La position des États-Unis d’Amérique quant à la solution militaire à la crise malienne ne souffre d’aucune ambiguïté. Les USA refusent toute intervention militaire au nord du Mali. Le commandant en chef de l’Africom qui effectue une visite à Alger réitère le soutien de son pays à une solution politique à la crise malienne.
Carter F. Ham, commandant en chef de l’Africom (commandement des forces armées américaines en Afrique) privilégie la solution politique à toute autre solution.
Lors d’une conférence de presse animée, hier, à l’ambassade US à Alger, le commandant en chef de l’Africom considère comme principe de base la mise en place d’un gouvernement légitime à Bamako. Une telle solution ne peut pas se faire sans l’aide et l’adhésion des pays voisins.
Cependant, la position officielle des États-Unis d’Amérique sur le dossier malien ne peut être connue avant que le Conseil de sécurité des Nations unies ne tranche la question. Carter F. Ham a, en revanche, écarté la possibilité de toute présence militaire américaine sur le sol malien. Il laisse entendre que son pays s’opposera à toute résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui ne prend en considération le rétablissement d’une autorité légitime au nord du Mali.
Les déclarations du commandant en chef de l’Africom sonnent comme un désaveu pour Paris qui préconise et appuie la solution militaire au Mali. Carter F. Ham a rappelé la position américaine concernant la résolution sur le nord du Mali et son soutien au peuple malien. Il n’a pas fait dans la litote : «la résolution sur le Mali doit commencer par le rétablissement d’un pouvoir légitime à Bamako».
Les USA appellent à faire participer dans la recherche d’une solution à la crise, tous lés éléments et les acteurs au nord du Mali «exceptés les groupes terroristes». Sur cette question précise, Carter F. Ham ne voit pas d’inconvénient que les islamistes soient au pouvoir au Mali, pour peu que ces derniers rejettent toute forme de violence comme moyen d’accéder au pouvoir.
Pour lui, la résolution du conflit au Mali passe par une distinction entre les «groupes terroristes et ceux qui ne le sont pas». Il a fait savoir que sa visite en Algérie à pour objectif la connaissance de la situation au nord du Mali et savoir justement le rôle de chacune des organisations activant dans cette région (le MNLA, Ançar Eddine, le MUJAO et Aqmi).
Pour répondre à cette problématique, les USA ont engagé un processus formel pour définir lesquels des groupes sont terroristes et lesquels ne le sont pas, a-t-il indiqué. Carter F. Ham estime que la solution sur le Mali incombe, avant tout, aux acteurs régionaux et aux maliens. Avec une telle vision sur la crise au nord du Mali, le commandant en chef de l’Africom s’inscrit en porte à faux avec la vision de la France sur ce dossier.
Paris presse le Conseil de sécurité de l’ONU à voter une résolution sur le Mali autorisant l’intervention militaire comme moyen de règlement de la crise dans ce pays. Sur cette question, les USA et la France ne semblent pas partager la même vision. Carter F. Ham étale au grand jour les divergences de son pays avec la France sur le dossier malien. La position des USA sur le Mali, exprimée par le commandant en chef de l’Africom, rejoint celle d’Alger.
Cependant, il a refusé de commenter la décision des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui envisagent d’envoyer une force militaire constituée de 3 000 hommes au nord du Mali. Il s’est dit qu’il n’est pas en possession de «détails clairs et concrets» concernant cette initiative.
Il a indiqué que son pays «étudiera la question d’une aide militaire internationale au Mali». Pour conclure sur le sujet, Carter F. Ham a estimé que la solution militaire, si elle devrait être préconisée, ne sera qu’une «partie du processus politique global du règlement de la crise malienne»