La cause palestinienne commence à se faire entendre en Europe.
Maintenant que des voix pour la reconnaissance de l’État de Palestine s’élèvent même en Occident, autrefois acquises à Israël, il faut réunir les conditions de sa viabilité sur tous les plans.
La solution de deux États, Israël et Palestine, commence à faire l’unanimité, y compris à Tel-Aviv où la majorité de la population ne souhaite toutefois pas que l’État palestinien puisse constituer, un jour, une menace pour la sécurité de l’État hébreu. Ce sujet est aujourd’hui plus que jamais sous les feux de la rampe en raison de la multiplication des initiatives dans les pays de l’Europe occidentale appelant à reconnaître l’État palestinien. La Suède a franchi le pas en annonçant sans ambages sa reconnaissance directe.
La position de Stockholm a fait réagir beaucoup d’élus européens, à commencer par la Grande-Bretagne, l’Espagne et avant-hier la France, qui ont appelé leurs gouvernements respectifs à reconnaître l’État palestinien.

Si cela n’a pas du tout plu aux Israéliens et à leur allié américain, qui soutiennent l’option des deux États,
mais en passant par des négociations israélo-palestiniennes directes, les
Palestiniens applaudissent et veulent que ce processus s’accélère et aboutisse rapidement à une solution concrète. Ces démarches non contraignantes s’inscrivent dans un mouvement croissant en Europe considérant la reconnaissance comme un moyen de faire pression pour relancer le processus de paix et sauver la solution des deux États menacée par la poursuite de la colonisation et la multiplication des violences.
S’il ne fait plus aucun doute que l’État de Palestine, qui a été créé par l’OLP en 1988 à Alger et reconnu par plus de 130 pays jusque-là, finira par être reconnu par tous, il faudra faire en sorte que les conditions de sa viabilité soient réunies, car Israël ne ménagera aucun effort afin qu’il ne soit qu’un semblant d’État. C’est d’ailleurs l’un des points soulevés par les opposants à la reconnaissance de l’État palestinien, qui estiment qu’il faut qu’il soit contigu pour qu’il soit viable.
En effet, il serait très difficile aux Palestiniens de se déplacer librement dans leur pays, si Gaza et la Cisjordanie ne sont pas reliées directement. Ils seraient alors obligés, à chaque fois, de transiter par Israël, pour rejoindre une des parties de l’État palestinien. Plus complexe est le problème politique palestinien opposant le Hamas, qui dirige de facto la bande de Gaza, et le Fatah, dont le chef, Mahmoud Abbas, est le président de l’Autorité palestinienne.
La mise en place, il y a quelques mois, d’un gouvernement d’union nationale n’a pas réglé la question pour autant, car le Hamas ne semble guère disposé à céder le pouvoir au Fatah à Gaza. C’est un problème que seules des élections générales régleront. Mais, cela doit-il se faire maintenant, où une fois l’État de Palestine reconnu ? Ceci étant, une chose est sûre, l’État palestinien sera reconnu par les pays tôt ou tard, comme l’a affirmé vendredi, devant les députés, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, en assurant que Paris reconnaîtrait l’État palestinien, sans cependant s’engager sur un délai. “Si les efforts (de négociations) échouent, alors il faudra que la France prenne ses responsabilités en reconnaissant sans délai l’État de Palestine”, avait-il déclaré. En attendant, les États-Unis ont réagi avec prudence au vote de l’Assemblée nationale française, en réaffirmant, par la voix de la porte-parole du département d’État, Marie Harf, leur attachement à des négociations directes entre Israël et les Palestiniens.
Quant à “la position des États-Unis”, elle est “claire”, a rappelé la responsable américaine lors de son point de presse quotidien. “Nous soutenons un État palestinien, mais seulement via des négociations directes entre les parties qui règlent les questions liées au statut final” avec deux États, israélien et palestinien, a insisté Mme Harf.