Le Premier ministre a confirmé aujourd’hui la décision prise par le CPE le 10 juillet dernier, et rapportée le lendemain en exclusivité par L’Econews, de reprendre en main les destinées du complexe sidérurgique d’El Hadjar, détenu jusqu’à présent à 70% par l’indien ArcelorMettal.
Ainsi donc, l’Etat algérien fait valoir son droit de préemption, institué par la loi de Finances complémentaire pour 2009 et applique la règle des 49/51%. Un droit de préemption longtemps clamé par les travailleurs d’ArcelorMettal qui n’ont eu de cesse d’entrer en conflit avec leur employeur.
En effet, il ne se passait pas deux mois sans que les rédactions ne reçoivent des communiqués émanant des représentants syndicaux, annonçant soit une grève, soit le blocage de l’usine et son interdiction d’accès pour les dirigeants du complexe. La reprise du complexe d’El-Hadjar majoritairement par l’Etat ne signifie nullement que le Trésor public devra débourser pour racheter les 21% des actions. Il s’agira plutôt de l’augmentation du capital de Sider. Par conséquent, point de transfert d’argent.
Arcelor Mittal détenait 70% du capital du complexe d’El Hadjar, contre 30% pour le groupe Sider. Un partenariat conclu en 2001 et en contrepartie duquel le gant indien devait consentir des investissements pour la réhabilitation des fours et autres ateliers. Dans l’accord liant l’ex-Ispat au gouvernement algérien, présidé à l’époque par Ahmed Ouyahia, il était prévu des clauses de garanties disposant que cette multinationale devait atteindre une production de 1,5 millions de tonnes d’acier liquide par ans durant ses trois premières années. Cependant, en 12 ans, Arcelor Mittal n’a même été capable d’arriver à 800.000 tonnes an. Les clauses du contrat stipulent la préservation des postes d’emplois des 12.000 travailleurs à l’époque où Ispat avait pris la destinée du site sidérurgique. Aujourd’hui, il n’en reste que 5500.
Mieux, le géant de l’aciérie a commencé à se débattre dans des difficultés financières, conséquences entre autres de la crise mondiale. A telle enseigne qu’Arcelor Annaba n’était plus en mesure d’accomplir une obligation légale, à savoir le paiement de ses salariés en février dernier. L’entreprise avait même annulé un contrat passé de 67 milliards de centimes avec Pionner Steel qui devait lui fournir des déchets ferreux. Mais aussi, commencé à fermer plusieurs sites et usines en Europe et ailleurs dans le monde.
Avec le droit de préemption opposé par l’Algérie, le complexe d’El Hadjar sera dirigé par un cadre algérien. Le capital de l’entreprise sera doublé. Il passera de 150 à 306 millions de dollars. Et d’après les prévisions du département del’industrie, la production pourrait atteindre 2,2 millions de tonnes d’acier d’ici 2017. Alors que selon certaines autres estimations, les besoins de l’Algérie sont de 5 millions de tonnes en 2020 et 8 millions de tonnes dix ans plus tard
Par Faouzia Ababsa