Les menaces de ponction sur salaire des enseignants grévistes brandies par le ministre de l’Education n’ont pas eu l’effet de détourner le mouvement du Cnapest.
Ce dernier maintient son mot d’ordre de grève illimitée qui paralysera de nouveau les lycées du territoire national.
Peu conscients des conséquences de la grève sur le déroulement de leur année scolaire et l’examen du Bac notamment, les élèves de plusieurs lycées algérois étaient contents d’apprendre qu’«il n’y a pas école aujourd’hui».
Ils se sont regroupés devant leurs lycées, à la Place du 1er-Mai, Cinq maisons, Kouba, Ben Aknoun, Alger-Centre et autres établissements de la capitale. Cette «joie» constatée auprès des élèves qui visiblement ne croient plus à la valeur des cours en classe, n’est en fait que la répercussion du mouvement engagé par le Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique élargi (Cnapest-élargi).
Pour la deuxième semaine consécutive, le Cnapest maintient la pression et le rejet du ministre de l’Education ne semble, à vrai dire, que stimuler la protesta. La rencontre, samedi dernier, entre les représentants du Cnapest et le ministre de l’Education n’a pas abouti à une issue du conflit qui les oppose.
Pourtant, un dialogue plus sérieux aurait pu éviter la paralysie des lycées pour cette seconde semaine. A l’origine de ce mouvement, la régularisation de la situation des enseignants des lycées techniques (CPLT), le respect des libertés syndicales, composent l’essentiel du cahier revendicatif des protestataires.
Autrement dit, solutionner ce conflit «n’est pas la mer à boire». Mais les deux parties en conflit campent sur leurs positions pour des raisons qui ne nécessitent pas autant de «bruit».
C’est donc une situation qui échappe au premier responsable de l’Education qui n’a pas présenté d’engagements réels pour satisfaire les revendications exprimées lors de la première semaine de grève et de la réunion qu’il a tenue avec le Cnapest.
Avec sa philosophie qui classe comme «satisfait dans le passé» la majorité des doléances des enseignants, le ministre actuel a tendance à qualifier également d’«illégitime» tout mouvement revendicatif dans le secteur.
C’est qui est faux bien évidemment, car les organisations syndicales estiment avoir des revendications à faire valoir. C’est dans ce cercle vicieux que se trouve l’école algérienne, trop prise par les conflits pour penser plus sérieusement à bien se construire et offrir les meilleurs enseignement et encadrement aux élèves.
C’est au nom de ces «futilités» très mal prises en charge ou rejetées que l’école algérienne se classe au bas du tableau à l’échelle mondiale et produit de médiocres diplômes. Le coordinateur du Cnapest, Nouar Larbi, a imputé hier au ministère de l’Education la responsabilité de cette perturbation. La même source fait état d’un suivi important de la grève dans les lycées du territoire national.
Certaines wilayas ont adhéré pour la première fois à la grève, comme le cas de la wilaya de Tamanrasset, tandis que dans d’autres la paralysie a concerné la quasi-totalité des établissements, à l’instar de la wilaya de M’sila où 55 lycées ont débrayé sur une ensemble de 57. Reste à savoir comment le ministère réagira à cette adhésion, puisque ses menaces de ponction sur salaire n’ont pas eu l’effet souhaité.
Y.A.