Le phénomène des cours particuliers inquiète les membres du Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Pour eux, les mesures prises jusque-là ne peuvent être efficaces.
Le syndicat qui regrette l’augmentation, d’année en année, du nombre d’enseignants assurant des cours particuliers en dehors de l’école, et souvent dans des endroits inadaptés, considère que l’installation d’une commission ministérielle n’est pas la solution idéale à même d’endiguer ce phénomène.
Rejoignant les associations des parents d’élèves, le CLA rappelle la «nécessité de trouver urgemment des solutions efficaces», car il s’agit là d’une «atteinte à l’intégrité même de l’école publique».
«Ces cours influent négativement sur l’égalité des chances entre les élèves et porte atteinte aux principes de l’égalité en matière d’éducation, de savoir et d’obligation de la gratuité de l’enseignement», estimait récemment Nouria Benghebrit, ministre de l’Education.
De son côté, le CLA rappelle que «pour lutter contre l’échec scolaire ou les difficultés d’apprentissage de leurs enfants, certains parents dépensent des sommes conséquentes en faisant recours à ce type de pratiques». Dans un document sur cette question, le syndicat dénonce ce qu’il qualifie d’«enseignement à la carte», lequel est considéré comme une source supplémentaire pour certains encadreurs qui ne se soucient pas forcément des élèves qui subissent ce «bourrage» de crane.
Pour une solution globale…
«Ces cours constituent une source financière assurément importante pour les éducateurs qui ont opté pour cette voie, au demeurant très lucrative», lit-on dans le document. Sachant que le phénomène est nuisible à l’école, le ministère de tutelle a procédé, le 14 octobre dernier, à la mise en place d’une commission chargée de définir les mesures à prendre, voire même proposer les solutions adéquates pour freiner ce phénomène. Se prononçant sur la question, le CLA voit que l’installation d’une commission spéciale «ne résoudra pas le problème».
«Vu que le problème se pose sur plusieurs niveaux», le CLA explique que cela nécessite des solutions globales. Car, il faudra d’abord penser à améliorer le pouvoir d’achat de l’enseignant qui arrive difficilement à «joindre les deux bouts», malgré la revalorisation de son salaire depuis déjà quelque temps.
«Un nouvel enseignant perçoit 30 000 DA, ce qui est vraiment peu», estiment les rédacteurs du rapport. La démission des parents d’élèves et leur ingérence dans l’éducation concernant la réussite de leurs enfants, figurent aussi parmi les facteurs accentuant ce phénomène. «Ils (les parents) cherchent la réussite de leurs enfants en faisant recours à tous les moyens.»
La surcharge des classes, la valeur de l’heure supplémentaire, le décalage entre le niveau des élèves et le programme enseignés, le niveau et la qualité des sujets d’examen et la démission de certains enseignants sont d’autres facteurs à l’origine de la prolifération de ces cours.
«Donc le problème des cours particuliers est créé par le ministère de l’Education lui-même, et non par les enseignants», lit-on encore dans le document. Alors, estime encore le CLA, la résolution de ce problème réside en l’amélioration des conditions d’enseignement aussi bien pour l’élève que pour l’enseignant. «Pour qu’il n’y ait pas de cours particuliers, il suffit d’assurer à l’intérieur de l’école ce qui se fait à l’extérieur», préconise le syndicat.
L’éthique, l’affaire de tous
Revenant, par ailleurs, sur la question de la charte d’éthique dont le paraphe est attendu pour le 15 du mois courant, le même syndicat considère que l’éthique de l’éducation est l’affaire de tous, voire de la société toute entière. «La société tout entière doit décider quelle école voulons-nous», est-il soutenu.
Pour les signataires du document, ce n’est pas aux syndicats de la signer car cette charte doit être adoptée par toute la société et dans laquelle doit figurer le rôle de l’école et non pas comment faire une grève ou les devoirs d’enseignant (défini dans le statut de la Fonction publique et par la loi d’orientation du 23 janvier 2008). C’est dans cette optique que le CLA plaide pour une charte qui sera décidée par la société et adoptée par un conseil d’éducation qu’il faut créer.