Écrit par Hakim Ould Mohamed
Le Conseil des participations de l’Etat (CPE) sonne le tocsin quant à un niveau préoccupant d’endettement des entreprises publiques.
En effet, dans une résolution datée du 12 décembre dernier, le CPE pointait une « situation préoccupante » de l’endettement des entreprises à capitaux publics, dont le montant n’a pas été précisé, mais qui risque d’«impacter négativement » les ressources du Trésor public, en sa qualité de propriétaire de ces entreprises, selon la résolution n° 01/166, portant sur l’endettement des EPE, et dont TSA dit détenir une copie. Face à une situation qui semble virer au cauchemar pour le Trésor public, le CPE appelle à la mise en place de « mesures d’urgence et un suivi permanent des départements ministériels de supervision concernés ».
Le CPE, présidé par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, charge les départements ministériels de supervision à l’effet de « faire de la gestion de l’endettement des EPE une priorité absolue pour les gestionnaires des groupes et des entreprises concernées », a rapporté, hier, TSA, qui suggère la mise en place, « sous l’autorité du ministre, d’un dispositif de suivi mensuel de cet endettement et sa réduction ». Jamais le CPE ne s’est montré aussi inquiet de l’état d’endettement des entreprises publiques dont, pour plusieurs d’entre elles, le salut ne tient qu’aux perfusions financières que leur procurait l’Etat propriétaire. Pour que le CPE sorte ainsi de ses gonds, c’est que la situation comptable des entreprises de l’Etat est loin d’être clean. Il y a quelques jours, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a confirmé la hausse de la dette interne, qui s’établit désormais à près de 40% du produit intérieur brut (PIB).
Lors d’un discours prononcé au Forum d’affaires algéro-sud-coréen, Ouyahia a indiqué que la dette interne reste, certes, modérée, mais les statistiques qu’il a fournies, comme pour étayer la viabilité de la dette, laissent entrevoir une courbe ascendante, passant d’environ 20,6% du PIB en 2016 à près de 40% du PIB aujourd’hui, à en croire Ahmed Ouyahia. La hausse de la dette interne est due, en partie, aux trous de trésorerie auxquels font face les entreprises à capitaux publics. Le Fonds monétaire international (FMI) n’a pas manqué, dans ses dernières publications sur l’Algérie, de tirer la sonnette d’alarme sur une dette publique qui a considérablement augmenté depuis 2016.
« En 2016, la dette publique a atteint environ 20,6 % du PIB, en raison principalement de la concrétisation des risques budgétaires sous la forme de soutien aux entreprises publiques », écrivait le FMI dans son dernier rapport sur l’Algérie. « En 2017, la dette publique est passée à 27 % du PIB, en nette augmentation, parce que l’épargne du FRR n’a pas suffi à couvrir le déficit budgétaire et que l’Etat a racheté d’autres créances d’entreprises publiques. En comptabilisant les garanties d’État, les chiffres de la dette s’élèvent à 48 % du PIB en 2017. Les garanties de l’Etat portaient sur les emprunts des entreprises publiques auprès de banques publiques (21 % du PIB en 2017) », soulignent les experts de Washington.
Pour faire face à ce niveau d’endettement interne, les autorités ont fait appel, depuis octobre 2017, à la planche à billets. Certains tirages de monnaie étaient dédiés essentiellement à racheter une partie des créances de l’Etat envers les entreprises publiques et des créances des entreprises publiques envers les banques publiques. Il est vrai que la planche à billets couvrirait une partie de la dette des entreprises publiques, mais ce moyen de financement pourrait être porteur de risques à moyen terme.
D’où l’empressement du CPE à tirer la sonnette d’alarme, point d’un risque élevé si l’endettement des entreprises publiques venait à s’aggraver. En tout cas, le ministère des Finances a dit, lundi, la volonté du gouvernement de dégraisser le mammouth, ce qui serait annonciateur de mesures sur le soutien financier de l’Etat à ses entreprises.