Le CHU d’Oran, nid des maladies infectieuses

Le CHU d’Oran, nid des maladies infectieuses

Hier matin, au service des maladies infectieuses du CHUO, qui est le centre de référence pour tout l’ouest du pays, et qui se trouvera aux avant-postes en cas de déclaration brutale de cas de grippe porcine (A/H1N1), l’état des lieux sidère les visiteurs.

Et pour cause, ce service est en pleins travaux de réhabilitation. À l’entrée, des employés maintiennent leur foulard sur la bouche ; si vous pensez que c’est pour cause de grippe porcine, vous avez tout faux.

C’est surtout pour se protéger de la poussière de ciment qui se trouve partout et de la poussière des vieux dossiers médicaux entreposés au rez-de-chaussée.

D’autres sont en train d’évacuer le mobilier défectueux, rouillé, cassé qu’ils trient pour l’inventaire. Il faut enjamber tout cela pour se diriger vers les escaliers, mais vous êtes bloqués par des ouvriers, des maçons qui préparent leur ciment et qui travaillent sur la rampe d’escalier.

C’est un vrai chantier et au milieu de tout cela, le personnel médical s’efforce de travailler, prenant soin de ne pas trop traîner avec eux du ciment, du sable et d’assurer malgré tout un semblant de prise en charge des patients.

Ces derniers ont été regroupés, les hommes avec les enfants, et les femmes à part. Depuis les deux cas de grippe porcine déclarés à Alger, un vent de panique s’est emparé de certains citoyens qui, devant la moindre poussée de fièvre, se dirigent vers un service hospitalier plus par peur.

À l’étage, où se trouve hospitalisé un cas suspect, on nous dit qu’il s’agit d’une femme qui a séjourné à Lyon et qui, peu de jours après son arrivée à Oran, a eu de la fièvre.

Fatigue, symptômes grippaux ordinaires ou grippe porcine, personne ne le sait. Dans le doute, cette femme est hospitalisée au service infectieux et attend que des prélèvements lui soient effectués.

Ils devront être acheminés vers l’Institut Pasteur pour confirmation. Mais des médecins ne sont pas très inquiets pour ce cas que d’autres ne veulent même pas considérer comme suspect.

« Nous sommes tenus d’accueillir et de prendre en charge tout le monde, même si les symptômes ne sont pas tous ceux de la grippe porcine », parvient-on à arracher à une « blouse blanche ».

Les parents de la malade, debout dans le couloir, à notre vue, refusent de s’exprimer quant aux conditions de prise en charge dans un service en chantier.

Les médecins que, à l’évidence, notre présence dérange et une chape de plomb semble régner dans ce service. Au 1er étage où se trouve donc le seul « cas suspect », un homme suspecté d’être porteur du virus A/H1N1 de retour de la omra a été déclaré négatif, il y a quelques jours.

Des affiches collées au mur informent que l’on se trouve dans un service d’isolement, le port du masque étant obligatoire.

Mais personne ne le porte et l’on ne peut que s’interroger sur la signification « isolement » lorsque des ouvriers font des travaux de maçonnerie un peu partout.

Certes, nous apprendrons que la programmation des travaux de réhabilitation de ce vieux service était ancienne et qu’ils ont démarré il y a deux semaines.

Mais là est tout le mal de la gestion de la santé dans notre pays : comment peut-on laisser se poursuivre des travaux dans un service de référence de l’infectieux en maintenant les activités médicales et l’hospitalisation, tout cela à la veille de l’arrivée des vacances, alors que l’alerte à la pandémie a été lancée par l’OMS depuis des semaines ?

Des travaux inopportuns en période aussi sensible et grave, c’est tout ce qu’il y a de plus inconcevable et ahurissant.

Comment ne peut plus s’étonner de la défiance des Oranais pour leur système de santé locale qui se caractérise toujours un peu plus par la désorganisation et la mentalité du « chacun pour soit et Dieu pour tous » !