Le commandant des Forces terrestres d’Africom a réitéré: «Nous n’interviendrons pas au Sahel sauf si…»

Le commandant des Forces terrestres d’Africom a réitéré: «Nous n’interviendrons pas au Sahel sauf si…»

Le commandant des Forces terrestres d’Africom a réitéré, hier, la règle fondamentale selon laquelle l’armée des Etats-Unis ne procéderait à aucune intervention militaire sur le continent africain. Le général major David R. Hogg, qui est présent à Alger dans le cadre d’une visite de travail, a cependant laissé entendre que ce principe pourrait être mis de côté si des ressortissants américains font face à un danger réel.

Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Dans quel cas extrême l’armée américaine interviendra-t-elle militairement au Sahel ? La question a été posée au commandant des Forces terrestres d’Africom, le général major David R. Hogg. L’officier supérieur américain s’est voulu catégorique. «Du point de vue de mon commandement, je peux vous dire qu’il ne peut y avoir d’intervention unilatérale. S’il y a intervention, il faut que la demande soit formulée par un Etat souverain. Mais il ne peut y avoir d’intervention dans le cadre unilatéral», a souligné, hier, le général major David R. Hogg, lors d’une conférence de presse animée au siège de l’ambassade des Etats-Unis à Alger. Le cas de la Côte d’Ivoire, pays qui traverse actuellement une grave crise politique, a été cité en exemple. «Les opérations qui peuvent avoir lieu concerneraient l’évacuation des civils. La demande devra être formulée par l’ambassade des Etats-Unis à travers le département d’Etat. C’est une opération que nous pouvons réaliser dans d’autres pays et pas uniquement en Côte d’Ivoire. Nous pouvons également agir dans le cadre d’une mission de maintien de la paix. Cela devra se faire sous l’égide des Nations unies et de toutes parties prenantes.»

Imaginons maintenant le scénario catastrophe suivant : des diplomates américains présents dans un pays du Sahel sont enlevés et séquestrés par un groupe terroriste. Quelle sera la réaction de l’Africom face à une situation pareille ? «Je dois avant vous dire que nous avons pour principe de ne faire aucune concession aux preneurs d’otages. Après cela, la décision (d’intervention militaire) devra être prise à un niveau élevé du gouvernement américain. En fait, je ne voudrais pas spéculer sur ce genre de situation si je n’ai pas de détails très précis car en matière de prise d’otages, les circonstances varient d’un cas à un autre. Je ne peux pas me prononcer sur des faits qui n’ont pas eu lieu. Je n’ai pas de détails pour vous donner de réponse bien précise», a-t-il souligné. L’officier supérieur de l’armée américaine n’a toutefois pas indiqué si son gouvernement demanderait l’avis du pays concerné avant d’intervenir. Sur un autre plan, le général major David R. Hogg a évité de donner la liste des régions d’Afrique qui représentent une préoccupation pour le commandement de l’Africom. «Je ne voudrais pas citer de noms car cela pourrait être mal interprété. Notre soucis majeur est de définir les meilleurs moyens de participer à la professionnalisation des armées d’Afrique afin qu’elles ne soient pas vues comme des prédateurs

. Les Etats-Unis ne sont pas seuls. Nous travaillons avec les Nations unies et d’autres organismes internationaux afin de promouvoir la paix, la stabilité au niveau de ces Etats africains. Le commandant des Forces terrestres de l’Africom n’omettra pas de saluer le leadership des forces armées algériennes en matière de lutte contre le terrorisme dans la région. «Nous avons beaucoup à apprendre de l’expérience de l’Algérie en matière de lutte antiterroriste. Ma présence à Alger vise à renforcer l’excellente coopération avec l’Algérie. Durant mon séjour, j’ai eu l’occasion de discuter avec le général major Tafer, le commandant des Forces terrestres algériennes, Rezzag Bara, conseillé du président pour la lutte contre le terrorisme, et le général major Senhadji, le secrétaire général du ministère de la Défense nationale», a-t-il expliqué. Dernière précision du général major David R. Hogg : «Il n’y a pas de base de la CIA à Alger.»

Tout, sauf Wikileaks

Avant d’entamer la séance de questions-réponses avec les journalistes, le commandant des Forces terrestres de l’Africom a tenu à faire la précision suivante : «Je sais qu’il y a beaucoup d’entre vous qui souhaitent m’interroger sur les câbles diplomatiques diffusés par Wikileaks. Je tiens donc à préciser que j’ai reçu des ordres de mon commandement pour ne pas parler de ce sujet. A part cela, toutes les questions sont les bienvenues.»

T. H.