Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi une résolution exhortant les pays à cesser le versement de rançons aux groupes terroristes contre libération des otages et a rappelé l’adoption du Mémorandum d’Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon.
Le versement des rançons perpétue les prises d’otages
Préoccupé par la multiplication des prises d’otages imputables à des groupes terroristes en vue d’obtenir des fonds ou des concessions politiques, le Conseil de sécurité a, ainsi, demandé aux pays ’’de réfléchir aux moyens d’empêcher les terroristes de profiter directement ou indirectement de ces enlèvements’’ et de faire en sorte que les otages soient libérés sains et saufs.
Pour le Conseil, le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations constitue ’’une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité internationales’’ et que tous les actes de terrorisme sont ’’criminels et injustifiables’’ quels qu’en soient le mobile et les auteurs, et qu’il est impératif de le combattre par tous les moyens.
Rappelant les instruments internationaux de lutte contre le financement du terrorisme, notamment la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme et la Convention internationale contre la prise d’otages, l’organe de décision de l’ONU a, ainsi, fermement condamné les enlèvements et les prises d’otages perpétrés par des groupes terroristes quel qu’en soit le but dont celui d’obtenir des fonds ou des concessions politiques, en particulier celle des enlèvements commis par Al-Qaida et les groupes qui lui sont associés.
A ce propos, il a soutenu que les rançons versées à des terroristes financent de futurs enlèvements et prises d’otages, multipliant ainsi le nombre des victimes et perpétuant le problème.
En effet, explique clairement la résolution, les rançons versées à des groupes terroristes constituent ’’l’une des sources de revenus qui viennent soutenir l’effort de recrutement mené par ces groupes, renforcer leur capacité opérationnelle d’organiser et de perpétrer des attentats terroristes, et encourager la pratique des enlèvements contre rançon’’.
Par ailleurs, il a réaffirmé la décision prise dans sa résolution 1373á(2001), à savoir que tous les pays devaient interdire à leurs citoyens ou à toute personne ou entité se trouvant sur leur territoire de mettre des fonds ou ressources économiques, directement ou indirectement, à la disposition de personnes qui commettent ou tentent de commettre des actes de terrorisme.
Le Conseil de sécurité relève l’importance du Mémorandum d’Alger
Le Conseil de sécurité a également souligné que le Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), créé en 2011 à New York et dont l’Algérie est l’un des pays fondateurs, ’’a adopté le Mémorandum d’Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon par des terroristes et d’élimination des avantages qui en découlent’’.
Il a, ainsi, engagé la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme à tenir compte du Mémorandum d’Alger.
La nouveauté particulière apportée par cette nouvelle résolution est que le Conseil de sécurité demande, pour la première fois, à tous les pays membres d’encourager ’’les partenaires du secteur privé’’, c’est-à-dire les entreprises privées, à adopter ou à respecter les lignes directrices et bonnes pratiques qui s’imposent pour prévenir les enlèvements terroristes ou y faire face sans verser de rançon.
Selon les observateurs, cette exigence est importante dans la mesure où les gouvernements des pays qui ont l’habitude de payer les rançons pour libérer leurs ressortissants contournent les interdictions des conventions internationales en chargeant des entreprises privées de verser ces rançons.
Rôle de l’Algérie dans la sensibilisation de la communauté internationale
L’Algérie ainsi que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne notamment, se sont employés, au cours de ces dernières années, à sensibiliser la communauté internationale sur la lutte contre le paiement de rançons exigées par les groupes terroristes en contrepartie de la remise en liberté des otages.
Dans le cadre de cette lutte, l’Algérie plaide particulièrement pour la criminalisation du versement de rançons en vue du parachèvement du dispositif légal international contre ce fléau.
En parallèle, les efforts de l’Algérie ont abouti au sein du Forum global contre le terrorisme à l’adoption du Mémorandum d’Alger qui porte sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre des rançons par des terroristes et l’élimination des avantages qui en découlent.
A ce sujet, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait récemment déclaré dans une interview que l’Algérie comptait persévérer dans ses efforts, en collaboration avec ses partenaires, pour parvenir au lancement rapide de nouvelles discussions à l’ONU sur l’adoption d’instruments et mécanismes contraignants qui permettraient d’aller plus loin que ce qui est acquis dans la résolution 1904 du Conseil de sécurité.
Considérant que les rançons représentent une partie seulement de la problématique du financement du terrorisme, M. Lamamra avait relevé que la jonction du terrorisme avec le trafic de drogues et d’autres manifestations du crime transnational organisé est génératrice de ressources financières sans doute plus importantes encore.
C’est dans ce sens qu’il avait considéré qu’il était important que la coopération antiterroriste internationale adopte une « approche d’ensemble » de la problématique du financement du terrorisme.