Le Conseil de sécurité a débattu lundi des moyens à mettre en £uvre pour réduire la vulnérabilité de l’Afrique face au terrorisme, et s’est déclaré ’’résolu’’ à lutter contre le versement de rançons dans les prises d’otages en prenant acte du Mémorandum d’Alger.
Intitulé ’’Les enjeux de la lutte contre le terrorisme en Afrique dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales’’, ce débat de haut niveau a été l’occasion d’examiner les spécificités des facteurs et conséquences du terrorisme en Afrique ainsi que des efforts régionaux.
Le Conseil a, ainsi, affirmé que la lutte contre le terrorisme à long terme passait par l’adoption d’une stratégie globale pour relever les défis qui consistent à promouvoir la croissance économique, à favoriser la bonne gouvernance, à faire reculer la pauvreté, à renforcer le capacités des Etats, et à combattre la corruption, en particulier en Afrique, mais aussi dans d’autres régions.
Durant le débat, les délégations ont toutes convenu que le terrorisme en Afrique présentait la particularité d’être de plus en plus complexe, transnational et évolutif, avec le risque que le continent devienne son épicentre. Rôle pionnier de l’Algérie dans la lutte anti-terroriste en Afrique.
Dans son intervention, le représentant de l’Algérie a affirmé que le cadre juridique et institutionnel de la lutte contre le terrorisme en Afrique avait été mis en place depuis des années, sous l’égide surtout de l’Union africaine, en rappelant que l’Algérie y avait joué un rôle pionnier.
Il a, d’ailleurs, rappelé qu’un plan d’action avait été adopté lors de la réunion intergouvernementale de haut niveau de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme tenue en 2002 à Alger.
A partir de ce plan, a-t-il ajouté, il a été créé en 2004 le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), dont le siège est à Alger.
Pour lutter efficacement contre le terrorisme, le délégué de l’Algérie a notamment mis l’accent sur la nécessité de tarir les sources de financement et de démanteler toutes les activités criminelles qui y sont liées.
Il a précisé que l’Algérie ne ménageait aucun effort, au sein de l’Union africaine et des Nations Unies, pour sensibiliser sur la menace des prises d’otage et du paiement de rançons aux terroristes.
Le représentant algérien a également souligné que l’Algérie était pleinement engagée dans le cadre de la coopération régionale pour lutter contre les activités terroristes et de déstabilisation menées dans la région du Sahel. Il a estimé, à cet égard, que le cadre de coopération mis en place par les pays concernés constituait une étape importante.
Pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a observé que le terrorisme en Afrique est façonné aujourd’hui par les activités d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) dans le nord du continent, d’Al-Chabab dans l’est et de Boko Haram dans l’ouest.
Préoccupations face aux prises d’otages contre rançons
Par ailleurs, de nombreuses délégations, à l’instar des Etats-Unis, ont exprimé leur préoccupation face aux enlèvements et aux prises d’otages contre rançons ayant pour but de lever des fonds ou d’obtenir des concessions politiques, constatant que ces actes se multiplient en particulier dans la région du Sahel.
Présent à ce débat, le Directeur général du Groupe international d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA),M. Abdallah Shehu, a fait valoir qu’une paix et une sécurité réalistes en Afrique passaient par des partenariats stratégiques et un engagement politique plus ferme, la mise sur pied d’un mécanisme d’alerte rapide pour la prévention du terrorisme, ainsi que le renforcement des capacités et de l’appui aux Etats pour promouvoir la démocratie et la reddition de comptes, avant de rappeler que les pays africains doivent bénéficier de l’égalité des chances sur le plan commercial international pour réduire leurs difficultés économiques.
Pour sa part, le président du Togo, dont le pays préside actuellement le Conseil de sécurité, a averti que si l’on ne donne pas aux gouvernements africains les moyens de mener une politique antiterroriste efficace et durable en privant les groupes terroristes de leurs ’’armées’’, il est fort à craindre de voir se consolider non seulement un axe terroriste allant de la Mauritanie au Nigéria et se prolongeant jusqu’à la Corne de l’Afrique, mais aussi de voir se développer une zone de non-droit pour les trafiquants du monde entier.
Le terrorisme en Afrique dépasse largement le continent africain, a-t-il observé, expliquant que les ports d’Afrique occidentale et le Sahel sont devenus des plaques tournantes pour les réseaux de trafic de stupéfiants, alors que le trafic d’immigrants varie entre 65.000 et 120.000 personnes par an, et le trafic des armes légères est évalué à 8 millions de pièces, dont 100.000 kalachnikovs.
Dans son intervention, le représentant britannique a souligné que le paiement de rançons avait contribué à l’augmentation du terrorisme en Afrique et que la communauté internationale devrait prendre des mesures collectives pour tenter de régler ce problème.
Il a, à cet égard, appuyé pleinement le rôle du Groupe d’action financière contre le blanchiment d’argent pour améliorer partout le cadre de bonne gouvernance.
A l’issue de ce débat, le Conseil de sécurité a fait une déclaration dans laquelle il s’est dit ’’préoccupé par le lien de plus en plus étroit, dans de nombreux cas, entre terrorisme, criminalité transnationale organisée et activités illicites telles que le trafic de la drogue et des armes et la traite des êtres humains’’.
Pour l’organe de décision de l’ONU, ’’seule une réponse plurielle, qui n’est plus étroitement militaire, permettrait de contenir les groupes de criminels et de narcoterroristes’’, affirmant que la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU, adoptée en 2006, va dans ce sens et qu’il est ’’indispensable de combiner les questions de sécurité avec celle du développement et de la promotion des droits de l’homme’’.
Le Conseil de sécurité a aussi condamné fermement les enlèvements et prises d’otages ayant pour but de lever des fonds, par les rançons, ou d’obtenir des concessions politiques, et a souligné ’’l’urgence’’ de s’attaquer à ces problèmes.
A ce propos, il s’est déclaré ’’résolu à lutter contre les enlèvements et les prises d’otages dans la région du Sahel’’ et a affirmé qu’il prenait acte ’’de la publication du Mémorandum d’Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon par des terroristes et d’élimination des avantages qui en découlent, à l’issue du Forum mondial de lutte contre le terrorisme.’’