Le chef de la diplomatie russe met en garde: “Ne touchez pas à l’Algérie!”

Le chef de la diplomatie russe met en garde: “Ne touchez pas à l’Algérie!”

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Les Russes savent que l’évolution de la situation politique en Algérie indiquera la direction de futurs partenariats en Afrique.

L’Algérie est sous les feux de l’actualité internationale. La crise politique qui y sévit depuis maintenant un mois, a fait réagir les puissants de ce monde. Si, jusque-là, l’Oncle Sam demeure avare en commentaires, concédant cette tache aux soins de ses think thanks, en revanche, Moscou, opte pour le franc jeu. En allié inconditionnel, la Russie a apporté son soutien à l’Algérie par la voie de son ministre des Affaires étrangères. S’exprimant, hier, sur cette crise avant même que son homologue, Ramtane Lamamra, ne foule le sol de la Russie où il était attendu, hier, Sergueï Lavrov a mis en garde contre toute tentative de déstabilisation visant l’Algérie.

«Il est particulièrement important que tous les autres pays respectent de façon sacrée les dispositions de l’ONU et s’abstiennent de toute ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie», a souligné M. Lavrov, lors de la conférence de presse conjointe avec le vice-Premier ministre Ramtane Lamamra. Une mise en garde directe aux pays occidentaux qui seraient tentés par une quelconque intervention dans les affaires internes de l’Algérie. Echaudée par le cas libyen et syrien, la Russie préfère anticiper sur les événements, même si le cas algérien est de très loin, incomparable à celui de ces deux pays (la Libye et la Syrie).

Le chef de la diplomatie russe s’est dit «très préoccupé» par les manifestations populaires qui secouent l’Algérie, depuis plusieurs semaines. Il met en garde contre «des tentatives en cours pour déstabiliser ce pays». Une révélation qui appelle à plusieurs interrogations: les services de renseignements russes détiennent-ils des informations confirmant un plan de déstabilisation de l’Algérie? Qui orchestre ce plan de déstabilisation? Des pays, des groupes de personnes ou des organisations? Lavrov n’accuse aucune partie, mais laisse réellement planer le doute. «Le peuple algérien doit décider lui-même de son avenir et de son destin sur la base de la Constitution et dans le respect des normes internationales du droit», a-t-il tranché. Dans le même temps, M. Lavrov a espéré que les autorités et le peuple algériens parviendraient à résoudre les problèmes auxquels faisait face leur pays en toute conformité avec la Constitution.

Pour les Russes, l’Algérie n’est pas seulement un gros client en armements, mais c’est aussi un pays pivot pour la stabilité de l’Afrique du Nord et de la région sahélienne. Si Lavrov a insisté sur le principe de non-ingérence, c’est qu’il sait que l’Algérie c’est aussi «l’étroite» porte de l’Europe vers le continent africain, ce qui fait d’elle un objet de convoitises et d’enjeux géostratégiques.

L’évolution de la situation politique en Algérie, indiquera la direction de futurs partenariats au niveau du continent noir où la compétition des puissances bat son plein. C’est dans ce contexte qu’il convient de situer les propos du chef de la diplomatie russe. Interpréter les déclarations de Lavrov dans le strict canevas d’un soutien à la feuille de route du pouvoir algérien et donc d’un désaveu de la rue algérienne serait réducteur.