Après avoir été secoué par plusieurs scandales, le groupe Sonatrach fera l’objet d’un «contrôle interne de plus en plus renforcé en 2011». L’Etat est déterminé à «livrer une lutte sans merci contre toutes les pratiques illégales», a affirmé, jeudi à Alger, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, dans une réponse devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Il a ainsi réaffirmé la détermination de l’Etat conformément aux directives du président de la République pour combattre la corruption.
Le contrôle interne s’inscrit dans la même ligne de conduite, récemment décidée, à travers laquelle la Sonatrach fonctionnera selon de nouvelles règles, un code adressé aussi bien aux employés qu’aux cadres dirigeants ainsi qu’aux partenaires et fournisseurs.
A une question du député du Front national algérien (FNA), Mohamed Mikhaldi sur la situation vécue récemment par le groupe Sonatrach, le ministre a minimisé l’ampleur de l’affaire en soutenant que «les poursuites judiciaires engagées contre des responsables de la société ne sont pas le propre de notre pays ni de notre secteur». «Nous déplorons toutefois les actes reprochés à ces responsables et que nous estimons gravissimes»,
a-t-il avancé, ajoutant que «nous n’avons qu’à laisser la justice faire son travail». En qualifiant de «gravissimes» les actes reprochés aux cadres de Sonatrach, Youcef Yousfi a reconnu l’importance de l’affaire contrairement à son prédécesseur Chakib Khelil qui niait l’existence de scandales à la première compagnie du pays.
Pour rappel, depuis le début de 2010, plusieurs cadres de la compagnie ont fait l’objet de poursuites judiciaires. Mohamed Meziane, l’ex-P-DG a été mis sous contrôle judiciaire alors que d’autres hauts cadres ont été incarcérés. En décembre dernier, l’ex-PDG par intérim du groupe Abdelhafid Feghouli a été également incarcéré avec trois autres cadres de la même compagnie pour avoir enfreint la réglementation encadrant les marchés publics, en passant des marchés de gré à gré.
Malgré les multiples affaires qui ont bousculé la compagnie, M.Yousfi a assuré que le secteur de l’Energie «se porte bien» et que Sonatrach «demeure le poumon économique du pays». La Sonatrach a annoncé jeudi un chiffre d’affaires de près de 57 milliards de dollars en 2010.
La cession des actions de l’australien GMA
Répondant, par ailleurs, à une question de la députée Zoubida Kherbache du parti des Travailleurs (PT) sur les raisons de la cession de 9% des actions du groupe australien GMA à une société égyptienne au lieu de les racheter par Sonatrach en vertu du droit de préemption, M. Yousfi a indiqué que cette opération concernait «l’ouverture du capital de la société australienne, cotée dans les marchés de Londres afin de répondre à ses besoins».
«Sonatrach pourrait, conformément au droit de préemption, racheter les actions de GMA dans le cas où celle-ci décide de vendre totalement ou partiellement sa part qui est de 52%», a précisé le ministre. Le ministère de l’Energie «suit avec attention cette opération afin de veiller à sa conformité avec la loi tout en respectant l’accord signé avec la partie australienne».
Le groupe australien GMA avait remporté en 2002 l’appel d’offres lancé par l’Entreprise nationale d’exploitation des mines d’or (ENOR) pour l’augmentation de la valeur nominale de ses actions. GMA avait obtenu alors 52% du capital de l’ENOR alors que les autres parts ont été répartis sur d’autres compagnies dont Sonatrach (16%) qui a racheté en 2006 les actions des autres partenaires pour détenir ainsi 48% des actions, a rappelé le ministre.
Karima Sebai