BETHLEEM, Cisjordanie (AFP) – Le Congrès du Fatah devait élire dimanche sa nouvelle direction après avoir affirmé la veille son attachement à « l’option d’une paix juste » tout en soulignant la légitimité de la « résistance ».
Cette allusion à un recours à une lutte violente, si le processus de paix devait être enterré, doublée d’un refus de reconnaître Israël comme Etat juif, a suscité dimanche des vives critiques de ministres israéliens.
Réunis à Bethléem, en Cisjordanie, les quelque 2.000 délégués ont à choisir 18 candidats parmi 95 se présentant au Comité central et 80 autres parmi plus de 500 briguant une place au Conseil révolutionnaire.
Ces deux instances comptent respectivement 21 et 120 membres, et les non élus doivent être cooptés ou désignés.

Le scrutin, reporté à plusieurs reprises, devait démarrer l’après midi, pour se poursuivre jusque tard dans la soirée.
Samedi, au cinquième jour de ce Congrès sans précédent en 20 ans, le Fatah a réélu à l’unanimité à main levée le président Mahmoud Abbas à la tête du parti laïque et confirmé samedi ses orientations traditionnelles.
Dans sa plate-forme politique, le Fatah rappelle « son attachement à l’option d’une paix juste, mais réitère le droit du peuple palestinien à la résistance contre l’occupation, conformément à la loi internationale ».
Il indique aussi que « le Fatah reste fidèle aux martyrs et aux prisonniers, et exprime son attachement aux constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la terre et de Jérusalem, le démantèlement de la colonisation et le retour des réfugiés » palestiniens.
« Nous refusons de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif afin de protéger les droits des réfugiés (palestiniens) ainsi que ceux des Palestiniens de l’autre côté de la +ligne verte+ », stipule ce texte en référence à près de 1,3 million de citoyens arabes d’Israël.
Les Palestiniens craignent notamment qu’une reconnaissance du caractère juif de l’Etat, réclamée par Israël, revienne à renoncer au « droit au retour » des réfugiés de 1948.
« Il n’y a aucun changement sur le fond. Nous avons adopté la voie des négociations pour atteindre nos objectifs, et réitéré que nous aurons recours à toutes les formes de lutte pour en finir avec l’occupation », a expliqué à l’AFP Hossam Khader, un jeune délégué du Fatah.
Il n’empêche que la classe politique israélienne s’est élevée contre ce programme.
« Le Congrès du Fatah est décevant et non prometteur, car au Proche-Orient, il n’y a pas d’autre moyen que de s’asseoir pour conclure un accord sur un programme de paix », a réagi dimanche devant des journalistes le ministre israélien de la Défense, le travailliste Ehud Barak.
Pour le ministre de l’Environnement du parti Likoud (droite) au pouvoir, Gilad Erdan, le programme montre « une absence de volonté de parvenir à un accord avec Israël ».
Le Fatah monopolisait le pouvoir au sein de l’Autorité palestinienne avant d’être battu aux législatives en 2006 par le mouvement islamiste Hamas qui l’a ensuite délogé par la force de la bande de Gaza en 2007. Son pouvoir se limite, depuis, à la Cisjordanie occupée par l’armée israélienne.
Son déclin s’est accéléré depuis la mort en 2004 de son fondateur et chef historique Yasser Arafat, auquel M. Abbas a succédé à la tête du Fatah et de l’Autorité palestinienne.
L’administration américaine tente d’amener M. Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la table des négociations, les discussions de paix israélo-palestiniennes demeurant depuis plusieurs années au point mort.