Le conflit a débordé hors de ses frontières : La Libye coupée du monde

Le conflit a débordé hors de ses frontières : La Libye coupée du monde
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Ces batailles militaires, les plus violentes depuis le printemps de Benghazi, sont la conséquence de luttes d’influence qui ont replongé le pays dans la guerre civile.

Des aéroports endommagés, celui de la capitale et de Misrata, à l’est, et c’est toute la Libye qui est coupée du monde depuis une semaine. Les combats de cette semaine ont suscité l’inquiétude de la communauté internationale et poussé l’ONU à évacuer sa mission en Libye. Dimanche encore, la délégation de l’UE en Libye a souligné sa préoccupation face à un “conflit prolongé”. Les voisins de la Libye n’en pensent pas moins, redoutant des débordements sur leurs frontières.

90% de la flotte aérienne civile de la Libye est endommagée depuis que les milices ont transposé leur guerre sur les tarmacs. Une coalition de groupes armés islamistes et de bataillons de la ville “révolutionnaire” de Misrata, à 210 km à l’est de Tripoli, tentent d’arracher à coups d’obus de mortier, de roquettes et aux canons de chars les principaux aéroports et les banlieues ouest de Tripoli, entre les mains des brigades de Zintan depuis la fin de la chute de Kadhafi en 2011.

Ces batailles militaires, les plus violentes depuis le printemps de Benghazi, sont la conséquence de luttes d’influence qui ont replongé le pays dans la guerre civile. La nouvelle guerre, qui a rallumé tous les conflits post-Kadhafi, a déjà débordé sur l’Egypte où un récent attentat faisant une douzaine de mort est, plus ou moins, attribué à la crise du voisin Libyen. La conférence sur la Libye tenue en début de semaine aura été un coup d’épée dans l’eau, les principaux protagonistes de la guerre n’ayant pas pris part.

Pour certains faute de moyens de transport, pour d’autres pour raisons sécuritaires et, pour d’autres encore par volonté de ne pas éteindre le feu. Dépassées par les évènements, les autorités libyennes n’ont-elles pas indiqué qu’elles envisageaient de faire appel à des forces internationales pour rétablir la sécurité dans le pays ? S’adressant au Conseil de sécurité de l’ONU à New York, le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, a ainsi demandé jeudi l’aide de l’ONU pour former les forces de sécurité libyennes afin qu’elles puissent protéger les infrastructures essentielles, notamment les aéroports et les installations pétrolières.

“Si la Libye devenait un État en déliquescence, aux mains de groupes radicaux et de seigneurs de guerre, les conséquences seraient profondes et peut-être irréversibles”, a-t-il averti. La France, qui a entraîné le reste du monde occidental dans “sa guerre” contre le régime de Kadhafi, après que celui-ci fut accueilli en grande pompe à l’Elysée avec sa tente et sa smala féminine, a dit avoir “pris note” de l’appel du gouvernement libyen, en précisant qu’il revenait avant tout à l’ONU de l’examiner. Des voix se sont également prononcées à Tripoli pour la “mise sous tutelle internationale” de la Libye, minée par l’anarchie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi.

D. B.