Abdelmalek Sellal, dans un hommage appuyé, estime qu’on peut parler de la wilaya d’El-Tarf, sans citer le nom du président défunt.
Abdelmalek Sellal s’est rendu, hier, dans la wilaya frontalière d’El-Tarf dans le cadre de la promotion du programme du président de la République. C’est la première fois qu’un haut responsable de l’État, un Premier ministre en l’occurrence, effectue une visite officielle dans cette wilaya. Ni Ahmed Ouyahia ni Abdelaziz Belkhadem et encore moins Ali Benflis ne s’y sont rendus, sauf dans le cadre des campagnes électorales.
Aussi, les autorités locales et les habitants de cette région à vocation agricole attendent beaucoup de cette visite, sur le plan socioéconomique, notamment.
Dans ce sens, Abdelmalek Sellal a pris acte de la nécessité d’agir et n’a donc pas ménagé sa peine pour redonner un élan au développement local lequel, faut-il le souligner, fait cruellement défaut dans une région à vocation agricole mais qui a, néanmoins, besoin de passer à la vitesse supérieure, à savoir la promotion du secteur de l’industrie, et ce, “afin de porter à la hausse les revenus hors hydrocarbures”, comme l’a précédemment déclaré le Premier ministre à l’occasion du 39e anniversaire de l’Union nationale des paysans algériens. À l’amphithéâtre de l’université d’El-Tarf, une étape prévue comme à chaque fois, en fin de visite, où l’attendaient les élus locaux et les représentants de la société civile pour une discussion à bâtons rompus comme il les multiplie depuis qu’il est à la tête du gouvernement, Abdelmalek Sellal — court et concis — lancera : “Il est regrettable que la wilaya d’El-Tarf, censée être la vitrine de l’Algérie, ne possède ni routes ni trottoirs dignes de ce nom”, comme pour signifier aux autorités locales que même les efforts “considérables” auxquels ils ont consenti à la hâte durant les quelques jours qui ont précédé cette visite, tant attendue par les habitants, n’avaient servi à rien.

En effet, lors de son périple à travers cette wilaya qui, pour beaucoup d’observateurs, n’a ni cachet urbain… ni rural, Abdelmalek Sellal a eu l’occasion de constater de visu l’état chaotique du réseau routier — d’où sa remontrance aux autorités locales — mais également le manque de viabilisation dans le centre-ville même d’El-Tarf. “El-Tarf est le miroir de l’Algérie et elle se doit, donc, d’être à la hauteur de son rang”, insistera le Premier ministre. “La wilaya d’El-Tarf possède des potentialités extraordinaires et nous nous devons de les promouvoir et de les protéger”, ajoutera-t-il, avant de conclure son discours, en rendant un hommage particulier à feu Chadli Bendjdid. “L’histoire parle d’elle-même, on ne peut pas parler d’El-Tarf sans évoquer Chadli Bendjdid (Allah yerahmou).”
Avec sa verve habituelle, Abdelmalek Sellal n’a eu de cesse de rappeler à ceux qui s’acharnent, selon lui, à semer le doute dans l’esprit des Algériens et instaurer un climat d’instabilité dans le pays, que le temps n’est pas à la division. Et d’ajouter encore : “Nous aspirons à bâtir un État républicain démocratique et social basé sur les principes tels que prévus dans la déclaration du 1er Novembre. On ne peut avoir de renaissance dans un pays islamique sans les sciences et les technologies.” “Nous avons consentis beaucoup d’efforts pour arriver au stade où nous sommes aujourd’hui, mais cela ne signifie nullement que nous devons nous arrêter-là”, dira-t-il. Et d’étayer ses propos : “Le taux de l’éducation est estimé à 90%, l’université accueille aujourd’hui près de 1 million d’étudiants, alors que nous avons enregistré 10 000 étudiants ayant obtenu leur magistère.” Enfin, si la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat, défendue principalement par le Premier ministre, continue de diviser la classe politique, il n’en demeure pas pas moins que la population, elle, semble unanime à ce sujet.
En effet, il n’y a pas une visite du Premier ministre où la candidature de Abdelaziz Bouteflika n’est pas sollicitée, car au fur et à mesure que les jours passent et les échéances électorales approchent, il devient clair que “plus aucune personnalité politique n’est crédible, la confiance a été rompue et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis”, nous dira un citoyen d’El-Tarf.
L. N