Le mois sacré du Ramadhan s’annonce économiquement brûlant pour les familles algériennes aux revenus modestes.
Le spectre de la flambée des prix hante déjà les esprits des consommateurs.
Ainsi, la seule victime est ce pauvre consommateur qui reste le dindon de la farce de cette anarchie commerciale.
En dépit de l’assurance totale affichée par l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), quant à la disponibilité des produits alimentaires de première nécessité, à savoir les légumes, les fruits, l’huile, la semoule, les viandes rouges et blanches… ces derniers connaîtront, en même temps, une hausse vertigineuse durant le mois de jeûne.
L’on s’interroge sur ces envolées soudaines des prix, notamment en cette période sacrée, où les commerçants veulent, coûte que coûte, engranger le maximum de bénéfices.
L’UGCAA s’est contentée d’appeler, dans ce sens, les commerçants à adopter un comportement raisonnable en matière de fixation des prix.
D’ailleurs, cette inflation enregistrée chaque année au début du mois de Ramadhan, notamment ceux des viandes et fruits et légumes, est due, selon Salah Souilah, secrétaire général de l’Union à l’existence du marché informel, d’une part, et à l’absence de règles qui définissent les marges bénéficiaires, d’autre part.
Ne s’arrêtant pas là, il fera également savoir que «les prix sont libres», ce qui nécessite « la mobilisation de toutes les parties concernées par le commerce afin d’élaborer une loi qui mettra fin à ces dépassements constatés et réguler le marché national», en faisant toutefois, observer que «l’UGCAA ne peut pas pénaliser le commerçant et que le contrôle des prix ne fait partie de ses prérogatives».
La volaille et la viande flambent
De 340 à 380 DA le kg de viande blanche, la canicule ne se fait pas sentir seulement au niveau physique, mais également dans le panier de la ménagère.
Du côté de la commission nationale des viandes rouges et blanches, affiliée à l’UGCCA, on attribue cette flambée des prix à une forte demande, mais également à la montée du mercure.
«La canicule, le manque de climatisation dans les lieux d’élevage et la cherté des prix des médicaments vétérinaires et des graines, sont à l’origine de cette hausse».
Et d’ajouter : «La canicule a occasionné pas mal de dégâts dans les fermes. L’on note des pics de perte de 100% dans certaines régions».
L’on s’attend, annoncera le président de ladite commission, M. Djemaa Bellal, à une augmentation en raison de la baisse de l’offre après les dégâts enregistrés ces derniers jours, suite aux incendies qu’on connus certaines régions du pays.
Le panier de la ménagère prend un sacré coup, la viande rouge ayant aussi grimpé de 400 à 500 DA le kg, en fonction des commerçants, mais aussi des régions.
Les responsables de la commission ont affirmé que le consommateur a sa part de responsabilité dans la hausse des prix, et ce, au vu de «l’afflux extraordinaire» que connaissent les marchés la veille et durant les premiers jours du Ramadhan.
L’autre raison de la hausse des prix est liée à la période estivale, où la consommation de viandes connaît une forte augmentation, l’organisation de nombreuses festivités et, autres cérémonies de mariage.
Probable pénurie de pain
«40% des 1 500 boulangers activant à Alger ont été contraints de partir en congé annuel suite aux coupures répétées de l’électricité qui leur ont causé des pertes énormes», avait déclaré amèrement M. Youcef Kalafat, président de la Fédération nationale des boulangers, affiliée à l’UGCAA, en évoquant la situation dans laquelle se trouvent les boulangeries dans les régions du sud du pays.
«Des coupures d’électricité de près de 20 heures sont souvent enregistrées», ce qui a entraîné, poursuivra-t-il, l’apparition d’un commerce informel du pain et la pratique de prix très élevés, pour atteindre 50 DA la baguette.
«C’est un vrai drame !», s’est-il exclamé, en prévenant que «si les pouvoirs publics ne réagissent pas pour régler ces coupures d’électricité et procéder à l’organisation de cette activité, le pain connaîtra une vraie pénurie durant ce mois du Ramadhan».
L’on se demande, par ailleurs, jusqu’où iront ces augmentations ? Aucune réponse n’a été fournie par ladite commission, encore moins par l’UGCCA. Résultat des courses : le consommateur payera les pots cassés.
Nabila Belbachir