Le consulat d’Algérie à Gao en République du Mali a fait l’objet jeudi matin d’une attaque par un «groupe non identifié», a indiqué le ministère des Affaires étrangères. «Le consul et six (06) éléments de la représentation consulaire algérienne ont été conduits vers une destination inconnue», a encore précisé le ministère.
«A la suite de cet acte que l’Algérie condamne avec fermeté, une cellule de crise a été mise en place pour suivre l’évolution de cette affaire et afin que tout soit mis en œuvre pour le retour sain et sauf de nos nationaux», a conclu le ministère dans un communiqué. Un peu plus tard dans la journée, le ministre des Affaires étrangères, M. Medelci, confirmera l’information et donnera un peu plus de détails sur cet enlèvement. Il a déclaré à la presse en marge d’une rencontre avec l’ONG américaine National Democratic Institute (NDI) que «le consul d’Algérie à Gao et les six agents du consulat ont été forcés à sortir du siège de la représentation diplomatique» et qu’ «ils sont actuellement sous la responsabilité de parties que nous ne connaissons pas». Il ajoutera que «le gouvernement algérien est totalement mobilisé pour assurer dans les plus brefs délais leur libération ».
N. K.
M. Messahel présidera la délégation algérienne à la réunion des pays du Champ demain à Nouakchott
Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, se rendra à Nouakchott (Mauritanie) où il prendra part à une réunion qui regroupera, demain, outre l’Algérie, les ministres des Affaires étrangères de Mauritanie et du Niger, a-t-on appris hier auprès du ministère des Affaires étrangères. Cette réunion des partenaires de la stratégie régionale mise en place par les pays du champ examinera la situation dans la région, à la lumière notamment des développements intervenus au Mali, a-t-on précisé de même source.
MAE
Les familles des diplomates algériens enlevés rapatriées
Les familles des diplomates algériens, enlevés jeudi au Mali, ont été rapatriées hier saines et sauves, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Ces familles ont été rapatriées à bord d’un avion des forces aériennes de Bordj Badji Mokhtar (wilaya d’Adrar) sur la base militaire de Boufarik, a précisé la même source, ajoutant qu’une ressortissante française qui travaillait à l’agence de l’UNICEF et qui s’était réfugiée au consulat d’Algérie à Gao a été évacuée sur le même vol. « Un diplomate algérien, qui n’était pas présent au moment ou les ravisseurs avaient investi le consulat, a pu également être évacué sur le Niger où il a été pris en charge par notre représentation diplomatique », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères. Il rappelle que « le gouvernement algérien s’est engagé à tout mettre en œuvre pour assurer un retour sain et sauf de nos compatriotes et que la cellule de crise mise en place suit en permanence les développements liés à cette affaire ».
L’UMA et Paris condamnent
La France a considère hier la « déclaration d’indépendance unilatérale » du Nord-Mali comme « nulle et non avenue ». Nous considérons que la déclaration unilatérale d’«indépendance de l’Azawad» est nulle et non avenue », a dit à la presse à Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. « La France défend l’unité et l’intégrité du territoire malien » a ajouté le porte-parole, soulignant qu’elle appelle le MNLA à « inscrire son action dans le cadre d’un dialogue politique respectueux de l’ordre constitutionnel malien et de l’unité du pays ». « Nous condamnons fermement les violences et les pillages perpétrés par les milices d’Aqmi et d’Ansar Dine » a encore ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui relève aussi que Paris « condamne les enlèvements de personnels diplomatiques consulaires algériens, en référence à la prise d’otage du consul d’Algérie à Gao et de six membres de sa mission. Au même moment à Bordeaux, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a affirmé que la France rejette la déclaration d’indépendance du Nord-Mali estimant qu’ il n’est pas question de remettre en cause la souveraineté du Mali. « La France est attachée à l’intégrité territoriale du Mali, il n’est pas question de remettre en cause la souveraineté de ce pays » a-t-il dit, lors d’une conférence de presse. « Nous ne pouvons pas accepter la déclaration unilatérale d’indépendance qui a été faite par le MNLA, a-t-il ajouté. De son côté le ministre français de la Défense, Gérard Longueta, a estimé lors d’une conférence de presse qu’ »Une déclaration d’indépendance unilatérale qui ne serait pas reconnue par les Etats africains n’aurait pas de sens ».
