Le projet de modernisation et d’unification des plaques d’immatriculation en Algérie se heurte à un obstacle de taille. Si le dispositif est techniquement prêt, son déploiement est paralysé par des « problèmes majeurs » liés à des manipulations massives de la propriété des véhicules, a révélé le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud.
Lors d’une séance plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée à l’examen du projet de loi sur le code de la route, le ministre a apporté des éclairages cruciaux sur les retards enregistrés. Bien que les préparatifs techniques soient achevés, la réalité du parc automobile national complique l’entrée en vigueur officielle du nouveau système.
Sayoud met en garde : l’unification des plaques d’immatriculation risque de créer un « chaos juridique »
Le ministre a pointé du doigt des pratiques frauduleuses devenues monnaie courante. « Le citoyen algérien se distingue par des comportements uniques : il est le seul au monde capable d’acquérir un véhicule de luxe d’une valeur de 2 ou 3 milliards en utilisant une licence de moudjahid appartenant à une personne résidant à Tindouf qui ignore tout de la transaction, tandis que le bénéficiaire original de la licence n’est même pas au courant qu’il possède un tel véhicule », a-t-il déploré.
Cette situation ubuesque rend l’unification des plaques extrêmement complexe. Saïd Sayoud a souligné que ces anomalies ne sont pas de simples erreurs administratives, mais des problématiques structurelles profondes pour lesquelles il est difficile de trouver des solutions immédiates.
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L’une des principales préoccupations du gouvernement est d’éviter un chaos juridique. Le ministre a averti que forcer le passage au nouveau système sans résoudre ces litiges de propriété entraînerait l’émission de contraventions et de sanctions à l’encontre de personnes n’ayant aucun lien réel avec les véhicules incriminés. « Nous travaillons à surmonter ces obstacles pour trouver des solutions à ces problématiques sérieuses », a-t-il assuré.
9 millions de véhicules « problématiques »
Les chiffres avancés par le ministre sont éloquents et témoignent de l’ampleur de la tâche :
- 3 millions de véhicules seulement sont administrativement en règle et ont pu être intégrés au nouveau système de numérotation.
- Près de 9 millions de véhicules présentent des irrégularités diverses.
Le ministre a précisé que ces problèmes ne se limitent pas uniquement au détournement des licences de moudjahidines, mais englobent une multitude de situations litigieuses.
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En conclusion, Saïd Sayoud a réitéré la volonté des services concernés de ne pas précipiter le processus afin d’éviter de déstabiliser les citoyens et de garantir l’exactitude absolue des bases de données avant toute généralisation des nouvelles plaques.
