En déboutant Abderrahmane Belayat et les contestataires, le Conseil d’Etat conforte indiscutablement l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saadani.
Il lui confère la légitimité que lui contestent ses détracteurs, tout comme il légitime, par ricochet, toutes les décisions prises lors du Comité central tenu fin août à la faveur duquel il a été intronisé à la tête du parti. Ainsi, Amar Saadani vient de gagner une nouvelle bataille qui lui permet de renforcer son emprise sur l’appareil du parti.
Cette victoire est d’autant éclatante pour lui qu’elle intervient au lendemain d’une salve d’une soixantaine de membres du Comité central qui, de guerre lasse, ont réitéré leur rejet des dernières résolutions du CC tenu à l’hôtel Aurassi.
Dans un communiqué rendu public, ces contestataires ont dénoncé ce qu’ils qualifient de « dangereuses violations » dont notamment « l’absence de validation de la présence des membres du CC par l’huissier de justice et absence de vérification de la validité des procurations ainsi que la présence importante d’intrus ».Aussi, rejettent-ils « les conditions de sélection des membres du bureau politique » et dégagent leurs responsabilités des attaques proférées par Saadani «contre les institutions de l’Etat».
Ces contestataires appellent, enfin, Belayat à convoquer une session du comité central. Mais le peut-il réellement ? En lançant l’appel mercredi, les contestataires suggèrent qu’ils étaient probablement au parfum de la décision du Conseil d’Etat. Et ce qui apparait désormais comme une manœuvre visait certainement à influencer la décision de cette instance. Peine perdue. Reste à savoir alors quelle attitude adopteront les contestataires, maintenant qu’ils ont perdu la bataille juridique. Belayat promet de continuer le combat contre Saadani et ses « sponsors ».
Des propos lourds de sens qui sous-tendent que la bataille n’est pas réductible simplement à des questions de légitimité ou de contrôle de l’appareil autant qu’elle charrie des enjeux politiques importants. Et comme le hasard n’existe pas en politique, il est permis de lier ce nouveau bras de fer avec le changement opéré à la tête de la Cour suprême dont on susurre que l’ex président serait hostile à Saadani et avec la multiplication des comités de soutien à la candidature d’Ali Benflis.
Confronté à un verrouillage juridico-administratif, les contestataires n’ont qu’un seul choix désormais : se ranger, avec la mort dans l’âme, derrière Saadani ou opter au jusqu’au-boutisme avec les divisions qui planent avec la probable candidature de Benflis. Mais incontestablement, le FLN est au bord de l’implosion.
Sofiane Tiksilt