Le commerce hors-hydrocarbures…se meurt

Le commerce hors-hydrocarbures…se meurt

Pour un dollar, l’Algérie importe 20 dollars dans le cadre de l’accord d’association avec l’UE

L’accord d’association avec l’Union-européenne (UE), mis en place en 2005, a été préjudiciable à l’économie algérienne, dénoncent des responsables algériens. Pour 1 dollar exporté vers l’UE, l’Algérie importe pour 20 dollars, selon les statistiques officielles. Cet accord à deux vitesses…se meurt.

A l’unanimité, les pouvoirs publics algériens dénoncent le non-respect par l’UE de ses engagements, alors que certains sons de cloches européens incriminent l’Algérie de n’avoir pas respecté le contrat initial, surtout celui portant sur les ristournes du gaz…etc.

Hier, à Alger, une étude a été présentée et fait état que la mise en œuvre de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE a entraîné «un creusement du déficit commercial hors-hydrocarbures» en Algérie.

Les concepteurs de cette étude révèlent que sur le plan macroéconomique, l’accord d’association n’a pas entraîné de modification de la dynamique d’échanges entre l’Algérie et l’UE.

Notons aussi que cette étude a été élaborée par le Programme d’appui à la mise en œuvre de l’accord d’association (P3A) et dont les grands axes ont été rendus publics lors d’un point de presse par le directeur de ce programme, Aissa Zelmati. Des institutions étatiques comme les Douanes, la Banque d’Algérie et le Ministère du Commerce ont collaboré à cette étude, déclare Aissa Zelmati.

En somme, elle vise à faire une première évaluation de la mise en œuvre de cet accord. Elle relève que globalement, la part de l’UE dans les importations de l’Algérie «a très légèrement diminué entre 2002 et 2007».

Les répercussions de cet accord sur le plan macroéconomique se sont également traduites par un manque à gagner sur les recettes fiscales et douanières de l’Algérie, en raison de l’application du démantèlement tarifaire, dira-t-il. Néanmoins, le démantèlement tarifaire appliqué aux produits importés de l’UE n’a engendré «ni détournement ou dérivation du flux des échanges, ni création supplémentaire de commerce», selon l’étude.

L’étude d’évaluation conduite par des experts indépendants durant l’année 2009 a noté également «une insuffisante ouverture des entreprises nationales à la concurrence internationale».

Toutefois, ces experts relèvent que des potentialités existent en matière d’exportation de produits algériens vers l’Europe, mais les entreprises algériennes doivent encore acquérir une véritable culture d’exportation pour être actives sur le marché européen.

Au plan des investissements, l’étude a relevé une «forte augmentation» des investissements directs étrangers d’origine européenne, liée principalement aux secteurs des bâtiments, travaux publics et des hydrocarbures.

Mais l’étude ne se prononce pas sur les effets des mesures récentes adoptées en Algérie, en matière de commerce ou d’investissements étrangers, car les statistiques de 2009 n’étant pas encore disponibles, explique M. Zelmati. Il a précisé que l’étude a recommandé d’entreprendre des analyses régulières de la situation des investissements étrangers en Algérie.

Les concepteurs conclurent -à contrario- qu’il «est encore tôt» de se prononcer objectivement sur les effets réels d’un tel accord, car une évaluation plus précise de ses impacts ne pourra se faire que d’ici 5 ans, soit 10 ans après son entrée en vigueur.

Des études complémentaires sont envisagées pour les domaines qui n’ont pas été évalués avec suffisamment de précision, notamment l’agriculture et la pêche, de même ceux qui n’ont pas été pris en compte comme la coopération environnementale ou le transport.

L’Algérie compte renégocier avec l’UE certaines clauses de cet accord lors du prochain conseil d’association prévu en juin prochain, en vertu d’une clause dénommée clause de rendez-vous.

Les propositions d’amendement relatives à l’aspect commercial de l’accord vont concerner notamment les contingents de produits algériens exportés vers l’UE sans droits de douanes, avait déclaré récemment à l’APS le ministre du Commerce, El Hachemi Djaaboub.

En mai dernier, le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Chérif Zaaf, avait déclaré que l’évaluation préliminaire de la mise en œuvre de cet accord démontre que la balance commerciale hors-hydrocarbures reste très déséquilibrée en faveur de l’UE -avec une faiblesse- des investissements européens. «Pour 1 dollar exporté vers l’UE, l’Algérie importe pour 20 dollars», a-t-il alors indiqué pour illustrer ce déséquilibre.

Par ailleurs, M.Zelmati a fait savoir que l’unité de gestion du programme P3A a enregistré trois appels d’offres pour des projets de jumelage institutionnel d’un coût global de près de 3 millions de dollars. Ils seront financés par l’UE. Il s’agit de jumelages qui vont profiter à la Direction générale des Impôts, au ministère de l’Industrie et de la promotion des investissements et à l’entreprise l’Algérienne des eaux.

Ces projets visent à promouvoir la coopération entre un service public d’un pays partenaire et l’institution équivalente dans un Etat membre de l’UE afin d’améliorer et de moderniser l’institution dans le pays bénéficiaire par le biais de la formation et de la réorganisation.

Trois autres opérations d’assistance technique et d’échange d’informations dans les domaines judiciaire, financier et fiscal -viennent d’entre validées par la commission européenne au profit d’institutions algériennes- et qui vont se dérouler les prochaines semaines, a-t-il encore indiqué.

K.Issam