Le commerce informel en débat entre les experts et l’administration «Les transactions frauduleuses coûtent 155 milliards DA à l’économie nationale»

Le commerce informel en débat entre les experts et l’administration «Les transactions frauduleuses coûtent 155 milliards DA à l’économie nationale»

«La fonction importation et distribution des biens et marchandises a investi les opérateurs privés sans infrastructures d’où l’émergence de pratiques frauduleuses et anti concurrentielles à l’origine d’une prolifération d’une économie parallèle», a notamment déclaré, hier à l’hôtel Hilton, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, à l’ouverture du colloque international sur l’économie informelle en Algérie, placé sous le thème «Les pistes d’une transition vers la formalisation».

Cette rencontre organisée par le Cercle d’action et de réflexion sur l’économie (CARE), a réuni d’éminents experts et spécialistes des questions inhérentes à l’économie souterraine et au commerce du marché noir qui prend une ampleur sans précédent en Algérie ces derniers temps, au point où des quartiers et ruelles sont carrément squattés par les commerçants illégaux.Ainsi, le ministre a souligné que «les objectifs occultes de gains faciles et d’évasion fiscale sont un phénomène affectant plusieurs directions et secteurs d’activités économiques, à savoir les services, les industries de transformation, l’agriculture et le commerce extérieur, et bien d’autres secteurs économiques névralgiques de gros et de détail».



Pour lui, «les activités d’investigation du ministère du Commerce ont fait une découverte de transactions frauduleuses sans registre du commerce d’un montant de 155 milliards DA. Ce qui met en péril les fondements de l’économie nationale». M. Benbada a dit que durant l’année 2011, pas moins de 1,5 million de commerçants sont inscrits au Centre national du registre du commerce dont 91 % sont des personnes physiques tandis que l’Office national des statistiques fait état de l’existence de 4,3 % de commerçants, soit un ratio de un commerçant pour 23 habitants. La seule wilaya d’Alger compte 13 % du nombre global inscrit au registre du commerce.Bien entendu, l’Etat algérien veut dynamiser l’outil de production afin de promouvoir l’emploi et lutter contre les effets dévastateurs de l’économie informelle et le contrôle des fraudes qui freinent toute croissance économique, selon le ministre.Il préconise même de dresser un état des lieux en utilisant les expériences des autres pays pour éradiquer les aspects négatifs de ce phénomène. Cependant, la situation sur le terrain montre que le commerce informel est dominant, diffus et insaisissable, tant la prolifération des commerçants informels est visible partout. Récemment, et à titre d’exemple, alors que la législation nationale interdit formellement l’importation et la vente des produits pyrotechniques, notamment des pétards, de nombreux petits commerçants ont commercialisé des pétards et autres produits dangereux sur le marché domestique. Les conséquences ont été désastreuses et catastrophiques pour les citoyens. En effet, plusieurs accidents ont été dénombrés, tels que le déchiquetage et la défiguration de personnes dus au lancement des pétards durant la fête du Mouloud.A titre d’exemple, un jeune enfant de 12 ans a eu le bras laminé et découpé en raison d’un pétard qu’il a ramassé dans la rue. Un autre enfant a été gravement blessé à l’œil dont il a perdu l’usage.Dans cet ordre d’idées, Benbada, a dit que nos ruelles et nos rues, ainsi que les entrées d’immeubles sont envahis par les commerçants informels.

Pour sa part, Hernando de Soto, spécialiste péruvien de l’économie souterraine et du commerce informel, a souligné «la nécessité de mettre en adéquation le droit que le gouvernement produisait pour lutter contre le marché parallèle, sachant qu’il existe un bon droit aux Etats-Unis d’Amérique et en Occident, et un mauvais droit dans les pays du tiers monde, comme au Pérou».

Par : Amar Aouimer