Le développement de la situation aux niveaux national et partisan semble booster les deux parties belligérantes au sein de l’ex-parti unique. Et pour preuve, au moment où la direction du parti du FLN, dirigée par son secrétaire général, Amar Saâdani, décide de traduire des cadres du parti en commission de discipline pour leur position pro-Belayat, ce dernier réplique en se fondant d’un communiqué, transmis hier à notre rédaction, signé en qualité de coordinateur de l’organe exécutif de la direction collégiale du parti.
Dans le document, portant 22 noms, les membres de ce nouvel organe, indiquent s’être réunis, le 10 du mois en cours, sous la présidence de Belayat en sa qualité de coordinateur et décidés, au vu des nouvelles donnes que connaît la scène politique en Algérie et la situation que vit leur parti, de prendre des décisions fermes pour mettre fin «aux dérives» dans lesquelles se débat le FLN. «Après analyse du développement des situations, qui prévalent à l’échelle nationale et partisane, les cadres du FLN ne pouvaient que prendre des dispositions au diapason avec la conjoncture actuelle», indiquent les rédacteurs du communiqué.
Forts de la satisfaction enregistrée par l’élection présidentielle du 17 avril dernier, qui s’est soldée par le plébiscite du président du parti, Abdelaziz Bouteflika, au poste de président de la République pour un quatrième mandat, à laquelle ils ont «participé avec force mobilisation», les membres de l’organe exécutif sont venus remettre sur la table la non-légitimité de l’actuel secrétaire général du parti et rappeler le retrait de confiance qui lui a été signifié.
«Vu les dérives que connaît le parti, et qui sont dues à l’illégitimité de son secrétaire général installé de force, loin de toute éthique partisane, après le viol de la loi qu’a subi le parti lors de la rencontre du 29 août 2013 qui s’est tenue à l’hôtel Aurassi», et au vu des «agissements néfastes» d’un secrétaire général qui ne fait qu’«attiser le feu de la discorde à des fins qui ne servent que ses intérêts personnels», écrivent les membres de l’organe, «nous avons décidé de remettre de l’ordre dans notre parti et lui donner son lustre d’antan, en recourant aux méthodes légales». Pour atteindre leur objectif, les 22 signataires du communiqué indiquent avoir constitué une direction collégiale de 21 membres, dirigée par Abderrahmane Belayat en sa qualité de coordinateur.
La direction collégiale est chargée de l’organisation, dans les meilleurs délais, d’un congrès extraordinaire à l’issue duquel un secrétaire général du parti «légalement élu» sera installé.Cette décision a été prise, indique-t-on dans le communiqué, après une consultation élargie avec tous les membres du comité central du FLN. Il ne va pas sans dire que la direction collégiale que dirige Belayat a déjà tracé son agenda de travail au vu du déroulement des événements que connaît notre pays sur la scène politique, tant au niveau national qu’international.
Pourquoi cette nouvelle sortie de Belayat en cette période justement, lui que tout le monde avait cru affaibli par la convocation que lui a signifiée la commission de discipline du FLN ainsi qu’à d’autres cadres du parti ? Spécialiste des tractations et du jeu de coulisses, Belayat n’est sûrement pas resté les bras croisés à attendre que Saâdani, son frère ennemi, puisse réaliser les desseins d’un sort qu’il lui a tracé ?
N’empêche qu’avec cette sortie, Belayat semble être passé à la vitesse supérieure et mis la barre un peu haut. Cette action n’aurait pu être engagée sans l’aval et les assurances de certains nouveaux partenaires, représentants d’autres courants, à l’instar de Belkhadem, qui sont venus fortifier la position de Belayat et l’aider à aller au plus vite vers un congrès extraordinaire ou peut-être même pas quand la demande est formulée par la majorité des membres du comité central du parti. Un parti du FLN qu’attendent des échéances, à savoir des élections législatives anticipées, qui ne seront pas faciles à mener vu l’ampleur que prend le courant Benflis au sein de cette formation.
Ajouté à cela les bourdes cumulées par l’actuel secrétaire général du parti lors de la campagne pour la dernière présidentielle, ainsi que toutes les casseroles que ce dernier traîne et qui ne sont pas faites pour faire reluire le blason du parti, loin s’en faut. Si l’on s’en tient à cela tout semble s’accélérer pour voir débarquer Saâdani de la timonerie du bateau FLN pour fin de mission. Dans tous les cas, tout semble indiquer que Saâdani est en train de subir un véritable raid que lui lancent « ses frères ennemis ».
Les prochains jours nous éclaireront sur le sort de l’action de Belayat et de l’évolution des courants dans la maison FLN. Prémisses qui nous diront si cette nouvelle sortie de Belayat n’est qu’un tir de sommation comme tous les précédents ou si le glas a vraiment sonné pour Saâdani.
Mohamed Taher