Le conflit au Soudan du sud entre dans son deuxième mois, Combats de rue à Malakal

Le conflit au Soudan du sud entre dans son deuxième mois, Combats de rue à Malakal

La ville stratégique de Malakal, chef-lieu de l’Etat pétrolier du Haut-Nil fait l’objet de combats acharnés

Selon l’ONU, qui a évoqué des batailles de chars, certains des 20 000 civils réfugiés dans le complexe local des Casques bleus ont été blessés par des balles perdues.

L’armée et les rebelles sud-soudanais s’affrontaient hier dans les rues de la stratégique ville pétrolière de Malakal, alors que le conflit dans le jeune pays entrait dans son deuxième mois. Les affrontements pour le contrôle de cette cité stratégique, capitale de l’Etat du Haut-Nil (nord-est), semblent être parmi les plus intenses depuis que les combats ont débuté au Soudan du Sud, le 15 décembre. «Il y a des combats intenses à Malakal», a confirmé le porte-parole de l’armée, Philip Aguer.

Selon lui, les rebelles menés par l’ancien vice-président Riek Machar, contrairement à ce qu’ils disent, ne contrôlent pas la capitale régionale. Ils avaient lancé une nouvelle attaque mardi pour tenter de s’emparer de la ville, qui a déjà changé de mains deux fois depuis mi-décembre. Selon l’ONU, qui a évoqué des batailles de chars, certains des 20.000 civils réfugiés dans le complexe local des Casques bleus ont été blessés par des balles perdues. La mission onusienne a précisé soigner des «dizaines de patients».

Selon des sources humanitaires et des analystes, ce conflit, parti d’une rivalité entre le président Salva Kiir et son ex-vice-président limogé en juillet, pourrait avoir déjà fait 10 000 morts, dont au moins 200 civils noyés dans le naufrage du bateau avec lequel ils fuyaient les combats à Malakal. Quant aux déplacés, les Nations unies les estiment à 400.000, dont des dizaines de milliers ont trouvé refuge dans des pays voisins, notamment en Ouganda.

Nombre d’habitants fuient des affrontements à caractère ethnique opposant la tribu dinka du président Salva Kiir aux Nuer de son rival Riek Machar. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a aussi accusé l’armée et les rebelles de voler des «stocks de nourriture et autres matériels humanitaires».

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies a affirmé qu’au moins 10% de son stock de nourriture avait été pillé, l’équivalent d’un mois d’aide pour 180.000 personnes. L’armée sud-soudanaise essayait également toujours hier de reprendre la ville de Bor, capitale de l’Etat chroniquement instable du Jonglei (est). Philip Aguer a répété ce qu’il affirme depuis une semaine: les troupes sud-soudanaises «marchent sur Bor».

Dans cette zone, «la ligne de front est pour l’instant calme ce matin, mais des heurts peuvent éclater à n’importe quel moment», a-t-il estimé. Parallèlement aux combats, les deux parties tentent depuis 10 jours de s’entendre sur l’instauration d’un cessez-le-feu. Elles discutent dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba sous l’égide de pays d’Afrique de l’Est, mais les pourparlers butent notamment sur la question de la libération de 11 personnes proches de Riek Machar, emprisonnées au début des combats. Mardi soir, le ministre sud-soudanais de l’Information, Michael Makuei, était optimiste sur la possibilité que les deux parties «se mettent d’accord sur la fin des hostilités», mais les rebelles insistent toujours sur le fait que la libération des détenus et le cessez-le-feu sont indissociables.

Le gouvernement de Juba martèle depuis le début que ces détenus doivent être jugés. Salva Kiir accuse Riek Machar et ses alliés de tentative de coup d’Etat, ce que ces derniers démentent. Dans un communiqué diffusé hier, Salva Kiir a appelé ses concitoyens à rester unis «dans ce moment sombre», promettant de «vaincre à jamais les rebelles». L’ambassadeur de Chine à Addis-Abeba, Xie Xiaoyan, a exprimé le même voeu hier matin. Pékin possède d’importants intérêts dans le secteur pétrolier sud-soudanais. L’Ouganda, qui a déployé des troupes au Soudan du Sud, officiellement pour évacuer ses ressortissants, a décidé mardi d’encore renforcer sa présence militaire. Cette présence est controversée, les rebelles accusant Kampala de prendre clairement partie pour le camp du président Kiir.