Le siège du FLN
Qu’ils soient partisans ou opposants de Saâdani, les militants du parti ne dissimulent pas leur désarroi face à une telle situation de scission.
C’est l’inquiétude totale! La situation de crise au sein de l’ex-parti unique fait craindre le pire. A quelques heures de la tenue du Xe congrès, prévu aujourd’hui à la Coupole Mohamed -Boudiaf, les militants retiennent leur souffle. «On ne sait plus ce qui va se passer», se plaignent de nombreux cadres qui ont peur pour leur parti. «On va vers l’inconnu», affirment à l’unanimité des parlementaires croisés ces derniers jours. Qu’ils soient partisans ou opposants de Saâdani, les militants du parti ne dissimulent pas leur désarroi face à une telle situation de scission.
Devant l’entêtement de la direction de Saâdani à tenir le congrès coûte que coûte, les adversaires s’acharnent et promettent de tout faire pour contrecarrer cette action.
Les uns attaquent, les autres contre-attaquent en offrant un spectacle inédit à l’opinion publique. Jamais le FLN n’a connu une telle situation.
L’ex-parti unique vit, sans doute, l’un des pires moments de son existence.
Une situation qui a poussé les partisans de la thèse du «FLN au musée» à relancer le débat. Ebranlé par des luttes intestines, le parti majoritaire risque sérieusement de perdre du terrain au moment où la conjoncture impose plus de rigueur et de vigilance. Ce parti, connu pour être l’appareil du pouvoir, accentue les incertitudes et donne une mauvaise image du pays. «Quand ça va mal au FLN, cela traduit que rien ne va au niveau supérieur», affirme un vieux routier de la politique.
Devant l’absence de l’intervention du président du parti, les deux ailes se sont livrées une guerre de tranchées. Ces derniers jours, le malaise a atteint son pic au point de gagner même les institutions de l’Etat.
La scission dépasse la base pour atteindre le sommet du parti et ses structures au sein des institutions.
La création d’un groupe politique FLN au sein de l’APN est un signe qui ne trompe pas sur les dégâts que peut engendrer le parti à l’APN. En raison de ce conflit, l’APN a connu lundi dernier un véritable coup de théâtre. Près d’une centaine de députés opposants à la direction de Saâdani ont crié haut et fort le départ de Saâdani de la tête du FLN et ils ont contesté la violation du règlement intérieur du parti. Devant la démonstration de force, le chef du groupe parlementaire Mohamed Djemai était pressé de lever la réunion convoquée pour faire une motion de soutien au chef de file.
Le même jour, des dizaines de militants se sont rassemblés dans la matinée devant le siège national du parti à Hydra, en réponse à l’appel de la cellule de crise installée récemment par les principaux opposants au secrétaire général.
Leur principale revendication: l’annulation pure et simple du congrès dont le début des travaux est fixé par M.Saâdani pour aujourd’hui.
Les protestataires ont dénoncé ce qu’ils appellent «les dérives totalitaires» du secrétaire général qui ne respecte pas les textes du parti. Or, tout ce tapage n’a pas perturbé le secrétaire général du parti. Ce dernier a même eu gain de cause dans la plainte déposée par ses adversaires autorisant la tenue du congrès.
Malgré la décision du tribunal de Bir Mourad Raïs, les opposants ne vont pas lâcher prise. Ce qui est sûr c’est que le rendez-vous d’aujourd’hui ne passera pas sans dégâts pour Saâdani. Ce dernier peut renouer avec le casse-tête des rassemblements dans les prochains jours.
Ses adversaires vont mobiliser toute la base pour déstabiliser les structures créées par la direction actuelle. Autrement dit,un autre épisode de prise d’armes est attendu.