«En signant à Kayserispor, j’ai fait des concessions d’un autre ordre.» Par cette phrase, contenue dans l’interview que Karim Ziani nous avait accordée lorsqu’il s’était engagé avec le club turc, le joueur entendait implicitement qu’il a fait un sacrifice sur le plan sportif en rejoignant un championnat considéré comme étant de moindre envergure par rapport à ceux des grands pays de l’Europe occidentale.
S’il est vrai que le championnat de Turquie n’est pas du niveau de la Premier League anglaise, de la Liga espagnole, de la Serie A italienne et de la Bundesliga allemande, il est quand même plus relevé que les championnats belge, hollandais, écossais, portugais de part la qualité des joueurs qui s’y trouvent. On peut même dire que, de par le nombre de stars qui y évoluent, il est même beaucoup plus relevé que la Ligue 1 française.
Un championnat très attractif grâce à la passion et à… l’argent
A examiner de près les effectifs des clubs animant le championnat turc de première division, on remarque qu’il y a du beau monde : des internationaux des cinq continents, des stars et même des champions continentaux. C’est que, de par la passion du football qui anime le peuple turc et les sommes colossales investies par les propriétaires des clubs, surtout les plus nantis d’entre eux, ce championnat est devenu très attractif. Depuis deux ou trois ans, on voit souvent Galatasaray ou Fenerbahçe, les deux «géants» locaux, se mettre dans les rangs pour tenter d’acquérir des superstars du football international.
Guti, Quaresma, Almeida et Sabrosa, les perles de Besiktas
Pour ne prendre que le cas du Besiktas, le plus «modeste» des trois meilleurs clubs du pays, son effectif de cette saison renferme quelques noms ronflants. A l’Italien Matteo Ferrari, ancien de la grande équipe de Parme, l’Allemand Fabian Ernst, champion d’Allemagne avec le Werder Brême, et l’Espagnol Jose Maria Guti, l’une des anciennes gloires du Real Madrid, il faut ajouter un trio d’attaquants portugais qui ferait le bonheur de n’importe quel club européens : Ricardo Quaresma, passé, notamment par le FC Barcelone, Chelsea et l’Inter, Hugo Almeida, champion du Portugal avec Porto et vainqueur de la Coupe d’Allemagne avec le Werder Brême, et Simao Sabrosa, vainqueur de l’Europa League et de la Supercoupe d’Europe.
Niang et Güiza, deux buteurs de luxe à Fenerbahçe
Si on élève le niveau un peu plus, on trouve Fenerbahçe. Dans ce club, il y a des stars d’expérience. L’Uruguayen Diego Lugano a été l’un des piliers de la sélection uruguayenne demi-finaliste du dernier mondial ; le Nigérian Joseph Yobo, capitaine de la sélection de son pays, a été de longues saisons l’un des joueurs de base d’Everton ; le Brésilien Deivid avait effectué un passage remarqué à Bordeaux au début du nouveau siècle ; l’attaquant espagnol Daniel Güiza, qui avait été le meilleur buteur de la Liga durant la saison 2007-2008, est champion d’Europe en titre avec l’Espagne depuis 2008 et l’entraîneur espagnol Luis Aragonès l’avait ramené avec lui à Istanbul cette année-là lorsqu’il avait été désigné entraîneur de Fenerbahçe ; que dire alors de Mamadou Niang, l’un des grands artisans du titre de champion de France remporté l’été dernier par l’Olympique de Marseille après 17 ans d’abstinence ? Sa venue au club turc, alors qu’il avait la possibilité de jouer la Ligue des champions, constituait l’un des transferts les plus retentissants sur la scène européenne.
Galatasaray s’est offert Kewell, Baros et même… Cana et Misimovic !
