Les choses sérieuses vont commencer
En 1962, le pays avait au moins 10 personnalités présidentiables. Après 50 ans d’indépendance, on peine à trouver une seule personnalité capable de présider aux destinées du pays. Terrible échec!
Fin de la récréation pour le FLN et le RND. Les mouvements et les contre-mouvements de redressement, les communiqués et les déclarations intempestives cessent comme par magie et les hostilités prennent fin, le temps d’un rendez-vous électoral. Place donc à la présidentielle. Le compte à rebours a commencé pour ce rendez-vous déterminant de 2014 que les deux partis majoritaires doivent porter. Depuis hier, on a appris que le FLN tiendra finalement la réunion de son comité central et que le 4e congrès du RND a été avancé au mois de septembre au lieu de décembre. Après de longues tergiversations, le coordinateur du bureau politique (BP) du FLN, Abderrahmane Belayat, lâche du lest et se résigne à organiser une réunion du comité central du parti le 29 du mois en cours. De même que le RND a avancé la tenue de son 4eme congrès auparavant programmée pour les 26, 27 et 28 décembre prochain. De sources crédibles rapportent que tout sera ficelé d’ici la fin du mois de septembre. En d’autres termes, les deux partis se fixeront sur le candidat du consensus que présentera le système et qui sera porté par les deux formations politiques. La rentrée sociale et politique s’annonce sur les chapeaux de roue. Un avant-goût de ce que seront les prochaines semaines est donné par une brusque accélération de l’actualité, fruit de palabres estivals et de travail de coulisses. Le FLN et le RND se placent sur la ligne de départ pour l’élection de 2014. Mais à moins de huit mois de cette échéance, l’Algérie a-t-elle les moyens de «fabriquer» un président? Il restera très peu de temps aux deux partis pour se préparer, assainir leur situation interne, secouer leurs structures longtemps paralysées et gagnées par le pourrissement avant de céder la place aux gourous de la communication, capables de faire admettre à l’opinion publique le candidat. Quel candidat? Quel profil aura-t-il? Mystère et boule de gomme. Depuis que l’actuel président a signifié qu’il ne rempilera pas pour un quatrième mandat. Les appétits se sont aiguisés. En affirmant «tab djenan na» (notre génération est finie, Ndlr), dans son discours du 8 mai 2012 à Sétif, M.Bouteflika a compris que quand l’heure a sonné, il est inutile de vouloir bricoler le balancier de l’horloge biologique. Adieu la légitimité historique! Nous avons au moins un élément de réponse, mais loin d’assouvir notre curiosité: le futur président de l’Algérie ne sera pas issu de la génération qui a participé à la guerre de Libération nationale. Mais la scène politique ne foisonne pas en candidats présidentiables. Sur ce plan, l’Algérie a complètement échoué. Qu’on en juge: en 1962, le pays avait au moins 10 personnalités présidentiables et une trentaine d’autres ministrables. Après 50 ans d’indépendance on peine à trouver une seule personnalité capable de présider aux destinées du pays. Quel terrible échec! Qui? L’ancien secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem? Rejeté par son parti et les cercles décisionnels, M.Belkhadem est en très mauvaise posture pour cette échéance. Ali Benflis? Sa candidature en 2004 contre Bouteflika lui a imprimé une image de looser, même s’il n’a pas encore abattu toutes les cartes. Technocrate avéré, on reproche à l’ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, un manque flagrant de réseaux et de relais. Les spéculations dans les milieux politiques vont bon train entre Mouloud Hamrouche. Homme d’action et de réformes, il traîne lui de, l’autre côté de la balance le boulet de sa connivence, en 1991, avec le FIS dissous. Reste Ahmed Ouyahia. Ce dernier avait déjà annoncé la couleur en faisant sienne la sentence de l’ancien président français, Giscard d’Estaing que «la présidence de la République est la rencontre d’un homme avec son destin». Enarque, homme de poigne, de réseaux et surtout de dossiers, M.Ouyahia, 62 ans, peaufine sa stratégie dans l’ombre. Vous voulez être entendu? Alors, taisez-vous. Ce n’est pas véritablement le silence, mais la diète. Toujours la rareté, ce ressort du désir. Il s’est manifesté il y a quelques mois à Oran pour rappeler qu’il est un soldat toujours en service. Le reste sera l’oeuvre de spécialistes en marketing politique qui peuvent installer une personnalité au coeur de la vie politique, non pas comme un simple produit de consommation courante, vite posé, vite oublié, mais comme une «marque» destinée à durer et à être déclinée au moment opportun. Là encore nous manquons d’un «Jacques Séguala» algérien. Que de chantiers, que de terrains vierges en Algérie!