Le coup de gueule d’un députe marocain:Dans le Rif marocain, le kif ne tue pas, la faim si !

Le coup de gueule d’un députe marocain:Dans le Rif marocain, le kif ne tue pas, la faim si !

Dans la région du Rif, au nord du Maroc, la culture du cannabis reste vitale pour la population, en dépit des efforts du gouvernement marocain pour l’éradiquer. La surface cultivée a baissé de 60% en dix ans et serait aujourd’hui de quelque 50.000 hectares, selon les affirmations du ministre de l’Intérieur évaluant à « plus de 250 tonnes » les saisies de cannabis effectuées en 2012.« Le Maroc s’est engagé unilatéralement dans sa guerre contre les cultures illicites du cannabis dans les provinces du Nord« , confirme le ministère. Plus de 1.000 tonnes ont été saisies en moins de 10 ans, note-t-il.

Nés avec le kif

D’après des statistiques officielles, ce sont environ 90.000 ménages, soit plus de 700.000 personnes, qui vivent de la production de cannabis dans les régions du rif marocain..« Malgré les efforts pour réduire les surfaces, cette agriculture est toujours présente car elle fait partie de la culture des habitants: ils sont nés avec le kif. Ils ont vu leurs parents, leurs grands-parents faire cela « , déclare Nourredine Mediane, un parlementaire du parti conservateur Istiqlal qui prend régulièrement leur défense à Rabat.« La majorité de ces paysans sont pauvres, et ils n’ont même pas de quoi manger pendant trois ou quatre mois dans l’année. Ceux qui profitent, ce sont les trafiquants, les exportateurs et les distributeurs », poursuit-il. La culture du cannabis remonte à l’époque où les Phéniciens l’ont importé et, de nos jours, le sous-développement et la pauvreté contribuent à la poursuite de cette activité, renchérit le parlementaire qui ajoute : « Le kif ne vous tue pas, la faim si ». Depuis l’interdiction de cette culture dans les années 1970, des tentatives de développement d’activités alternatives ont été menées, comme l’élevage de bovidés. « La mise en place de la politique de développement alternatif constitue la pierre angulaire de notre stratégie de lutte », dit même le ministère de l’Intérieur. Mais, selon les agriculteurs, la surface herbeuse est trop faible et le climat trop froid pour des cultures autres que le cannabis.

Ismain