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Le dernier des agents consulaires peut aisément confirmer l’historique du demandeur de visas et constater que l’artiste Saïd Hilmi a fait d’innombrables séjours en France.
L’artiste Saïd Hilmi s’est vu refuser un visa d’entrée dans l’espace Schengen. La fin de non-recevoir à sa demande lui a été notifiée par le consulat de France à Alger. Ce malheureux épisode du feuilleton algéro-français vient confirmer que quelque chose cloche dans l’attitude des autorités de l’Hexagone vis-à-vis de la question de la circulation des personnes entre les deux pays. Faut-il rappeler que Saïd Hilimi qu’on ne présente plus, est âgé de 78 ans et vit à Alger. Il a fait de fréquents séjours en France pour des raisons familiales ou professionnelles. A aucun moment, depuis l’établissement du visa entre l’Algérie et la France, l’homme n’a eu à souffrir d’un quelconque traitement dégradant de quelque nature que ce soit. Son métier, ainsi que son vécu familial, l’appellent régulièrement à faire des séjours en France. Seulement voilà, ces dernières semaines, une rumeur insistante circule sur le durcissement de la délivrance du précieux document.
Renseignement pris auprès de l’ambassade de France à Alger, il s’avèrerait qu’il n’en est rien de cela. Un cadre de la représentation diplomatique française à Alger a expliqué à L’Expression que l’ensemble des pays de l’espace Schengen ont adopté le même logiciel qui réduit au maximum l’intervention humaine. De fait, ce qui vaut pour la France, vaut aussi pour la Hongrie et l’Italie. On nous invite donc à comprendre que ce qui est arrivé à Saïd Hilmi «n’a rien de personnel». Il doit peut-être manquer un document ou deux dans son dossier de visa. Mais franchement, de qui se moque-t-on? Le dernier des agents consulaires peut aisément confirmer l’historique du demandeur de visas et constater que l’artiste Saïd Hilmi a fait d’innombrables séjours en France, sans qu’aucune fois, il ait eu à violer la réglementation en vigueur dans l’espace Schengen et en France. L’explication du logiciel «aveugle» qui gère les millions de demandes est, faut-il en convenir, difficile à croire.
L’homme a 78 ans, il vit en Algérie et ne caresse certainement pas un projet d’émigration dans l’Hexagone. Lui refuser un visa d’entrée relève quasiment de la provocation. Que peut-on donc penser de ce fameux logiciel qui oblige la France à manquer à son devoir d’hospitalité envers un artiste algérien? La question est de mise. Est-il possible d’envisager, ne serait-ce une seconde qu’une nation comme la France ne s’est pas laissé une marge de manoeuvre pour «débrancher la machine» et traiter humainement certains cas comme celui de Saïd Hilmi? On n’aura pas la réponse à ces interrogations, mais on est en droit de considérer que ce pays se couvre du parapluie de Schengen pour faire passer un agenda, disons-le, bilatéral. Sachant le caractère spécial de la relation entre l’Algérie et la France, il aurait été plus judicieux de voir de plus près la question des visas.
Autant il est compréhensible que les représentations consulaires tamisent les demandes de jeunes, dont la suspicion de l’émigration clandestine peut légitimement exister, autant il est difficile de concevoir que l’on interdit l’accès au territoire français à un homme de 78 ans. Dans le même temps, certains profils sont toujours les bienvenus, logiciel ou pas. Les médecins font partie de la population algérienne, dont «raffole» l’espace Schengen. A méditer…