équipage, qui a oublié d’activer les dispositifs antigivre (air chaud, réchauffage électrique), ne s’est pas rendu compte de la diminution de la vitesse de l’avion, les moteurs étant passés au régime de ralenti. Pour maintenir l’altitude alors que la vitesse chute, le pilote automatique cabre l’avion jusqu’à une incidence de 25 degrés (alors qu’on ne dépasse jamais 10 degrés). Des vibrations aérodynamiques apparaissent, le décrochage survient. Le vibreur de manche se déclenche pour prévenir les pilotes ainsi que l’alarme sonore pendant trente secondes. Pas de réaction. L’absence d’enregistrement vocal ne permet pas de comprendre ce qui s’est passé entre les deux pilotes, par ailleurs très expérimentés. L’avion part en piqué en spirale à gauche tandis que l’équipage fait l’inverse de ce qui est requis et maintient les commandes à cabrer. La chute a duré moins de 50 secondes et la dernière vitesse enregistrée est de 740 km/h peu avant l’impact avec le sol.
Un avion américain en fin de vie
Dans ses recommandations à la communauté aéronautique internationale, Rémi Jouty, directeur du BEA, et son équipe demandent à l’administration aéronautique des États-Unis, pays de conception des avions McDonnell Douglas (un avion ancien très peu utilisé en Europe), de faire procéder à une modification des moteurs de la gamme MD. Ils devront être équipés de systèmes automatiques d’anti-givre des capteurs. En même temps, les équipages de ces avions devront être mieux informés des problèmes susceptibles de survenir dès que la température est inférieure à 6 °C. Plus généralement, la formation et l’entraînement des pilotes au décrochage doivent être améliorés. Une recommandation récurrente déjà formulée après le crash du Rio-Paris.