Le Conseil des lycées d’Algérie a rendu public le communiqué suivant.
Le système éducatif du pays « est un désastre » après le scandale de la pénurie de profs de maths et de physique. « Notre système éducatif est bon pour la casse. C’est le foutoir. Nous ne pouvons pas croire qu’après plus d’un mois de l’année s’est écoulé et que tant d’écoles, notamment dans les zones rurales, sont sans professeurs« ,
L’éducation, aujourd’hui parmi le premier budget de l’État en Algérie. L’Algérie dépense 10 % de son produit national brut à l’éducation, une plus grande portion que la plupart des autres pays, mais ses résultats sont constamment parmi les plus mauvais. Selon le dernier Indice de compétitivité mondiale du Forum économique mondial, l’Algérie se classait 137e sur 139 pays en matière d’éducation primaire et 137e en sciences et mathématiques. Les collèges et les lycées sont- gangrenés par la violence . Depuis la rentrée, plusieurs faits divers, dont des agressions de plus en plus fréquentes et violente pouvant atteindre des morts sur le corps enseignant en Algérie, ont défrayé la chronique. Enfants qui sortent de classe de leur propre chef, qui crient en cours, qui se roulent par terre lorsqu’il faut rentrer en classe, insultes, coups entre élèves, intolérance à toute autorité, insultes, coups et menaces de mort à un adulte…La violence n’est jamais légitime et nous ne pouvons pas accepter sa présence dans et autour d’un établissement scolaire. Sa disparition demande une certaine fermeté et l’effort de tous. Loin de vouloir accabler uniquement cette jeunesse à qui nous avons fait perdre les points de repères essentiels, ni légitimer l’acte irresponsable de cet étudiant, nous répètons à ceux qui devraient nous accorder un tant soit peu d’importance ; que la violence prend des proportions alarmantes dans nos écoles et particulièrement dans nos lycées. Les professeurs les plus expérimentés n’arrivent plus à faire leurs cours dans le calme et la sérénité nécessaires. Les uns recourent à la violence s’ils en ont la force, les autres abandonnent toute lutte et se contentent de défiler un programme sans grande efficacité pédagogique. Rares sont les classes où le travail se fait dans le calme. L’exception est devenue la règle et la règle devenue l’exception. L’administration affaiblie non seulement par les lois mais surtout par toute sorte de chantage à la violence collective. La discipline dans les lycées est devenue un problème politique. «Je fais ce que je veux, sinon je casse et je brûle »Ne nous cachons pas la face. C’est la hantise des chefs d’établissements, voire des responsables. Dans ce jeu macabre ; les uns ont pris conscience de leur force collective, les autres ont eux aussi pris conscience de leur faiblesse devant des actes dévastateurs sans pouvoir user des moyens forts ,sans risques d’embrasement. Nous sommes donc tombés inéluctablement dans un cercle vicieux sans prendre le courage de crever l’abcès avant que l’infection n’atteigne tout le corps. Ne restons pas aveugles devant des faits aussi graves, ni muets devant de telles ignominies, ni sourds aux appels des sages. Ni l’enseignant, ni l’élève ne doivent être agressés. Nous devons créer des chantiers devant diagnostiquer les sources de cette violence sans accabler les uns ou les autres, tous deux victimes d’un ensemble de circonstances. Si les enseignants ont leurs mots à dire, les élèves aussi .Je crois que le système éducatif et la société ont fait de ce bébé innocent et passif un adolescent agressif .Mais si parmi nos coûteux colloques, éternels discours sur l’histoire de nos ancêtres, nous avions choisi quelques uns consacrés aux problèmes de notre société, dont la violence à l’École, nous aurions été on ne peut plus fidèles à l’esprit de la vraie culture Islamique. L’Histoire de Culture Islamique, que nous étudions aujourd’hui sans grands effets sur notre société, aurait dû nous apprendre à résoudre nos problèmes actuels et non à nous gaver de gâteaux et de repas frugaux, dans des palais des milles et une nuit au détriment de nos vrais problèmes.
La culture Islamique est celle qui fait du « Cheikh » un homme respectable et du disciple un élève respectueux. De notre Fastueuse Culture, il ne restera aucune trace sur les principaux concernés, cette jeunesse marginalisée de ces rencontres réservées aux fidèles adhérents du même club. Nous incluons le Raï et le Hard Rock dans la culture Islamique spécialement aménagée à son égard comme pour les maintenir dans cette incapacité de pouvoir transiter de l’âge enfantin à l’âge mûr de réflexion. Une Société Culturelle a choisi de vivre à l’écart de sa jeunesse, elle ne fait que récolter les fruits de cette discrimination. Un simple défilé de quelques minutes ne suffit pas à faire évoluer les mœurs.
Le CLA exprime son soutien à tous les professeurs violemment agressés quelques jours à peine après la reprise des cours : et particulièrement dernièrement l’un à Alger par une mère d’élève ; l’autre à Rélizane par un de ses élèves, qui l’a roué de coups à l’issue d’un désaccord sur le contenu d’un cours .Il ne se passe pas un jour ou une heure et dans chaque wilaya que des faits divers de violence ne sont observés devant le mutisme d’une administration qui ne défend pas ses cadres livres à eux mêmes.
