Le Doing Business nouveau, version 2016, est arrivé. Un rituel où chaque année, l’Algérie se voit rappeler qu’elle a encore un long chemin à faire pour améliorer le climat des affaires.
La boutade qui circule dans les milieux économiques est qu’en Algérie il y a des « affaires » à prendre mais pas des affaires à y faire. Question de « climat » dit-on.
Et si l’on s’intéressera cette année au fait que l’Algérie perd 9 places, c’est parce que le thème de l’ »amélioration du climat des affaires » est de plus en plus entendu chez les ministres et les patrons du Forum des chefs d’entreprises.
Les auteurs du Doing 2016 n’ont certainement pas eu le temps d’intégrer les dommages collatéraux de l’incroyable affaire Rebrab-Bouchouareb. Si cela avait été le cas, gageons que le recul aurait été plus prononcé.
Question de logique pas de morale : pour ceux qui rédigent le rapport, des autorités qui permettent et favorisent la montée d’un grand groupe d’affaires privé pour au final s’attaquer à lui pour une triviale histoire de tambours rénové font preuve d’une absence de cohérence économique.
L’histoire des tambours rénovés de M.Rebrab est venu rappeler de manière désastreuse que ce qui est garanti en théorie par la loi reste assujettie à « l’autorisation » ministérielle.
Rien de pire comme message en direction du monde des affaires que de laisser percevoir, à tort ou raison, qu’il y a une supériorité de l’humeur politique sur le droit. Dans le jargon des experts de la Banque Mondiale, cela s’appelle une « insécurité juridique ».
Bouchouareb cause à Paris….
Le Doing 2017… est déjà mal parti. Le 2016 est mauvais, 163è sur 186 pays. La comparaison avec la Tunisie (74è) et le Maroc (75è) est simple à faire. L’Algérie fait mieux que la Libye (188è) mais on sait que ce n’est pas une référence.
M.Bouchouareb était hier à Paris pour parler du « climat des affaires » au syndicat patronal français Medef-International qui, on le sait, connaissent parfaitement de quoi il retourne en Algérie. Et puis, en dehors de la France qui a ses canaux particuliers, les investisseurs potentiels se font une « idée » en se basant notamment sur le Doing Business.
Les rapports internationaux, c’est une évidence, sont fondés sur des présupposés doctrinaux libéraux. Mais cela n’est pas une raison pour dire qu’ils ne veulent rien dire. Ces rapports parlent du climat des affaires du point de vue du marché mais ils abordent également des aspects liés au fonctionnement de l’administration ou de la justice.
Un miroir
En clair, ces rapports comportent une idéologie libérale dominante mais ils ne peuvent être réduits à cela. Ce que pointent ces rapports, ce sont bien les graves problèmes de gouvernance que les économistes algériens ne cessent de souligner.
L’Algérie a pris « l’habitude » d’être au bas du classement, les responsables algériens de leur côté promettent d’œuvrer à changer… On est dans une sorte de rituel où il s’agit de faire le dos rond en attendant que le rapport passe.
Ce que les responsables oublient est que ces rapports – et le doing business est un des plus importants – sont des marqueurs. Ils constituent une « image » et une « identité » d’un pays au plan international.
La vraie question est de savoir s’il est possible de réformer une administration enkystée et ou le service public se transforme devient un « pouvoir » entre les mains de celui qui en a la charge. On a parlé de l’affaire Rebrab car – on ne prête qu’aux riches n’est-ce pas ? – car le poids financier de Cévital lui assure une forte médiatisation.
Mais dans le silence le plus total de nombreux petits entrepreneurs qui ont réalisé des travaux n’en finissent pas de courir auprès des administrations pour « régler leur situation » et donc être payés. Car en Algérie, la loi ne suffit pas. Il faut que celui qui est en charge de l’appliquer veuille bien le faire… Cela fait le tour de la question. Le Doing Business n’est qu’un miroir…