Le clan Bouteflika fait de la résistance !

Le clan Bouteflika fait de la résistance !

En désignant Abdelkader Bensalah pour le représenter au sommet de la Ligue arabe à Tunis, Abdelaziz Bouteflika nargue l’armée qui réclame sa destitution pour cause de maladie grave et durable et commet ainsi un acte  de défiance envers le peuple.

Quatre jours après la proposition du chef d’étatmajor de l’ANP, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, de mettre en œuvre l’article 102 de la Constitution comme solution à la crise politique que vit le pays, c’est toujours le statu quo.

Le chef de l’État, toujours invisible après son retour de Suisse le

10 mars dernier, après quinze jours d’hospitalisation, occupe toujours formellement la fonction de premier magistrat du pays.

La présidence de la République, désertée ces derniers temps par de nombreux cadres, a rendu public un communiqué hier par lequel elle informe qu’Abdelaziz Bouteflika a chargé le président du Conseil de la nation de le “représenter” à la réunion de la Ligue des États arabes qui se tiendra dès demain à Tunis. Une manière de rappeler qu’il est toujours là et que malgré l’interpellation du chef d’état-major de l’ANP, il continue de garder son fauteuil.

Une manière bien évidente de faire savoir que Bouteflika ne compte pas renoncer à son magistère comme suggéré par l’institution militaire. Cela pendant que le Conseil constitutionnel est resté jusque-là insensible à la proposition de Gaïd Salah.

L’institution présidée par Tayeb Belaïz n’entendrait pas épouser la démarche préconisée par le chef d’état-major de l’ANP et engager le processus de destitution (empêchement) du chef de l’État.

Des sources concordantes indiquent que Saïd Bouteflika garde une influence sur le Conseil constitutionnel.

En refusant de tenir cette séance pour constater la vacance du poste du président de la République, le président du Conseil constitutionnel confirme ainsi sa loyauté au chef de l’État.

Lors de son installation en février dernier, Tayeb Belaïz avait, en effet, déclaré, publiquement, vouloir “rester fidèle” à Abdelaziz Bouteflika. Ces déclarations qui avaient choqué l’opposition et l’opinion publique nationale viennent d’être suivies d’effet.

Malgré une interpellation directe de l’institution militaire, le Conseil constitutionnel, devenu “comité de soutien” à Abdelaziz Bouteflika comme le disait Abdelaziz Belaïd, n’a toujours pas procédé à la réunion qui doit trancher l’avenir du chef de l’État et “trouver une solution” à la crise comme le préconisait Ahmed Gaïd Salah. Par ailleurs, le clan Bouteflika voudrait, à l’évidence, aller au bout de l’actuel mandat présidentiel qui se termine théoriquement le 28 avril prochain. Autrement dit, il veut piéger davantage le pays, car au-delà de cette date, aucune institution de l’État n’aura un levier légal pour une sortie de crise.

Ce sera la porte ouverte à une transition qui sera menée en dehors du cadre constitutionnel actuel. Cela dit, en se jetant dans la bataille, Ahmed Gaïd Salah ne se doutait probablement pas qu’il pouvait ne pas être entendu par le Conseil constitutionnel.

Le vieux général, qui terminait hier une tournée dans la 4e Région militaire, a fait plusieurs fois allusion à la situation actuelle que vit le pays en évoquant, souvent, la primauté de l’intérêt national sur des intérêts personnels. La semaine qui suit sera décisive.

La décantation se fera certainement. Mais en attendant, Bouteflika s’accroche encore au pouvoir et prend en otage tout un pays qui lui demande pourtant de partir.

Ali Boukhlef