Le CLA estime inconcevable qu’un ministère ne porte pas plainte contre toutes agressions d’enseignants comme le fut la dernière agression d’une professeur à Alger qui a eu peur de porter plainte pour sauvegarder sa vie familiale alors que la tutelle et l’établissement n’a pas pris en charge cette affaire ni les autres milliers d’agressions qui se passent chaque année.
Le CLA voit en ces deux exemples tristement significatifs la preuve, si besoin était, de l’installation durable de la violence au sein de l’École après cette “massification scolaire”, non seulement de la part d’élèves envers d’autres élèves ou envers leurs professeurs, mais à présent de familles et de communautés envers l’Institution. Cette violence des élèves et des parents, qui bien souvent s’adosse explicitement à des motifs inexplicable, sape toute possibilité d’éducation comme d’enseignement, professeurs, parents et élèves de bonne volonté étant, on l’imagine, terrorisés à l’idée de faire la moindre remarque aux perturbateurs, pour ne rien dire de l’absence de sanctions que deux ou trois décennies de pédagogisme irénique ont peu ou prou supprimées.
Le CLA estime que l’état sinistre de désapprentissage et de violence dans lequel ont sombré quantité non négligeable des établissements scolaires du pays confirme la nécessité toujours plus impérieuse d’une sécession scolaire basée sur un triple volontariat des élèves, parents et professeurs, ayant pour finalité une éducation et une instruction véritablement innocentes, au sein d’écoles, de collèges et de lycées réformés, où l’inégalité provisoire entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas serait assumée comme telle, et où toute violence serait radicalement et explicitement rejetée.
La violence scolaire est un malaise, une crise qui mérite un peu plus qu’une journée de travail sur ce thème. Le CLA, en annonçant les états généraux démontre sa préoccupation et son intérêt en matière sociale sur cette problématique. A moins que la proximité des faits divers avec les élections régionales soit propice à enfler cet immonde discours sécuritaire.
Lutter contre la violence scolaire, comme le CLA souhaite, c’est avant tout s’intéresser à l’école et aux phénomènes de violence à l’école. Que peut-on entendre sous ce terme si large de violence scolaire ? Le crêpage de chignons, le désordre en classe, l’insolence, le vol entre membre d’une même école, le racket, les bagarres à l’intérieur et à l’extérieur de l’enceinte scolaire, les insultes envers le camarade ou le professeur sans oublier les drames qui ont marqué ces dernières semaines en ce début de rentrée dramatique et désastreux.. Jusqu’à quel abord de l’établissement la violence ne devient-elle plus scolaire ? Comment fait-on la différence entre de la violence scolaire et de la violence sociale ? Ici c’est bien l’idée d’une réflexion profonde qui doit être menée afin de véritablement s’interroger sur une problématique la plus précise possible. De quelle violence scolaire s’inquiète-t-on ?
A lire la presse on s’aperçoit que cette violence est partout. Que tout le monde craint tout le monde. Craintes des parents pour leurs enfants et professeurs qui craignent pour eux-mêmes. Cette interaction de point de vue doit amener le gouvernement à comprendre les diverses violences de l’école et pourquoi elles sont apparues. Il s’agit d’ouvrir un vaste débat de société à l’image du débat sur l’identité nationale où l’on inviterait chercheurs, professeurs de collège et de lycée, parents et étudiants à venir témoigner sur ce malaise scolaire. Les écouter permettrait d’y voir un peu plus clair.
Les chefs d’établissement veulent plus de moyens, les professeurs demandent le recrutement de surveillants pour les cours de recréation et pendant les cours, les syndicats d’enseignants souhaitent plus de professeurs, les élèves indiquent qu’ils ont besoin de reconnaissance et les parents sacralisent cet espace qui ne doit pas être le reflet de la violence des quartiers. Depuis une semaine, il nous suffit d’allumer la radio pour se rendre compte que ce débat existe, mais une fois de plus le gouvernement campe sur ses positions sécuritaires et fait la sourde d’oreille. La politique sécuritaire sert uniquement à masquer un problème sans y apporter de réponse juste. La population scolaire demande simplement d’écouter, d’analyser et de proposer. En bref d’être un ministre au service de son administration.
Le CLA estime que le moment est grave et qu’une solution nationale doit être trouvée à ce phénomène et le plus tôt possible pour sauver l’enfant, l’école et l’Algérie. Le CLA pense que le gouvernement doit décréter une semaine de réflexion sur le phénomène de la violence et revoir sérieusement la réforme en invitant toute la famille de l’enseignement, les parents, les médias, la société civile.
Le CLA estime que des décisions urgentes doivent être prises avant que le désastre ne grandit encore plus et arrêter cette fuite en avant du à l’incompétence de certains.
Hakem Bachir, porte-parole du CLA