La référence en matière de football en Turquie reste toutefois Galatasaray. Vainqueur de la Coupe de l’UEFA en 2000, c’est le seul qui peut rivaliser plus ou moins avec les grands de l’Europe. Il peut même rivaliser en termes de recrutement, comme on peut le constater dans le groupe de cette saison. L’Argentin Emiliano Insua, qui vient de Liverpool, le Brésilien Blumer Elano, qui a longtemps joué à Manchester City, et l’Australien Lucas Neill, qui a roulé sa bosse à Blackburn, West Ham et Everton, sont les plus «méconnus» des stars de l’équipe. Il n’en est pas de même de l’Australien Harry Kewell et du Tchèque Milan Baros, vainqueurs de la Ligue des champions avec Liverpool en 2006, du Congolais Shabani Nonda, redoutable buteur quand il était à Monaco et à Blackburn (son contrat à Galatasaray vient d’être résilié), et du Colombien Juan Pablo Pino, qui vient aussi du club monégasque, plus connus du public algérien. Il y a même à Galatasaray deux vieilles connaissances de Karim Ziani : l’Albanais Lorik Cana, qui était son capitaine d’équipe à l’Olympique de Marseille, et le Bosniaque Zvjezdan Misimovic, son coéquipier la saison passée à Wolfsburg.
Schuster entraîneur du Besiktas, Benitez annoncé à Galatasaray
Il n’y a pas que chez les trois grands clubs turcs qu’il y a des stars. Même les autres clubs se donnent les moyens de recruter des joueurs de valeur internationale, comme c’est le cas de Trabzonspor qui compte dans ses rangs le défenseur camerounais Rigobert Song, recruté de… Galatasaray. Il n’y a pas que les joueurs qui sont recrutés en Turquie. On n’hésite plus à engager également des entraîneurs de renom. Ainsi, le Besiktas est actuellement dirigé par l’Allemand Bernd Schuster, qui avait été champion d’Espagne à la tête du Real Madrid en 2008. Après le sacre européen de l’Espagne en 2008, Fenerbahçe n’a pas hésité à offrir un pont d’or à Luis Aragonès, même si l’expérience n’a pas été concluante. Ces jours-ci, on parle d’un autre Espagnol, Rafael Benitez, champion d’Europe avec Liverpool et champion du monde des clubs à la tête de l’Inter, pour remplacer le coach actuel de Galatasaray, Gheorghe Hagi, dont les résultats ne satisfont pas la direction du club.
Ziani n’a aucun complexe avec un club qui est mieux classé que Besiktas
A la lecture de tous ces noms, il est clair que le championnat de Turquie est loin d’être banal. Ziani ne doit donc se faire aucun complexe à évoluer dans un championnat qui regorge de stars ramenées à coups de millions de tous les continents. Il doit être d’autant plus optimiste qu’il sera, durant la phase retour de la saison, le meneur de jeu d’une équipe, Kayserispor, qui n’a qu’un seul petit point de retard sur Fenerbahçe (3e) et est mieux classée que Besiktas (5e) et, surtout, Galatasaray (9e). Le challenge est plus qu’intéressant.
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Antalya, c’est là aussi que s’entraînent l’Allemagne et les Pays-Bas
En plus d’être un site touristique, Antalya est aussi et surtout un grand centre de préparation pour les équipes de football. Il se trouve que des clubs de renom viennent s’y préparer durant l’été, entre autres ceux de la Bundesliga allemande (Borussia Dortmund, Bayer Leverkusen…). Même les sélections viennent y faire des stages compétitifs, notamment celles de l’Allemagne et des Pays-Bas. Le secret de cet attrait ? Un climat clément, des terrains d’entraînement en très bon état et de véritables palaces pour héberger les équipes.-
Boileau a tenu à rencontrer Ziani
Dimanche soir, un Français s’est présenté à l’hôtel où est hébergée la délégation de Kayserispor. Il s’agit de Stéphane Boileau, un joueur appartenant au FC Metz et qui est prêté à un club de l’Azerbaïdjan. Ayant appris que Karim Ziani, qu’il connaît de réputation, était là-bas, il a tenu à aller le rencontrer. La rencontre s’est faite dans le hall de l’hôtel. Après quelques minutes de vouvoiement, les deux hommes ont fini carrément par se tutoyer. Ils ont discuté durant une bonne demi-heure sur la Ligue 1, la France, l’expérience de Ziani à Wolfsburg, le tout dans la bonne humeur.