Le célèbre chanteur Taleb Rabah n’est plus. L’homme qui a bercé tant de générations, dont de grands artistes tel que Lounis Aït-Menguellet, est décédé hier à son domicile à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou à l’âge de 85 ans.
La dépouille de Taleb Rabah a été acheminée du domicile mortuaire jusqu’à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri pour qu’un dernier hommage lui soit rendu par des centaines de celles et ceux qu’il a bercés durant plusieurs décennies. L’enterrement est prévu pour aujourd’hui dans son village natal, Tizit, commune d’Illiltene, daïra d’Iferhounène.
La nouvelle du décès de Taleb Rabah a circulé comme une traînée de poudre. C’est pourquoi, dès l’annonce de cette triste nouvelle, les espaces de la maison de la Culture Mouloud-Mammeri furent « envahis » par la foule parmi laquelle se trouvaient des personnalités artistiques et politiques. Parmi les personnalités artistiques, nous pouvons citer le musicologue Ahmed Semah, des chanteurs comme Merzouk Chikhi, Salah Maâmar, Taleb Tahar, Ali Meziane, Mohamed Chennoun.
Parmi les politiques, des personnalités comme le président de l’APC de Tizi Ouzou, Ouhab Aït-Menguellet, le président de l’APC d’Iferhounène Saïd Naït-Saïd et des élus de l’APW de Tizi Ouzou ainsi que des cadres de la wilaya. De nombreuses personnalités interrogées sur le décès de Taleb Rabah ont déclaré à l’unanimité que « c’est une grande perte pour le monde artistique ».
Ferhat Imouzihène Imoula, contacté par nos soins par téléphone, a déclaré que « le défunt a grandement marqué de son empreinte le paysage artistique de son époque ». Notre interlocuteur, considéré comme un monument artistique et intellectuel, a manifesté sa tristesse suite à la perte de Taleb Rabah.
Taleb Rabah est né en 1930 à Tizit, petit village se trouvant au pied de la montagne du Djurdjura. Attiré par l’art dès l’enfance. Cependant, l’art à lui seul ne faisait pas vivre sa personne à l’époque de la jeunesse de Taleb Rabah. C’est pourquoi, à peine âgé de 20 ans, il décide de prendre la destination de la France, à l’instar d’ailleurs de beaucoup d’hommes de sa génération.
Le jeune Rabah choisira la Moselle pour s’installer. Parallèlement à son travail, il chercha à pénétrer le monde artistique, maghrébin particulièrement. Le voilà donc sous la férule d’Amar Missoum. A partir de cette rencontre avec cette icône de la musique algérienne, ce fut l’ascension fulgurante pour Taleb Rabah.
Tout au long de sa carrière, qui s’étalera du début des années 1950 jusqu’à la décennie 1990, son répertoire sera composé de plus de 150 chansons. Toutefois, l’œuvre maîtresse de Taleb Rabah reste « Ayaghriv Yi djâne thamurt (ô toi l’exilé qui as laissé son pays) ».
Cette chanson a reçu un satisfecit même de la part de Lounis Aït-Menguellet. Le dernier enregistrement de Taleb Rabah remonte à 2010. Il a enregistré chez les éditions Izem une sorte d’adieu au monde d’ici-bas. En effet, l’œuvre en question est un long chant religieux.
Il y a seulement quelques jours de cela, Taleb Rabah a été admis à l’hôpital de Belloua, établissement qui dépend du CHU de Tizi Ouzou. Après l’hommage rendu au défunt, sa dépouille fut acheminée à Tizit où devait avoir lieu la veillée funèbre.