Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, effectue à partir d’aujourd’hui une visite de travail dans la wilaya d’Oran. Cette sortie sur le terrain du Président de la République coïncide avec la célébration d’un double événement qui, le moins que l’on puisse dire, a façonné largement la destinée du pays : la commémoration de la création, en 1956, de l’Union générale des travailleurs algériens et celle de la nationalisation, en 1971, des hydrocarbures, toutes deux un 24 février.
Cette année, cette commémoration revêt un cachet particulier puisque l’Algérie célèbre également le cinquantenaire de l’indépendance. Nul ne peut nier la force décisive qu’ont apportée les travailleurs pour le combat libérateur, leur mobilisation dans les premières années de l’indépendance pour édifier une base industrielle unique à l’échelle du continent et leur présence active, agissante et protectrice de leur patrimoine et outil de travail durant la décennie noire. Comme personne ne peut nier cette évidence sur la part des hydrocarbures et de leurs ressources financières dans la modification profonde de notre territoire. Un territoire hier brûlé au napalm, vidé de ses populations avec ses villes et terres fertiles interdites aux Algériens, et aujourd’hui totalement récupéré avec son sol et sous-sol. Chaque centimètre carré de ce pays porte les marques matérielles visibles des différents programmes socio-économiques qui ont propulsé toutes les régions dans l’antichambre de la modernité après leur maintien dans la nuit coloniale plus d’un siècle.
Un rapport privilégié
Plusieurs points sont inscrits dans l’agenda présidentiel. Bien évidemment, Arzew et sa zone avec tout ce qu’elle représente comme charge historique, mais également comme poids économique dans la balance commerciale du pays. La première raffinerie du pays, juste après les nationalisations, a été implantée à Arzew, la Camel complexe de gaz naturel a aussi vu le jour dans cette zone et, pour l’histoire ,c’est l’Algérie qui a ouvert le premier terminal d’exportation de GNL au monde, toujours à partir d’Arzew. Aujourd’hui , cette zone est le réceptacle de projets et de complexes impressionnants dans les hydrocarbures et la pétrochimie. Le complexe d’ammoniac et d’urée qui s’y trouve est tout simplement l’un des plus grands au monde.
En parallèle à ces mastodontes dans la transformation et la commercialisation des énergies, Oran a aussi utilisé avec intelligence le gaz et l’électricité qui en découlent pour régler à la source, certainement le premier problème des oranais, l’eau ! Le fameux MAO et la station de dessalement de Mers El-Hadjaj ont tourné définitivement la page du stress hydrique pour la grande joie non seulement des habitants de la ville d’Oran, mais aussi de la totalité des agglomérations qui se trouvent sur le tracé des canalisations. Les logements avec un des portefeuilles foncier des plus consistants qui laisse espérer, dans moins de deux ans, un solution définitive à la crise de l’habitat, le travail et son «explosion» avec les facilitations instituées pour l’emploi des jeunes, le transport avec ce tramway qui va restructurer sur une base moderne l’espace de la ville, l’aéroport programmé pour être redimensionné selon des normes technico- environnementales en vigueur dans les grands aéroports de par le monde… et la liste est loin de s’arrêter à ces exemples.
Voilà pourquoi Oran a toujours entretenu un rapport particulier, presque privilégié, avec son Président. A chacune de ses visites, certaines par temps couvert, voire pluvieux, les Oranais sont régulièrement au rendez-vous, là, dehors l’accueillant dans le plus pur des styles oranais mêlant exubérance et liesse qui fait toute l’originalité des Ouahranis. La ville qui a rendez-vous à la fin de cette année avec la réception annoncée de son tramway a lancé depuis longtemps un programme d’embellissement tous azimuts. Les dizaines d’espaces verts, les milliers de palmiers, les immeubles réhabilités, les façades chargées d’histoire restaurées témoignent de cette lente et inexorable mue d’une ville qui ne se contente plus d’être une simple métropole, mais d’aspirer à devenir une cité clé rivalisant avec ses jumelles portuaires des deux rives de la Méditerranée, aussi bien au niveau des infrastructures que de la douceur de vivre.
Haï Essabah, Haï El Yasmine hier, des terrains vagues à la périphérie d’Oran, aujourd’hui cœur palpitant d’une nouvelle centralité urbaine avec ses milliers de logements neufs, ses nouveaux quartiers équipés dont certaines structures sont conçues pour abriter et gérer des événements à dimension tout simplement planétaire. Le centre des Conventions, L’hôpital universitaire du 1er novembre, le boulevard du Millenium, le pôle universitaire, ses facultés et ses milliers d’étudiants, le Centre national des techniques spatiales, pour rappeler que l’Algérie ne se contente plus de rêver en regardant le ciel, mais a pris une sérieuse option dans la maîtrise des techniques de pointe.
Un rendez-vous toujours honoré
Partout des drapeaux, même les ronds- points et tout le long du trajet retenu pour le cortège présidentiel ont été rafraîchis, décorés embellis… Oran n’a jamais failli dans ce rendez-vous, et le Président le lui rend bien, lui qui lui a déclaré à une de ses visites : «Nous sommes ensemble sous la bannière du martyr Zabana et la protection du saint patron Sidi El-Houari.» Et a parcouru, dans une autre occasion, à pied, l’une des plus belles artères de la ville, acclamé par toute une population qui a patienté des heures durant pour, enfin, l’apercevoir et laisser éclater sa joie avec une telle force dont tous se souviennent.
Durant la colonisation, le centre-ville était interdit aux indigènes, aux musulmans, aux Algériens… Ils étaient confinés à la «périphérie». M’dina D’jdida était leur «Caire», et quand le prolétariat s’aventurait hors de ses murs, c’était pour rejoindre dans une ignorance et indifférence totales les lieux de travail où l’administration coloniale le tolérait… le port et ses dockers. Ce sont d’ailleurs les travailleurs et ce quartier symbole de la présence éternelle des Algériens qui seront visés par le premier attentat à la voiture piégée de l’histoire de l’Algérie. Le 28 février 1962, un commando de l’OAS, aidé, selon certaines sources historiques, par un harki, fait exploser une voiture un après-midi d’un mois de Ramadhan dans cette place bondée de monde : 80 morts, plusieurs disparus à ce jour et plus d’une centaine de blessés et de mutilés… 50 ans se sont écoulés. Toute la ville est restituée maintenant à ses propriétaires légitimes, ses citoyens.
Des citoyens qui sont là aujourd’hui, comme à chaque fois, massés le long des trottoirs pour voir et acclamer leur Président.
Mohamed Koursi