Le contrat de mariage : unis pour le pire ?

Le contrat de mariage : unis pour le pire ?

Combien sont-ils ces jeunes, garçons et filles qui traînent leur célibat comme une fatalité avec la certitude que c’est une perspective absolument irréalisable. Trop contraignant et onéreux, le mariage est assimilé à un mirage insaisissable pour la majorité de nos jeunes qui, en désespoir de cause, se résignent à vivre dans la douleur leur célibat à moins que…

«Se marier de nos jours nécessite un véritable investissement, nous a déclaré Lamine, un diplômé en sciences politiques, chômeur à la recherche d’un emploi, et d’ajouter, je veux juste travailler pour répondre d’abord à mes besoins personnels, et sortir de cette dépendance parentale sur le plan financier ; mes parents qui voient d’un mauvais œil cette situation n’arrêtent pas de marmonner et de me bousculer afin que je me prenne en charge.

Alors parler de mariage dans ces conditions est aberrant et absolument déraisonnable conclut-il . Karima, 42 ans, qui travaille dans une administration publique, nous a confié d’emblée qu’elle a perdu espoir, et que le prince charmant tant attendu n’a pas daigné frapper à sa porte, « A cet âge-là, nous a-t-elle confié, il ne faut pas se faire beaucoup d’illusions, le train est passé, ironise t- elle et si jamais quelqu’un se présentera ce sera un veuf suivi de sa marmaille, ou encore un divorcé en mal d’affection. Choix volontaire ou contraintes matérielles, les jeunes questionnés nous renvoient à la situation socio-économique et aux conditions sociales très difficiles qu’ils vivent pour la plupart. Chômage et précarité de l’emploi ne sont pas de nature à encourager les jeunes à s’engager dans une union qui nécessite des moyens démesurés. La principale contrainte demeure, de l’avis de tous, le logement dont les prix pour l’acquisition sont hors de portée. Salim, gagne sa vie comme agent administrateur dans une entreprise privée, «Ma demande pour un logement social est jetée aux oubliettes dans les tiroirs de l’administration et je n’y crois pas trop. Je suis fiancé depuis déjà deux années, ajouta t-il, ma future femme ne travaille pas et mes beaux parents souhaitent que nous célébrions le mariage le plus tôt possible, je n’ai aucune alternative, en plus la location d’un appartement risque d’absorber pratiquement tout mon salaire, il faut en sus réunir « l’avance » d’une année entière de loyer qu’exige tout propriétaire. Face à cette pression démoralisante, je n’arrête pas d’envisager toutes les éventualités, et dire qu’Il faut en outre réunir de gros moyens pour le trousseau de la mariée, les noces, un ameublement sommaire et autre dépense en rapport, ajoute notre interlocuteur. Interrogée sur ce phénomène du «célibat forcé » qui frappe de plein fouet les jeunes filles et garçons de la ville, une sociologue nous dira : «Que La famille constantinoise, se débat encore dans ses traditions archaïques, où il est encore exigé des futurs époux une dot faramineuse et autres pactoles en or, cet état de fait est loin d’arranger les choses, ce qui décourage les plus téméraires, explique-t-elle. Alors que pour l’avis religieux le hadith du prophète Mohamed (QSSS) est significatif à plus d’un titre « Ô, jeunes, si vous êtes aptes à vous marier (aptitudes morales et matérielles), mariez-vous ! Et si vous ne pouvez le faire, jeûnez, pour éviter tout égarement ». Toutefois, pourrai-t- on dire que les contextes ont peut-être changé, car en ce troisième millénaire les jeunes montrent leur impatience à vivre pleinement leur vie. Le mariage est assimilé par notre sainte religion à la moitié de la Foi, nul ne peut s’y soustraire sauf contraint. Ce qui revient à dire que les perspectives pour fonder un foyer restent pour le moins fugaces pour des milliers de jeunes garçons et filles, où le logement et surtout le chômage demeurent aussi des murailles infranchissables sur lesquelles viennent se briser les rêves fous d’amour impossibles d’une bonne partie de la jeunesse qui ne veut surtout pas s’unir pour le pire…

Mâalem Abdelyakine