Le chef de l’Etat n’a fait aucune apparition publique durant toute la crise sécuritaire de Tiguentourine. Absent de la scène médiatique, Abdelaziz Bouteflika, qui a adressé hier ses encouragements à l’équipe nationale de football, a pourtant joué un rôle central puisqu’il est seul habilité à convoquer et à présider le Haut conseil de sécurité.
Où est donc Abdelaziz Bouteflika? Le président de la République a été le grand absent de la crise sécuritaire provoquée par la prise d’otages du complexe gazier de Tiguentourine. La gravité de la situation imposait au président une présence continue pour deux raisons principales : rassurer l’opinion publique algérienne et afficher clairement à la communauté internationale la ferme détermination de l’Etat à gérer seule cette crise. Abdelaziz Bouteflika n’a fait ni déclarations, ni discours. Il ne s’est même pas rendu au chevet des premiers otages blessés pour s’enquérir de leur état de santé.
Une «tradition» respectée jusque-là par le chef de l’Etat, notamment lors des attentats terroristes de 2007 ou encore à l’occasion de catastrophes naturelles. Nous sommes donc très loin de la stratégie de communication adoptée par les responsables politiques français, américains, britanniques et japonais. Dès le début de la prise d’otages, François Hollande, Laurent Fabius, Jean-Marc Ayrault, Barack Obama, Hillary Clinton, Leon Panetta, David Cameron, Philip Hammond et Shinzo Abe étaient au-devant de la scène médiatique. Dans leurs déclarations, la plupart d’entre eux ont affirmé être en relation avec «les autorités algériennes», «le Premier ministre algérien» ou encore «le ministre des Affaires étrangères ». Aucun n’a déclaré avoir des contacts directs avec le président de la République. Hier, une information a fait état d’un discours que prononcerait Abdelaziz Bouteflika au courant de la journée. Sortie médiatique attendue en vain. Depuis mercredi, la communication institutionnelle a été assurée par trois ministres : Daho Ould Kablia, qui semble avoir traité la question avec une certaine «légèreté» ; Mohamed Saïd Oussaïd, appelé à la rescousse pour rectifier les déclarations de son collègue de l’intérieur ; Youcef Yousfi, chargé de rendre visite aux blessés à la clinique El Azhar. Ceci pour les aspects liés à la communication institutionnelle. Mais au vu de l’extrême gravité de la crise de Tiguentourine, le rôle de Abdelaziz Bouteflika est bien plus important encore. Le chef de l’Etat est en effet seul habilité à mettre en œuvre le processus de règlement du fait des prérogatives que lui confère la Constitution. «Outre les pouvoirs que lui confèrent expressément d’autres dispositions de la Constitution, le président de la République jouit des pouvoirs et prérogatives suivants : il est le chef suprême de toutes les Forces armées de la République ; il est responsable de la Défense nationale ; il arrête et conduit la politique extérieure de la nation», stipulent les trois premiers alinéas de l’article 77 de la loi fondamentale. La gestion d’une crise multiforme comme celle de Tiguentourine ne peut être gérée qu’à travers la convocation du Haut conseil de sécurité.
Cet organe consultatif est chargé de traiter les questions liées à la sécurité nationale du pays. Selon notre confrère d’ El Watan, cet organe a été convoqué dès le premier jour de la prise d’otages perpétrée par le groupe terroriste de Mokhtar Belmokhtar. Le HCS étant présidé par le chef de l’Etat, les décisions relatives à l’intervention des unités de l’Armée populaire nationale ont donc été prises en toute souveraineté par Abdelaziz Bouteflika. Tout comme le refus de toute implication de forces militaires étrangères sur le sol algérien.
T. H.