Le campus de Damas après les tirs des rebelles occasionnant la mort de 15 étudiants
L’Iran a jugé «hâtive et irrationnelle» la décision du Qatar d’autoriser l’opposition syrienne à ouvrir une représentation diplomatique à Doha.
Le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, a dénoncé hier une «escalade» des opérations des rebelles à Damas, au lendemain de la mort de 15 étudiants dans des tirs d’obus sur un campus de la capitale. «Les attaques des terroristes contre les quartiers résidentiels, les écoles, les universités et les hôpitaux par des tirs d’obus de mortier sont une exécution d’ordres venus de l’extérieur pour mener une escalade terroriste d’envergure», a déclaré le ministre à la télévision publique syrienne. Selon lui, le but de cette escalade est «de faire croire que les terroristes attaquent le centre de la capitale (…) ou qu’ils sont tout près de réaliser l’objectif de leur agression contre la Syrie». «L’armée, le peuple et le commandement de ce pays ont pris la décision décisive de défendre le pays jusqu’à la dernière minute», a-t-il assuré. Au moins 15 étudiants ont été tués jeudi par des obus de mortier à la faculté d’architecture, près de la place ultra-sécurisée des Omeyyades dans le centre de Damas, selon la télévision publique. Les tirs d’obus et de roquettes par les insurgés se sont multipliés ces dernières semaines sur Damas, dont l’armée tente de neutraliser les poches rebelles à la périphérie et d’empêcher les combattants d’avancer dans la capitale. Selon M.Zohbi, les ordres pour mener une escalade proviennent «du Qatar, de la Turquie et de certains services de renseignements arabes et occidentaux qui tentent désespérément de faire tomber l’Etat syrien». Depuis le début de la rébellion en Syrie, qui s’est militarisée, Damas accuse l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie voisine de financer et d’armer les rebelles, qualifiés de terroristes par Bachar al-Assad. Le ministre syrien a de nouveau critiqué la décision lundi de la Ligue arabe d’accorder le siège de la Syrie à l’opposition syrienne, accusant Doha de «se comporter à l’égard de la Ligue arabe comme s’il s’agissait de l’une des compagnies de l’émir qatari». Damas avait déjà estimé mercredi que la décision de la Ligue arabe l’empêchait désormais de prendre part à un règlement du conflit qui a fait, selon l’ONU, plus de 60.000 morts depuis mars 2011. Dans ce contexte, un responsable de la diplomatie iranienne a jugé «hâtive et irrationnelle» la décision du Qatar d’autoriser l’opposition syrienne à ouvrir une représentation diplomatique à Doha, a rapporté hier l’agence de presse Irna. «Le geste théâtral du Qatar de donner l’ambassade de Syrie à un groupe n’ayant pas les suffrages du peuple est hâtif et irrationnel», a déclaré le ministre adjoint des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, estimant que «le peuple syrien ne permettra pas à d’autres de décider du sort du pays». «Il est dans l’intérêt du Qatar d’arrêter d’agir de façon si hâtive…», a ajouté le responsable, chargé des pays arabes et africains au sein du ministère, cité par Irna. Le chef démissionnaire de la Coalition nationale syrienne, Ahmed Moaz Al-Khatib, et le ministre d’Etat des Affaires étrangères du Qatar, Khaled Al-Attiya, ont inauguré mercredi l’ «ambassade de la Coalition nationale syrienne», dont les bureaux ont été offerts par Doha, dans une villa du quartier diplomatique de la capitale. L’ambassade de Syrie est pour sa part fermée. Le Qatar a octroyé le siège de Damas au sein de la Ligue arabe à la Coalition de l’opposition syrienne, lors du 24e sommet de la Ligue des Etats arabes organisé récemment à Doha. Sur le terrain, les rebelles syriens ont pris le contrôle de Daël, une importante ville de la province de Deraa (sud), après une série d’avancées dans cette région proche de la Jordanie, a annoncé hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme basé en Grande-Bretagne). «Les rebelles ont pris le contrôle de Daël après avoir détruit trois barrages de l’armée aux entrées de la ville située sur la route principale reliant Deraa à Damas», a indiqué l’Osdh. Au cours des dernières 24 heures, au moins 15 rebelles et un citoyen-journaliste travaillant avec eux ont été tués dans les combats à Daël, ainsi que 12 soldats et 10 civils, dont un enfant, selon la même source.