Entre l’Algérie d’Abdelaziz Bouteflika et la France de François Hollande, les relations sont “fructueuses” et “chaleureuses”, a tranché le locataire de l’Élysée.
“Le président algérien Abdelaziz Bouteflika m’a donné une impression de grande maîtrise intellectuelle. C’est rare de trouver quelqu’un qui a sa capacité de jugement”. C’est en ces termes que le chef de l’État français, François Hollande, a qualifié la santé de notre Président, lors d’une conférence de presse qu’il a animée, à l’issue de sa rencontre “de deux heures” avec Abdelaziz Bouteflika. “C’est clair que sur le plan physique, il ne peut pas se déplacer. Mais la qualité de notre discussion a montré qu’il a toutes les capacités pour apporter sa sagesse et des solutions pour le monde”, a-t-il tenu toutefois à préciser. “Je ne suis pas médecin” pour juger de l’état physique de Bouteflika.
Pour le locataire de l’Élysée, “des progrès significatifs ont été enregistrés entre nos deux pays”, notamment sur le plan économique. Et cette visite furtive, l’espace d’un après-midi, n’en “est pas une de plus”, car tout déplacement en Algérie est toujours “important”, a-t-il insisté. Pour François Hollande, le lourd passé colonial ne devrait pas empêcher les deux pays d’avancer. “Nous sommes tournés vers l’avenir. Nous pouvons le faire avec cette lucidité et cette volonté d’aller de l’avant”, a suggéré le président français qui s’est montré convaincu que “l’Algérie et la France ont une responsabilité commune envers nos concitoyens, que ce soit les Algériens qui vivent en France ou les Français vivant en Algérie. Nous avons la responsabilité d’une construction originale”, a-t-il répété, pour justifier son déplacement à Alger. Une courte visite, dont “le point fort était la recontre avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika”, a souligné François Hollande qui était accompagné par l’ancien ministre de la Culture, Jack Lang, actuellement directeur de l’Institut du monde arabe à Paris. “Nous avons pu faire l’évaluation de ce qui a été fait jusqu’à maintenant. Et je peux dire qu’il y a une grande confiance entre nos deux pays”, a répondu le président français qui a déjà effectué une première visite officielle en Algérie, le 17 janvier 2012. “Nous avons beaucoup de domaines dans lesquels nous coopérons, que ce soit dans l’économie, la culture, l’enseignement et la recherche universitaire ou encore sur le plan sécuritaire. Nous allons investir dans le secteur des technologies sur demande de nos amis algériens. Mais il y a aussi des projets dans le secteur de l’énergie”, a énuméré brièvement le chef de l’État français qui a été très évasif concernant la question des violations des droits de l’Homme dans certains pays arabes avec lesquels la France entretient des relations commerciales fortes, comme c’est le cas en Arabie saoudite.
Il s’est limité à répondre : “Où que je me déplace j’évoque les questions liées au respect des droits fondamentaux des hommes, avec la même conviction de ne rien dissimuler.” Interrogé sur l’éventuelle ouverture d’une usine du constructeur automobile français Peugeot, François Hollande s’est montré rassurant, affirmant que “les discussions ont avancé des deux côtés”, expliquant toutefois qu’en dehors de ce qu’il a qualifié de “symboles” de l’industrie française, Paris veut “attirer les investisseurs français en Algérie, notamment les PME pour un partenariat de choix”. Dans un contexte toujours marqué par la crise économique dans les pays industrialisés et une flambée du chômage en France, le chef de l’État français a mis l’accent sur la prise en charge de la jeunesse qu’il considère porteuse d’espoir dans les deux pays. “Nous avons la volonté de nous tourner vers la jeunesse algérienne qui a les capacités et la formation nécesaires” pour le développement économique de l’Algérie, a-t-il encore rappelé.
Concernant les questions liées à la coopération politique et sécuritaire d’ordre régional et international, François Hollande n’a pas hésité à accorder son violon avec la voix de son homologue algérien, en défendant l’option du dialogue politique, notamment en Libye. “Nous sommes pour une solution politique et un seul gouvernement en Libye”, a-t-il soutenu. Pour la France, seul le dialogue pourra aider au retour de la paix dans ce pays voisin et à la lutte contre tous les trafics qui s’étendent jusqu’au sud de la région sahélo-saharienne.
L.M.
