Le chaleureux Halilhodzic nous reçoit dans la froide Lille.

Depuis qu’il a été nommé à la tête des Verts, Vahid Halilhodzic ne laisse pas indifférent. Pas seulement parce qu’il est étranger, mais aussi et surtout parce qu’il a ce charisme de donneur de coups de pied dans la fourmilière que de nombreux observateurs réclamaient afin de redresser des joueurs qui, paraît-il, sont indisciplinés. Pour les Algériens qui veulent de la poigne, Halilhodzic, est le «bourourou»* qu’il faut». C’est pour découvrir de près l’homme qui se cache derrière la carapace du sélectionneur que nous nous sommes rendus à Lille où il habite depuis qu’il avait pris les rênes du LOSC il y a 13 ans. Il a entraîné Rennes et le Paris Saint-Germain par la suite, mais ni le charme de la Bretagne ni la magie de Paris ne lui ont fait quitter sa petite maison de la banlieue lilloise. Est-il donc si froid que ça au point de préférer le froid du Nord aux lumières parisiennes ? Loin de là. Nous avons découvert, au contraire, un homme affable, discret, chaleureux, cachant mal une sensibilité qu’il a à fleur de peau. C’est justement parce qu’il a été sensible qu’il a accepté de nous rencontrer car c’était non au départ. «Je mets tous les journalistes, algériens ou étrangers, sur un pied d’égalité. Si je vous reçois, il va falloir que je rencontre vos autres confrères et je ne veux pas faire de différences», nous a-t-il martelé. Ce n’est que 24 heures plus tard, en apprenant que nous étions à Lille depuis deux jours à l’attendre dans le froid et sous la pluie et que nous étions venus à deux pour lui, qu’il a consenti à nous accorder quelques minutes. «Juste quelques minutes et c’est une exception que je fais. La prochaine fois, et c’est valable pour tous les journalistes, il faut venir aux conférences de presse. Je ne m’expliquerai plus en dehors de ce cadre.» C’était sa condition et nous l’avons acceptée. C’est attablés à une terrasse de café que l’interview a eu lieu. Une interview qui a révélé l’humain autant que le sportif, où le passé poignant côtoie le présent cinglant et l’avenir clinquant. Venu pour quelques minutes après avoir acheté les journaux, portant des lunettes noires par discrétion, Halilhodzic n’a pas vu le temps passer, si bien qu’il n’est reparti qu’après une bonne demi-heure, mû par des obligations familiales. Parce qu’en nous quittant, Vahid s’est dirigé vers le boulanger acheter du pain pour sa petite famille. Et il est rentré chez lui à pied, en anonyme. Un anonyme que, du haut de son poste de sélectionneur, 40 millions d’Algériens contemplent…

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«Ziani n’est pas écarté, c’est juste qu’il n’est pas à 100 %»

Finalement, le sélectionneur Vahid Halilhodzic n’a pas attendu dimanche, comme il l’a déclaré à nos confrères de Radio Algérie Internationale, pour rendre publique la liste des joueurs convoqués pour le match face à la République centrafricaine. Il l’a fait hier et la liste des 23 joueurs qui participeront au stage qui débutera le 2 octobre comporte plusieurs absences marquantes, dont celle inattendue de Karim Ziani, capitaine d’équipe lors du dernier match face à la Tanzanie et qui avait toujours été convoqué en sélection ces quatre dernières années, sauf quand il était blessé ou suspendu. Or, Ziani n’est actuellement ni blessé ni suspendu, ayant même participé dimanche passé au premier match de la première journée du championnat du Qatar qui avait opposé Al Jaish à Al Khor (0-2). Profitant de notre rencontre hier avec Vahid Halilhodzic à Lille, nous l’avons interrogé sur cette absence qui, pour beaucoup d’Algériens, est assimilée à une mise à l’écart. «Non, ils n’a pas été mis à l’écart. Si Ziani n’est pas là, c’est parce qu’il avait souffert d’une blessure, une petite déchirure musculaire. Ce n’est pas grave, mais il faut faire attention parce qu’en Equipe nationale, il faut être à 100 %», nous a-t-il expliqué, non sans répéter à plusieurs reprises qu’il «n’est pas écarté».