L’Union du Maghreb arabe (UMA) a fermement condamné hier l’enlèvement du consul d’Algérie et de six diplomates algériens perpétré, jeudi, à Gao (Mali) et dénoncé dans les termes les plus forts cette « agression barbare, contraire à toutes les lois et normes internationales ». L’UMA qui déclare suivre avec « une grave préoccupation » et une « profonde inquiétude » l’évolution de la situation, suite à cette agression, exprime sa solidarité avec les personnes enlevées ainsi qu’avec leurs familles, a indiqué un communiqué du secrétariat général de l’UMA. L’Union forme le vœu de voir « les autorités maliennes prendre les mesures appropriées pour assurer la sécurité des personnes enlevées et garantir leur retour sains et saufs au sein de leurs familles et de leurs proches », conclut le communiqué.
Cédéao
Levée prochaine des sanctions contre les putschistes
La levée des sanctions imposées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), aux militaires au pouvoir au Mali, est «pour très bientôt», a annoncé jeudi à la télévision publique l’émissaire du président burkinabé, médiateur dans la crise malienne.
«Nous travaillons ensemble pour créer les conditions de levée de ces sanctions, et je pense que ce sera pour très bientôt», a affirmé le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, à la télévision ORTM. M. Bassolé s’exprimait ainsi à l’issue d’un entretien dans la nuit de mercredi à jeudi à Kati (près de Bamako) avec le capitaine Amadou Sanogo, auteur du coup d’Etat militaire contre le président Amadou Toumani Touré.
«Nous allons tout mettre en œuvre pour que ces sanctions soient non seulement suspendues, mais complètement levées et abandonnées. Nous en sommes sur le chemin. Je peux vous assurer que le capitaine (Sanogo) est dans de bonnes dispositions, il aura bientôt à faire des annonces qui vont dans la bonne direction. Je préfère lui laisser la primauté de le dire», a ajouté M. Bassolé, émissaire du président burkinabé Blaise Compaoré. Soumise depuis lundi à un embargo diplomatique, économique et financier imposé par ses voisins, la junte au Mali s’est vu infliger mardi de nouvelles sanctions par l’Union africaine (UA) et les Etats-Unis.
La communauté internationale exige des militaires putschistes au Mali le retour à l’ordre constitutionnel.
Situation à Gao :
Des partis politiques et la société civile appellent l’ONU à intervenir
Des partis politiques et des organisations de la société civile au Mali ont appelé hier les Nations unies à intervenir «pour éviter une catastrophe humanitaire à Gao», une ville du nord du pays tombée sous le contrôle de rebelles et groupes armés. «La population est actuellement assiégée à Gao et commence à manquer de nourriture», affirme le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), qui regroupe des partis politiques et des organisations de la société civile. Selon un communiqué du FDR, cité par les agences de presse, «des menaces d’interruption des fournitures d’eau et d’électricité planent. Des enlèvements de petites filles sont également signalés». «Pour éviter une catastrophe humanitaire, le FDR lance un appel pressant aux institutions spécialisées des Nations unies pour sauver la population de Gao», ajoute son président, Siaka Diakité, dans ce texte daté de jeudi.
Opposé à la junte militaire qui a pris le pouvoir par la force le 22 mars dernier au Mali, le FDR affirme rassembler une cinquantaine de partis politiques et une «centaine» d’associations et organisations syndicales, et conteste la junte militaire ayant renversé le 22 mars le régime du président Amadou Toumani Touré (ATT). En fin de semaine dernière, Gao et deux autres capitales des régions administratives du nord du Mali, Kidal (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest), sont tombées sous le contrôle de rebelles armés.
Depuis, des violences ont été rapportées dans ces zones, devenues inaccessibles à la presse et aux organisations in- ternationales, et que fuient des centaines de civils. D’après la junte, les nouveaux maîtres du Nord ont commis «de graves violations des droits de l’homme», dont des viols, particulièrement à Gao. De nombreux habitants ont fait état de saccages et pillages à Gao et Tombouctou. Ce constat est confirmé par des organisations internationales. Selon Amnesty, le nord du Mali est «au bord d’un désastre humanitaire majeur». Pour sa part, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a souligné jeudi la nécessité de reprendre son rôle humanitaire «au plus vite» au Mali face à la situation critique prévalant dans le nord de ce pays africain. Les populations «se retrouvent dépourvues d’accès aux soins de santé et à l’aide alimentaire», et «il est capital de pouvoir répondre dès que possible aux besoins humanitaires qui vont sans doute encore augmenter dans les jours et les semaines qui viennent», a indiqué le CICR qui après le pillage de ses entrepôts le 1er avril à Gao, a été «forcé de réduire temporairement sa présence dans le nord du Mali.