Alors que le directeur de l’Office national du Hadj et de la Omra (ONHO), Cheikh Barbera, parle d’une saison du Hadj (grand pèlerinage prévu fin septembre prochain), «particulièrement difficile pour les personnes âgées et les malades chroniques», le ministre saoudien de la Santé a annoncé ce dimanche que 15 personnes sont mortes du coronavirus proche du SRAS depuis l’été dernier, sur 24 cas recensés dans le royaume.
En effet, même si des «mesures sanitaires appropriées ont été prises pour les 36.000 hadjis qui doivent accomplir le grand pèlerinage» selon le directeur de l’ONHO, la situation commence sérieusement à inquiéter en Arabie saoudite où le nombre de cas de personnes atteintes par le coronavirus augmente d’une façon inquiétante.
D’ailleurs, une certaine panique a commencé à gagner depuis hier les habitants de la région est de l’Arabie saoudite où ont été recensés la majorité des cas de coronavirus.
En effet, de nombreux Saoudiens se sont présentés aux urgences des hôpitaux de la région d’Al-Ahsa, dans l’est du royaume, au moindre signe de fièvre, selon des témoignages recueillis par l’AFP. «J’ai ressenti les symptômes d’une grippe, accompagnés de fièvre», a affirmé un jeune homme qui a requis l’anonymat, joint par l’AFP au téléphone.
«Je me suis rendu à l’hôpital mais ces symptômes ont disparu au bout d’une journée et malgré cela je suis toujours placé en quarantaine avec d’autres malades, ce qui me fait peur», a-t-il ajouté.
Tous les cas admis dans les hôpitaux de la région sont placés en isolement médical, selon les autorités. Mais la situation n’est pas aussi alarmante selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
«Le nombre de personnes touchées par la maladie dans le royaume depuis août/septembre derniers est de 24, dont 15 sont décédées», a déclaré Abdallah al-Rabia, lors d’une conférence de presse à Ryad, révisant à la hausse un bilan de 11 décès en Arabie saoudite annoncé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le ministre du royaume wahabite a fait état de trois autres cas suspects, dont «les résultats des analyses seront annoncés en toute transparence».
Jeudi, l’OMS avait annoncé que deux nouveaux cas de coronavirus avaient été confirmés dans le royaume saoudien. Au total, 34 cas confirmés dans le monde du nouveau virus ont été notifiés à l’OMS depuis septembre 2012 et 18 personnes en sont mortes, selon un dernier bilan, cité par l’AFP.
Le directeur général adjoint de l’OMS pour les affaires de sécurité sanitaire et d’environnement, Keiji Fukuda, a déclaré lors de la même conférence de presse que l’apparition du nouveau virus «est reconnue comme un défi important et majeur pour tous les pays».
M. Fukuda a indiqué être en mission en Arabie saoudite à la demande de Ryad pour «aider à évaluer la situation et apporter des orientations et des recommandations» face au coronavirus, un virus isolé pour la première fois en 1965 et appartenant à la famille des coronaviridae.
«Le gouvernement saoudien a pris la situation très au sérieux», a encore indiqué le directeur général adjoint de l’OMS, notant que le ministère de la Santé de ce pays avait «pris des mesures de Santé publique essentielles» dès l’apparition de la maladie.
L’OMS, tout en indiquant «ne pas disposer d’assez d’informations pour parvenir à des conclusions sur le mode et la source de transmission du coronavirus», avait néanmoins appelé à la vigilance à l’égard de cette grave infection respiratoire. Elle avait indiqué le mois dernier qu’elle travaille avec des experts internationaux et des pays où des cas ont été enregistrés pour évaluer la situation et étudier des recommandations de vigilance.
LA TRANSMISSION D’HOMME À HOMME CONFIRMÉE ?
Un deuxième cas d’infection par le nouveau coronavirus a été annoncé en France, chez le voisin de chambre d’un premier malade atteint, confirmant une transmission d’homme à homme, rare mais possible, du virus.
Cité par l’AFP, le ministère français de la Santé a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche que «l’homme qui avait partagé pendant trois jours, du 27 au 29 avril, la chambre du malade à l’hôpital de Valenciennes, alors que la pathologie respiratoire n’était pas encore connue, avait bien contacté le coronavirus (NCov)».
Ce deuxième malade a été transféré du service d’infectiologie à celui de la réanimation, en raison «d’une aggravation de son état clinique », selon l’hôpital régional universitaire (CHRU) de Lille. Ce patient a plus de mal à respirer car «ses besoins en oxygène ont augmenté», a déclaré une porte-parole, mais «il n’est pas à ce stade placé sous assistance respiratoire, à l’inverse du premier malade».
Cela «veut dire qu’une fois que vous avez une contamination, il y a une progression qui se fait avec une atteinte pulmonaire qui peut devenir sévère comme c’est le cas chez ce patient», a indiqué le Pr. Benoît Guéry, chef du service d’infectiologie du CHRU. Selon le médecin, si les mesures adéquates sont prises, le risque de contaminations secondaires est «extrêmement faible, sauf s’il y avait des mutations du virus».
Le premier malade, un homme de 65 ans hospitalisé en réanimation et placé sous assistance respiratoire, était toujours dans un état «très sérieux» dimanche, bien que «stabilisé», selon l’hôpital.
Cet homme qui rentrait d’un voyage à Dubaï s’était présenté le 23 avril au centre hospitalier de Valenciennes (Nord), où il était suivi pour une maladie chronique, et présentait alors des troubles digestifs, ce qui explique pourquoi il n’a pas été isolé. Les résultats publiés dans la nuit «confirment la possible transmission d’homme à homme, déjà mise au jour en Grande-Bretagne », selon l’AFP.
Un Britannique tombé malade après avoir séjourné au Pakistan puis en Arabie saoudite, principal foyer suspecté pour le NCov, avait en effet contaminé à son retour en Grande-Bretagne deux autres personnes sur 103 «contacts proches» identifiés.
Il s’agissait de deux proches, dont un a développé une forme très atténuée de la maladie, généralement caractérisée par de la fièvre, de la toux, un essoufflement et une difficulté à respirer.
Avant ces cas britanniques, deux autres «foyers» avaient été comptabilisés, en Jordanie et en Arabie saoudite, mais sans «évidence claire de transmission de personne à personne», selon l’Agence sanitaire britannique Health Protection Agency (HPA).
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), bien que constatant qu’il n’y avait pour l’heure aucun signe de «transmission soutenue» du coronavirus, a toutefois décidé d’envoyer une mission en Arabie saoudite.
La ministre française de la Santé Marisol Touraine a annoncé, de son coté, la mise en place d’un système d’information dans les aéroports internationaux pour les voyageurs à destination de la péninsule arabique.
Un tract, recommandant de se laver les mains régulièrement et d’éviter tout contact avec les animaux, sera distribué aux comptoirs des compagnies aériennes.
Au total, 34 cas confirmés dans le monde de ce nouveau virus ont été notifiés à l’OMS depuis septembre 2012 et 18 personnes en sont mortes, dont 11 en Arabie saoudite Il y a dix ans, la pandémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), partie de Chine, avait causé la mort de plus de 800 personnes et suscité l’inquiétude dans le monde.
El-Houari Dilmi