«Si nous étions mieux physiquement de 10 %, nous aurions battu la Tanzanie»

Et Halilhodzic d’expliquer son insistance sur le volet physique : «Contre la Tanzanie, si nous étions mieux physiquement

de 10 %, nous aurions gagné le match. Or, les joueurs étaient tous physiquement à la ramasse. Aucun d’eux n’était à plus de 50 % de ses moyens pour diverses raisons La dernière fois, Karim était le capitaine et il a été très positif. Cette fois-ci, il ne sera pas là et cela n’a rien à voir avec son comportement. S’il sera bon, il reviendra sans aucun problème.» Autrement dit, Ziani doit être à 100 % de ses capacités physiques dans son club pour être convoqué de nouveau en sélection.

«Tedjar ne s’est pas beaucoup entraîné et Halliche ne joue pas»

C’est ce critère physique qui l’a amené à se passer d’autres joueurs, comme il tient à le souligner : «Je n’ai pas convoqué tous les joueurs qui relèvent de blessure et qui se sont peu entrainés, comme Tedjar, ainsi que ceux qui ne jouent pas dans leurs clubs comme Halliche lequel a pourtant beaucoup de qualités. D’autre part, j’ai appelé quatre nouveaux joueurs pour les voir à l’œuvre. Jusqu’à décembre, je prendrai de nouveaux joueurs à chaque stage afin de faire un petit tour d’horizon. A partir du mois de janvier, il y aura un groupe un peu plus restreint, plus compact, plus régulier en prévision des éliminatoires pour la CAN-2013 et le Mondial-2014. Je vais essayer de changer l’organisation tactique et le système de jeu.»

«Djabou a des qualités, mais il faut qu’il apprenne à récupérer le ballon»

Parmi les nouveaux joueurs qu’il verra à l’œuvre lors du prochain stage, le meneur de jeu de l’ES Sétif, Abdelmoumen Djabou, qu’il a eu l’occasion de superviser mardi passé en assistant au match retard MCA-ESS au stade Omar-Hamadi de Bologhine. «Djabou est un jeune joueur plein de talent, avec de grandes qualités techniques et d’accélération. Il peut jouer comme il le fait en Algérie, mais pas ailleurs. Il faut expliquer tout ça à ce garçon. Il faut qu’il coure plus. Quand on a le ballon, il faut donner le volume de jeu nécessaire, mais quand on n’a pas le ballon, il faut courir pour le récupérer. Pour lui, cela n’existe pas. Il y a donc pas mal de travail aussi bien individuel que collectif à faire afin de faire progresser certains joueurs.»

«J’avais promis à Fabre de le prendre s’il devient titulaire et je tiens parole»

Un autre nouveau – enfin, presque puisqu’il a été présent durant une journée durant le stage qui a eu lieu à Marcoussis en août dernier – : le gardien de but du RC Lens, Michaël Fabre. En le convoquant, le coach veut mettre en pratique le discours qu’il a tenu et les engagements qu’il a pris : «Fabre a gagné le droit d’être convoqué. Je lui avais dit à Marcoussis –et je l’ai dit aussi en conférence de presse- que je ne pouvais pas le prendre tant qu’il était remplaçant dans son club, Lens, mais que s’il gagnait sa place de titulaire, je le convoquerai. Il est devenu titulaire dans son équipe et j’ai tenu ma promesse.» Un message codé qui dit en filigrane : «Les sélections se méritent et il n’y a aucune place acquise d’avance.»

«Si on ne gagne pas contre la RCA, on va sombrer»

Un chose ressort des explications que nous a données Vahid Halilhodzic : il veut absolument gagner le match face à la République centrafricaine. «Les joueurs doivent être à 80 % ou 90 % au plan physique et certains à 100 % pour espérer gagner ce match contre la République centrafricaine qui est hyper-important pour moi car il risque de nous faire basculer. Selon ce que sera le résultat, ou bien on va remonter, ou bien on va sombrer encore plus dans la médiocrité. Il faut tout faire pour gagner ce match. C’est pour ça que j’ai appelé les gars qui sont en possession de tout leurs moyens», a-t-il martelé.

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Liste des joueurs convoqués

Raïs Mbolhi Ouhab (CSKA Sofia),

Mohamed Lamine Zemmamouche (USMA),

Michaël Fabre

(RC Lens),

Mehdi Mostefa

(AC Ajaccio),

Djamel Eddine Mesbah (Lecce),

Nadir Belhadj

(Al-Sadd),

Carl Medjani