Le consommateur se rabat sur les viandes congelées : Les prix restent tirés par la forte demande

Le consommateur se rabat sur les viandes congelées : Les prix restent tirés par la forte demande

Plus de 35.000 tonnes de viande rouge congelée importées depuis janvier 2012 et un stock de viandes blanches congelées  estimé à 10.000 tonnes réalisé dans le cadre du Syrpalac

La flambée des prix des viandes et poissons frais durant le mois de Ramadhan a détourné l’intérêt des petites bourses envers le marché des produits congelés, une filière très rentable de plus en plus prisée  par les Algériens. Importés du Brésil, de Nouvelle-Zélande, de l’Inde ou de pays  européens, la viande rouge congelée est cédée généralement à moitié  prix par rapport à la viande locale. Le prix de la viande ovine importée et congelée varie sur les marchés de la capitale entre 550DA et 750 DA, et celui de la viande bovine oscille  de 450 à 600 DA/kg.

«La demande sur ces produits augmente de plus en plus, notamment durant  le mois de jeûne», affirme un boucher au marché Mohamed-Guessab (ex-Clauzel),  précisant qu’en dépit de «la hausse des prix de certains produits carnés, comme  la viande ovine congelée, l’engouement des consommateurs reste le même». «Mon modeste revenu ne me permet pas d’acheter de la viande fraîche tout au long du mois sacré, alors je me rabats sur le congelé du fait de son prix abordable», confie à l’APS Smail, retraité de l’éducation. Même constat pour le poulet congelé, cédé à 260 DA/kg contre  400 DA/kg pour le poulet frais. Ces produits connaissent une plus «forte demande», selon certains revendeurs, selon lesquels «la distribution (du poulet) connaît actuellement une perturbation, et les quantités sont insuffisantes».

«Nos stocks de poulets pour la journée s’écoulent en un temps record. Ce qui doit nécessiter un réseau de distribution plus performant, de sorte qu’il puisse répondre à la forte demande du consommateur», explique un vendeur au marché de Bachdjarah. Pour le poisson congelé, essentiellement de Mauritanie mais négocié  ailleurs en Europe, son prix «demeure stable» depuis plus d’une année, selon  les spécialistes de la filière. A Kouba, le prix de la crevette, la plus prisée parmi les poissons  par les «jeûneurs» pour la confection du fameux «bourek à la crevette»,  se négocie dans une fourchette allant de 550 à 850 DA/kg, en fonction de  la qualité et du calibre de ce crustacé.

Pour les différentes variétés de poisson blanc, dont le merlan, le merlu, le fameux «merlan en colère» que propose la carte de certains restaurateurs, le cabillaud et le turbo, les prix vont de 450 DA/kg à 480 DA/kg, là également en fonction de la qualité ou de la nature du produit, selon qu’il est «pané», entier ou découpé en filet. Mais, les plus prisés d’entre les poissons congelés que l’on trouve  dans les commerces restent sans conteste le chien de mer, sa petite cousine  la roussette, le rouget et le calamar, dont la demande est plus forte à partir  de la deuxième semaine du Ramadhan, selon les vendeurs. Les prix du kilogramme de ces poissons sont de 460 DA, 800 DA, 550 DA et 600 DA.

La demande pour le poisson congelé est forte en cette période du fait du désarmement des chalutiers, qui ne peuvent aller pêcher au-delà de la zone des trois milles nautiques, le chalutage étant interdit dans cette zone du 31 mai au 31 août. Selon des statistiques du ministère de la Pêche et des Ressources halieutique, l’Algérie importe 180.000 tonnes (T) en moyenne par an de poissons, bien qu’elle dispose d’un stock pêchable annuellement estimé à 220.000 T. La production halieutique nationale a atteint, en 2011, 104.000  T, en hausse de 10% par rapport à 2010.

Par ailleurs, pour répondre à la forte demande et atténuer la flambée des prix de la viande fraîche, notamment durant le mois de Ramadhan, les opérateurs  publics et privés ont importé plus de 35.000 tonnes de viande rouge congelée  depuis janvier 2012, selon la SGP «Productions animales» (PRODA).

Les quantités de viandes importées constituent un appoint au marché national des viandes, qui connaît actuellement une hausse des prix tirés  par la forte demande traditionnelle au mois de Ramadhan. PRODA commercialise ses produits à partir de  600 points de  vente à travers tout le territoire national.

L’opérateur public intervient  aussi sur le marché des viandes blanches à travers un stock de poulet congelé qu’il a constitué en partenariat avec l’Office national des aliments de bétail (ONAB). Pour répondre à la forte demande des ménages durant ce mois sacré, il y a eu également la constitution d’un stock de viandes blanches congelées estimé à 10.000 tonnes réalisé, dans le cadre du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (SYRPALAC).

Le poulet congelé est commercialisé cette année, pour la première fois,  dans le sud du pays comme Tamanrasset, Tindouf, Béchar et Illizi. Contrairement aux viandes rouges, l’Algérie n’importe pas de viandes blanches dont la production devrait s’établir à 600.000 tonnes (T) en 2012 contre  500.000 T en 2011 et 450.000 T en 2010.

Bref, blanche ou rouge, fraîche ou congelée, chère ou pas, la viande dans les traditions culinaires algériennes, et même maghrébines et arabes, est  incontournable dans le bol de «chorba». La filière brasse, quant à elle, plusieurs  dizaines de milliards de dinars de chiffre d’affaires, avec une moyenne annuelle de facture des importations de viandes de plus de 400 millions de dollars.