Le conseil constitutionnel rend son verdict, Six candidats pour un fauteuil

Le conseil constitutionnel rend son verdict, Six candidats pour un fauteuil

L’urne et le peuple, les arbitres du 17 avril

Louisa Hanoune, Abdelaziz Bouteflika, Ali Benflis, Abdelaziz Belaïd, Ali Fewzi Rebaïne et Moussa Touati ont été retenus pour «s’affronter» à partir du 23 mars prochain.

La liste finale des candidats à l’élection présidentielle du 17 avril prochain est enfin connue. Parmi les 12 postulants ayant déposé leurs dossiers, le Conseil constitutionnel n’en a retenu que six. Sans surprises, il s’agit de Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis (candidats libres), de Moussa Touati (président du FNA), Louisa Hanoune (SG du PT), Ali Fewzi Rebaïne (président de AHD54) et Abdelaziz Belaïd (président du Front El Moustakbal).

Rien de nouveau donc, par rapport aux deux dernières présidentielles de 2004 et 2009, si l’on excepte la validation de la candidature de Abdelaziz Belaïd, le plus jeune des six candidats.

Comme en 2004 et en 2009, il n’y a qu’une seule femme candidate, Louisa Hanoune, qui postule malgré les résultats maigres qu’elle a réalise lors des deux précédentes échéances.

Moussa Touati et Ali Fewzi ebaïne étaient de la partie en 2009. De ce fait, leur présence le 17 avril n’aura pas d’incidence sur le scrutin. Ils feront juste de la figuration. Battus en 2009 par Bouteflika, avec des scores humiliants, Moussa Touati, Ali Fewzi Rebaïne et Louisa Hanoune ne pourront prétendre à meilleur rôle que celui de porter le nombre des candidats à six.

Comme aussi en 2004, la bataille de ce printemps sera concentrée entre les deux camps représentant Bouteflika et Ali Benflis. L’un comme l’autre ont des bases électorales et partisanes incontestables. Bouteflika, dont la candidature à un 4e mandat est contestée par des pans entiers de la société, part avec l’avantage et non des moindres d’avoir placé ses hommes les plus fidèles à la tête des institutions intervenant directement dans l’organisation du scrutin. Il bénéficie du soutien des grosses machines électorales, le FLN et le RND, à qui il faut ajouter quelques partis qui gravitent autour, comme le TAJ de Amar Ghoul et le MPA de Amara Benyounès. Les partisans de Bouteflika, déployés dans toute l’Algérie, ne jurent que par la victoire. Mais contrairement à 2004 et 2009, les comités de soutien ne se bousculent pas au portillon de la candidature de Bouteflika.

De l’autre côté, Ali Benflis ne compte pas se laisser faire. Ni encore moins accepter de jouer le rôle de lièvre. Avant l’annonce de sa candidature, des centaines de comités de soutien ont été créés. Conscient de la situation, il fait de la lutte contre la fraude électorale son cheval de bataille. Il appelle ses partisans, eux aussi, déployés dans tout le pays, à faire barrage à ce phénomène qui a marqué toutes les échéances électorales que l’Algérie a organisées.

Aux tenants de cette fraude, il promet une «cuisante défaite», tout en comptant sur ses partisans et les électeurs pour leur faire barrage. Il a déjà expliqué qu’il n’observera pas la même position que celle de 2004, en cas où les urnes seront menées par la fraude. «Je ne vais pas me taire», a-t-il menacé.

Benflis bénéficie également du soutien de plus de 20 partis politiques, de plusieurs organisations de la société civile et de personnalités nationales. Des partis de la mouvance islamiste se sont déclarés de son côté. Il puise aussi dans l’ex-parti unique. Les choses ne sont donc pas moins «prometteuses» pour l’ancien chef de gouvernement. En tout état de cause, vu les déclarations dangereuses des uns et les mises en garde des autres, ainsi que les appels des boycotteurs et des opposants au 4e mandat, les choses s’annoncent éprouvantes pour l’Algérie.

A 33 jours de la date du scrutin, les Algériens, dans les villages et les villes, vivent sous la crainte de voir cette élection accoucher d’une crise sans issue, dont les germes sont déjà ensemencés par les tenants du pouvoir absolu. Une chose est cependant sûre: le danger de dérapage est là.